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Production des énergies renouvelables : une transition énergétique laborieuse 

Le bras de fer opposant Terragen au Central Electricity Board depuis vendredi est-il le résultat d’une mauvaise planification énergétique de l’État ? Éléments de réponse.

«Produire 60 % de l’énergie à partir des sources renouvelables d’ici 2030 ». Cette annonce du ministre des Finances, Renganaden Padayachy en 2021 lors de la présentation de son Budget, avait revu à la hausse les ambitions de Maurice en matière d’énergies renouvelables. Les objectifs initiaux étaient d’atteindre 35 % de production énergétique à partir des énergies renouvelable en 2025. 

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La transition énergétique vers les sources renouvelables a depuis tout temps suscité divers commentaires. Il y a, dans un premier temps, eu une forte école de pensée du côté des décideurs politiques sur le fait qu’un État responsable ne pouvait se permettre de dépendre majoritairement des énergies renouvelables en raison des incertitudes qui planent autour. En contrepartie, les énergies fossiles, comme le charbon et l’huile lourde, ont depuis toujours été considérées comme étant plus fiables en raison de leur disponibilité à travers le monde. Sauf qu’en 2022, les temps ont changé. Outre les implications écologiques néfastes des énergies fossiles, il y a aujourd’hui beaucoup d’incertitudes autour de la disponibilité de ces sources d’énergies notamment en raison de la guerre en Ukraine qui a provoqué une certaine instabilité sur le marché mondial. 

Selon Michel Chiffonne, membre de Rezistans ek Alternativ (ReA), tous les gouvernements qui se sont succédé sur ces 20 dernières années, portent une énorme responsabilité sur la situation énergétique incertaine qui règne à Maurice. « La vérité est que les différents gouvernements ont décidé d’offrir 60 % de notre production électrique à l’oligarchie sucrière. Nous sommes aujourd’hui dans une situation où la production d’électricité est majoritairement privatisée à Maurice », fait-il part. Et pourtant, divers appels ont été lancés depuis plus d’une dizaine d’années pour conscientiser les autorités sur l’importance des énergies vertes. 

Démocratisation

Pour Michel Chiffonne, toute une feuille de route avait déjà été préparée pour les énergies renouvelables par la National Energy Commission (NEC), présidée par le Secrétaire financier, Dev Manraj. « Le rapport avait proposé une démocratisation de la production énergétique. Il avait été proposé d’engager les petits planteurs dans la production énergétique et j’avais attiré l’attention à ce sujet. Un ministre m’avait fait comprendre qu’il n’allait jamais faire cela aussi longtemps qu’il allait être à ce poste », explique-t-il. 

Le membre de ReA reproche aussi au gouvernement de ne pas avoir fait une bonne utilisation des profits record qui avaient été générés par le CEB en 2016 et 2017. « Avec la baisse du prix de l’huile lourde, le CEB avait réalisé des profits cumulés de Rs 9 milliards et n’avait pas pour autant appliqué une baisse du prix de l’électricité. Ces profits auraient très bien pu être utilisés pour investir davantage dans des projets d’énergies renouvelables », explique-t-il. Avis partagé également par le député du Parti travailliste (PTr), Patrick Assirvaden, ancien président du Conseil d’administration du CEB. « On note que le CEB a investi Rs 1,2 milliard de ses fonds dans la création de compagnies subsidiaires comme CEB Fibernet, CEB Facilities et CEB Green Energy. Ces compagnies se sont aujourd’hui révélées être une faillite totale », fait-il ressortir. D’ajouter que pour un service aussi essentiel que l’électricité, l’État doit avoir un contrôle majoritaire. « Mais on constate que 58 % de notre production énergétique sont entre les mains du privé », fait-il part. 

Selon le dernier rapport annuel du CEB, l’organisme a, à ce jour, investi dans la production d’une ferme solaire à Henrietta et a procédé à l’élaboration des Small Scale Distributed Generation (SSDG) & Medium-Scale-Distributed Generation Projects qui incitent les particuliers, propriétaires de commerces et institutions religieuses à produire de l’électricité. 

Le Pr Khalil Elahee, de la Faculté d’ingénierie de l’Université de Maurice (UoM) et qui s’intéresse de près au secteur énergétique, explique, pour sa part, que les coûts des installations pour la production énergétique verte ont connu une baisse considérable lors de ces dernières années. « Il est vrai qu’au départ, les prix étaient exorbitants et il fallait faire entrer le privé pour investir dans les énergies renouvelables, mais tel n’est plus le cas », explique-t-il. 

Khalil Elahee soutient d’ailleurs que l’accès aux installations des énergies renouvelables est aujourd’hui devenu plus abordable que pour le charbon et l’huile lourde. Il est temps, selon lui, pour que l’État et le CEB passent à la vitesse supérieure dans la démocratisation de la production des énergies vertes. « Il y a eu des plans qui ont été mis en place pour inciter les particuliers à produire de l’énergie solaire pour ensuite la revendre au CEB, mais force est de constater que ces plans n’ont pas connu le succès voulu. Le CEB doit à tout prix venir de l’avant avec des prix de vente beaucoup plus attrayants afin d’inciter plus de gens à se lancer », dit-il. 
 

 

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