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Le chancelier allemand : «L’État-providence n’est plus soutenable»

Friedrich Merz a appelé les partis à s’engager à prendre des décisions difficiles et à former une voie de coalition commune « anti-migration et favorable aux entreprises ». Crédit photo : Clemens Bilan/Shutterstock

Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré samedi que l’État-providence du pays n’était plus financièrement viable. Il a plaidé pour une remise à plat du système de prestations sociales, alors que les dépenses ont dépassé l’an dernier le record de 47 milliards d’euros. C’est ce que rapporte un article en ligne publié par The Telegraph le 24 août 2025.

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Lors d’une conférence régionale de son parti, M. Merz a affirmé : « L’État-providence tel que nous le connaissons aujourd’hui ne peut plus être financé avec nos capacités économiques actuelles. »

Ancienne locomotive exportatrice de l’Europe, l’Allemagne connaît depuis 2017 un ralentissement marqué : son PIB n’a progressé que de 1,6 % sur cette période, contre 9,5 % pour le reste de la zone euro. L’économie allemande s’est contractée de 0,2 % en 2024, après un recul de 0,3 % en 2023 – une première depuis le début des années 2000 pour deux années consécutives de baisse. La production industrielle, déjà en déclin sous la coalition « feu tricolore » d’Olaf Scholz, continue de chuter sous le nouveau gouvernement, avec un PIB en recul de 0,3 % au deuxième trimestre 2025.

Dans le même temps, les dépenses sociales explosent, portées par le vieillissement de la population et la hausse du chômage. Si la majorité des bénéficiaires sont Allemands, une part importante concerne des citoyens étrangers.

L’avertissement du chancelier nourrit les inquiétudes sur la situation financière de la Grande-Bretagne. Toutefois, les difficultés allemandes restent moindres : la dette publique de l’Allemagne représente 62,5 % de son PIB, l’un des taux les plus bas de la zone euro, contre 96,3 % pour la Grande-Bretagne.

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Outre-Manche, les dépenses sociales représentent 10,8 % du PIB, soit 326 milliards de livres cette année, un montant qui devrait atteindre 373 milliards dans cinq ans. Les pensions constituent la part la plus importante : elles devraient passer de 159 milliards de livres en 2025 à 182 milliards en 2030. 
Au Royaume-Uni, elles équivalent à 5,1 % du PIB, contre 12 % en Allemagne selon Eurostat. Les aides aux familles et aux enfants ajoutent encore 3,4 %. À l’inverse, la Grande-Bretagne dépense beaucoup plus pour les allocations liées au handicap : 36 milliards de livres en 2023-2024, avec une projection à 56 milliards en 2029-2030 (+56 % en six ans).

L’Allemagne dispose toutefois d’un « frein à l’endettement » limitant la capacité d’emprunt du gouvernement pour financer ses programmes.

Les positions de M. Merz risquent de tendre les relations avec ses partenaires sociaux-démocrates (SPD), défenseurs traditionnels de l’État-providence, dont il dépend pour sa majorité au Bundestag. Mais le chancelier, ancien avocat d’affaires peu expérimenté en gouvernance, a assuré qu’il ne reculerait pas devant l’impopularité de réformes jugées nécessaires.

Il a reconnu ne pas être satisfait des résultats obtenus par son gouvernement jusqu’ici, appelant le SPD et la CDU à « montrer ensemble que des réformes sont possibles » et à former une coalition commune « anti-migration et favorable aux entreprises ».

La réduction drastique de l’immigration est l’un des rares points de convergence entre les deux partis, qui souhaitent renforcer les capacités de rétention des migrants en attente d’expulsion et élargir la liste des pays dits « sûrs » où les renvois pourraient s’effectuer.

Ce durcissement intervient après une étude de l’Institut allemand de l’économie qui établit un lien entre la hausse de l’immigration après 2015 et la baisse des performances scolaires. Cette position plus ferme s’aligne aussi avec la montée en popularité de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), classée à l’extrême droite, désormais au coude-à-coude dans les sondages avec la CDU de M. Merz.

Un sondage de l’institut INSA indique que 59 % des électeurs se disent insatisfaits des 100 premiers jours de mandat du chancelier, un taux encore plus bas que celui d’Olaf Scholz, évincé en février après le pire score du SPD de l’histoire contemporaine.

En réaction, Lars Klingbeil, chef du SPD et vice-chancelier, a appelé à une hausse de la fiscalité sur les hauts revenus et à un sommet consacré à la réponse des industriels face aux droits de douane américains, ajoutant que « toutes les options sont sur la table » pour combler le déficit de 30 milliards d’euros dans le budget allemand.

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Source : The Telegraph

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