Les observateurs politiques, qui sont intervenus dans l’émission « Au Cœur de la Campagne », sont d’accord pour dire que l’arrivée de Linion Reform comme troisième bloc aux élections sera un atout pour l’Alliance du Changement. Ivor Tan Yan de Linion Reform est convaincu du succès de ce bloc.
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L’impact de Linion Reform sur les élections générales a été abordé dans l’émission « Au Cœur de la Campagne » le mercredi 16 octobre sur Radio Plus et TéléPlus. Pour en parler, la journaliste Jane Lutchmaya a reçu sur son plateau Ivor Tan Yan, de Linion Reform et le Dr Shafick Osman, politologue. L’observateur politique, Jocelyn Chan Low, et l’analyste politique, Kris Valaydon, sont intervenus par téléphone et visioconférence respectivement. Les interventions de l’éditorialiste, Subash Gobine et de l’observateur politique Jean Claude de l’Estrac dans l’émission « Soirée de Campagne » le lundi 14 octobre 2024 ont été rediffusées pendant l’émission.
Selon Ivor Tan Yan, « le public est fatigué avec le système 36 16 9 1 ». « C’est pourquoi nous n’allons pas l’adopter. Il ne reflète pas la réalité démographique. À aucun moment, nous n’avons eu des discussions sur les tickets. Il est temps pour un changement de système. La plupart des candidats sont des novices en politique, mais ce sont des personnes qui sont déjà engagées pour soutenir un programme, pas un leader », commente-t-il.
Subash Gobine avait souligné que les deux coleaders de Linion Reform étaient membres du MSM sous le leadership de Sir Aneerood Jugnauth, et que leurs problèmes au sein du parti orange ont débuté sous le leadership de Pravind Jugnauth. Il ajoute que l’émergence de ce troisième bloc est en faveur du MSM.
Jean Claude de l’Estrac constate que les dirigeants de Linion Reform pourront avoir un impact dans leurs circonscriptions urbaines. « Mais je n’en vois pas qui seront élus. Je les vois obtenir des centaines, voire des milliers de voix dans certains cas. Je pense que les voix qu’ils obtiendront sortiront de l’Alliance du Changement, mais pas de l’Alliance Lepep. Le point fort de Linion Reform, c’est ‘ni Pravind ni Navin’. L’Alliance du Changement n’incarne pas le changement. Mais c’est un peu ambitieux de dire que si ce n’est ni Pravind, ni Navin, ce sera Roshi. Avoir conclu une alliance est en contradiction avec ce que disait Roshi Bhadain il y a quelques semaines », analyse Jean Claude de l’Estrac.
Ivor Tan Yan qualifie cette analyse de mépris envers Linion Reform. « Il ne connaît pas notre parti. Je trouve ça déplorable qu’il puisse exprimer de telles opinions. On met Bodha en premier au poste de Premier ministre car il a les capacités et l’expérience pour gérer le pays tout de suite. Un élément fort de sa carrière est sa loyauté envers son parti. Roshi Bhadain n’a gardé qu’une seule ligne depuis son départ du MSM, ce qui est de s’opposer au MSM. Contrairement au leader du PMSD, il n’a jamais vacillé », lance-t-il.
Dr Shafick Osman corrige en affirmant que Roshi Bhadain aurait souhaité un poste d’Attorney General dans un gouvernement MSM. Le politologue ajoute que les dirigeants Linion Reform ont des assises dans les zones urbaines. « Mais Roshi Bhadain a perdu de la crédibilité avec ce qui s’est passé avec Bruneau Laurette et Darren (l’activiste). Le choix de Nando Bodha a été fait car il est hindou et Vaish. Linion Reform dira que c’est faux, mais c’est comme ça », clame-t-il.
Ivor Tan Yan précise que les discussions entre Linion Moris et le Reform Party ont débuté dès janvier dernier. Il a souhaité ajouter que le choix des premiers ministres de Linion Reform n’a pas été fait selon leur appartenance ethnique.
