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Le Professeur Khalil Elahee, président du Board de MARENA, qui s’exprime en sa qualité de spécialiste de l’énergie, explique que le CEB et l’ l’Energy Efficiency Management Office (EEMO) ont démontré une baisse d’au moins 5 MW aux heures de pointe les jeudis grâce à des interventions en direct sur le 19h30 de la MBC. « C’est une initiative qui pourra se faire chaque soir, par exemple en affichant la consommation au bas de l’écran durant tout le journal. Il est clair que la sécurité énergétique passe d’abord par la maîtrise de la demande », soutient-il.
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Il ajoute qu’il y a environ 30 000 climatiseurs installés chaque année depuis peu. « Si, à l’heure de pointe, par exemple à 20h00, il y a un climatiseur sur cinq dans le pays qui est allumé parce qu’il fait trop chaud, la demande peut baisser d’au moins 7 MW si nous la réglons à 25 °C au lieu de 20 °C. Je pense qu’il faut demeurer vigilant pour le reste de l’été, mais il faut aussi veiller sur les pics de la journée. Des mesures simples comme éviter tout gaspillage demeurent cruciales », plaide-t-il.
Selon l’expert, il faut aussi se pencher bientôt sur le cas des réfrigérateurs qui consomment 20 % plus d’énergie en été qu’en hiver. Khalil Elahee pense que le Cabinet a approuvé l’introduction des Minimum Performance Standards pour les climatiseurs, mais il faudra faire de même pour les réfrigérateurs.
« Avec le dérèglement climatique, il faut s’attendre à une hausse de 1,5 à 2 °C d’ici 2050, deux fois plus que depuis les années 60. Aussi, avec chaque 10 % d’humidité ambiante qui augmente car il n’y a pas de bonne ventilation naturelle, il faut compter une hausse de 20 % de consommation additionnelle. En somme, à long terme, il faut définitivement miser aussi sur le «solar cooling», que ce soit pour la climatisation ou la réfrigération. », fait-il ressortir.
L’expert en énergie poursuit qu’il faut aussi mieux cerner les prévisions de la demande. Il cite qu’en 2018, le CEB prévoyait 265 MW pour 2025. Ensuite, il l’a revue à 544 MW, et nous avons maintenant déjà enregistré 567,9 MW. « Il n’y a pas de sécurité énergétique si nous ne sommes pas plus rigoureux dans ces évaluations. Il faudra engager une approche intégrée dans ce processus », avance notre interlocuteur. Il précise que le Time of Use Tariff est une priorité. Khalil Elahee pense qu’il faudra, avec une sensibilisation intense, que les consommateurs paient les prix réels de l’électricité. « Ils ne gaspillent pas autant. Et s’ils produisent pour le CEB avec les panneaux photovoltaïques, il faudra les payer équitablement, particulièrement si cela nous évite de dépendre du fioul lourd ou du kérosène comme c’est le cas actuellement. Pour une meilleure sécurité énergétique, il faudra aussi engager le secteur privé tant dans la maîtrise de la demande que dans la production des énergies vertes », affirme-t-il. Finalement, l’expert en énergie indique que nous devons bien réfléchir pour élaborer des solutions pratiques mais holistiques. « Par exemple, le dessalement fait l’actualité en ce moment, mais comment le faire si nous avons une demande en électricité qui est déjà très élevée ? Des solutions existent, comme avec les énergies renouvelables décentralisées. Il faut donc avoir un plan d’action intégré et non des réponses «piecemeal» à la crise actuelle que ce soit pour l’eau ou l’électricité », indique l’expert.
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