Ne pas perdre de vue ses objectifs, faire preuve de détermination et croire en ses rêves. Des principes qui ont guidé Premila Achar, 62 ans, dans chacun de ses choix tout au long de sa carrière et de sa vie. Malgré un parcours scolaire difficile, elle est aujourd’hui Associate Professor du département Molecular and Cellular Biology à la Kennesaw State University, aux États-Unis.
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Son parcours est exemplaire. Il a pourtant été semé d’embûches. Forcée de grandir avant l’heure, lorsqu’elle perd sa mère à l’âge de 6 ans, Premila Achar a su venir à bout des obstacles. Aujourd’hui, celle qui est issue d’une famille modeste de sept enfants est Associate Professor du département Molecular and Cellular Biology à la Kennesaw State University, en Géorgie.
La mort de sa mère des suites d’un accouchement sera un élément déterminant dans son parcours. « Je ne comprenais pas que ma maman puisse mourir après un accouchement. J’avais des questions plein la tête et dès cet âge, je me suis dit qu’il fallait que je devienne médecin pour éviter que d’autres femmes finissent comme elle », raconte Premila Achar. Mais l’enfant qu’elle était alors est aussi très affectée par cette disparition subite. Ses études en pâtissent et elle échoue deux fois aux examens du Certificate of Primary Education (désormais Primary School Achievement Certificate).
Son père est un homme sévère. Il la réprimande. « J’ai repris mes études en main pour faire plaisir à mon papa car, pour lui, les études étaient la priorité. C’est une fois adultes que nous avons compris à quel point il avait raison et comme cela devait être difficile pour lui d’élever autant d’enfants », dit-elle.
Je n’ai pas besoin d’être admirée ou reconnue pour ce que j’ai fait, car c’était naturel pour moi. Je le dis toujours à mes élèves : soyez heureux avec ce que vous avez et continuez d’aider les autres autant que vous pouvez»
Ne perdant jamais de vue son objectif, Premila Achar décide de poursuivre ses études en Inde, même si elle avait la possibilité de se rendre en Angleterre ou en France : « J’étais consciente que mes frères et sœurs suivaient derrière. » Elle veut faire médecine. Sauf qu’elle est placée sur liste d’attente pendant deux ans.
« Je savais que, si je retournais à Maurice, je ne reviendrais pas. Je me suis donc inscrite à un autre cours après avoir fait mon baccalauréat en sciences. » Premila Achar se lance alors dans un cours en Botany, Zoology, Chemistry, and Physics. Elle finit seconde de sa promo et décroche une bourse, d’abord pour sa maîtrise en botanie, puis pour son doctorat en Applied Botany and Biotechnology, en 1986.
Elle s’est entre-temps mariée avec Vasu Achar (voir plus loin) et le couple s’installe en Afrique du Sud. En 1990, elle est embauchée comme chargée de cours dans le département de botanie de l’University of Transkei. « Nous avons décidé de bouger à Toronto, puis en Amérique, dans l’État de Géorgie. » Premila Achar évoluera très vite, passant de chargée de cours à Senior lecturer puis, en 2004, à Associate Professor.
Elle a publié, à ce jour, plus de 200 articles de conférence et plus de 100 articles dans des revues internationales. « Mes recherches actuelles portent sur la caractérisation moléculaire de l’aflatoxine produite par les espèces d’aspergillus, infections causées par des champignons et sur la manipulation des gènes pour développer des arachides transgéniques », précise-t-elle.
Son équipe de recherche explore également le contrôle biologique de l’aspergillus en utilisant des composés antimicrobiens à base de plantes. L’objectif est de minimiser le développement de l’aflatoxine dans la chaîne alimentaire.
Elle donne un rein à son époux
C’est durant ses années d’études que Premila Achar fait la rencontre de celui qui deviendra son époux, Vasu Achar. « À cette époque, j’avais peur d’en parler à mon père, car tous les mariages étaient des mariages arrangés. »
C’est sa grande sœur Mala qui lui en parlera. « À mon grand étonnement, il a accepté de venir en Inde pour notre mariage. » De cette union naîtront deux fils, l’un aujourd’hui neurologue et l’autre producteur de film.
Il y a deux ans, Vasu Achar est informé qu’il doit commencer la dialyse, car l’état de ses reins se détériore. « Comme nous avons de nombreux médecins dans la famille, nous avons pris conseil auprès d’eux. Une des solutions était la transplantation », dit Premila Achar.
Elle décide sans hésitation de faire le test de compatibilité. Il s’avère qu’elle l’est. Tout comme les deux fils du couple. « Je leur ai expliqué que ma vie n’aurait pas de sens sans Vasu et que c’était mon devoir de lui donner un rein. C’était un cadeau de dieu. »
La transplantation s’est faite en Inde en 2019. Aujourd’hui, son époux est en parfaite santé grâce à ce geste. « Je n’ai pas besoin d’être admirée ou reconnue pour ce que j’ai fait, car c’était naturel pour moi. Je le dis toujours à mes élèves : soyez heureux avec ce que vous avez et continuez d’aider les autres autant que vous pouvez. »
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