Dr Shafick Osman a rappelé que depuis 1967, les Premiers ministres ont un profil Vaish à l’exception de Paul Bérenger. « Quand Nando Bodha est tombé dans le piège de Paul Bérenger, j’étais triste pour lui », souligne-t-il.
Ivor Tan Yan estime que sur le million de votants, 70 000 ne votent pas pour des grands partis, et 330 000 sont indécis. « Le nombre d’indécis aurait augmenté. Les indécis peuvent changer totalement l’image du pays. Ils peuvent amener une nouvelle réalité. De plus en plus de gens disent qu’on ne peut plus continuer comme ça », soutient-il.
Dr Shafick Osman confirme la diminution du nombre de votants « die hard ». « Il y a deux explications : l’effritement du MMM […] et la nouvelle génération de votants qui n’ont pas connu les grands tournants tels que 1967 et 1968, le 60-0 de 1982 et la République en 1992. Nous sommes dans une élection de transition. Les partis traditionnels devront faire face à cette mutation. Les nouveaux partis ont un terrain fertile parmi les indécis. Je suis d’accord avec Jean Claude de l’Estrac quand il dit que les nouveaux partis ont une préoccupation plutôt urbaine, s’ils font le shift en allant dans les circonscriptions rurales, ils pourront devenir de grands partis », souligne-t-il.
Ivor Tan Yan affirme que Linion Reform se présente « enfin » comme une alternative. « Il faut arrêter de nous regarder de haut », dit-il.
Kris Valaydon : «Le système politique a une contradiction de fond, il est bipolarisé»
Dans quelle mesure Linion Reform, qui veut représenter une troisième force, et les 60 % de votants non convaincus par les partis traditionnels peuvent changer la donne ?
Beaucoup de gens disent en avoir assez avec la classe politique. Cette tendance perdure depuis plusieurs années. Cet impact est un autre débat. La plupart des réactions sur la formation de Linion Reform sont une focalisation sur la division des votes de l’opposition ce qui serait favorable à l’Alliance Lepep. C’est un peu vrai, mais ce n’est pas sur quoi il faut se concentrer. Il y a une contradiction dans le système politique actuel. Il y a une contradiction dans le système politique actuel. Il est bipolarisé avec deux blocs qui s’affrontent. L’arrivée d’une troisième, voire d’une quatrième force, apporte un choix plus élargi, ce qu’il faut accepter. La démocratie a tout à gagner quand toute la population est représentée au Parlement. Quand il y a deux blocs, il suffit que l’un d’entre eux ait plus de 50 % d’élus pour gouverner. Mais quand il y en a trois, comme en 2019, il suffit de 37 % pour qu’un gouvernement soit élu. Ce n’est pas la démocratie représentative. C’est contraire à son esprit. C’est le problème avec le système « first past the post ». En 2014, on a eu une situation encore plus grave où un gouvernement avec moins de 50 % des voix a eu plus de trois quart des sièges.
Cela nous ramène au besoin de réformes électorales.
Tout à fait. On ne peut pas empêcher 73 partis de prendre part aux élections. Mais ce système est antidémocratique. On aura 1 000 candidats et 73 partis ou alliances. Bien sûr qu’il y aura un gouvernement minoritaire élu.
Est-ce que dans cette réalité, il est réaliste que des membres du troisième bloc soient élus ?
L’Alliance Lepep a déjà une base de 35 % qui va rester fidèle. Il reste 65 %, dont 10 % qui vont voter pour des candidats indépendants. 55 % seront divisés entre les deux blocs de l’opposition. Plus ces votes seront divisés, moins il y aura de chances pour ces blocs de dépasser les 35 %. Or, ils disent qu’ils veulent servir d’alternatives. Mais s’ils se battent entre eux, cela les affaiblit. Le paradoxe est que cela profite au gouvernement qu’ils veulent tirer du pouvoir. Nous avons entendu Roshi Bhadain expliquer que les autres blocs mettent pression sur ses candidats. Il y a une situation bien conflictuelle.
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