Ils étaient tous présents à l’hôtel Gold Crest, lundi matin, tous réunis à l’initiative de DIS-MOI qui a fait de cette ‘multistakeholders meeting’ une priorité dans le contexte de la réunion qui se tiendra à New York du 15 au 18 avril, intitulée 10th Open Ended Working Group on Ageing (OEWGA).
Ainsi, le Senior Citizen Council était représenté par son président Prem Seebaruth. Saluons la venue des représentants des ministères des Affaires étrangères, de la Sécurité sociale (représentée par des fonctionnaires et le ministre Étienne Sinatambou en personne); du ministère de la Justice et des Droits humains. Parmi les ONG, citons la Federation Internationale des Associations des Personnes Âgées, la Mauritius Family Planning Association, le Halley Movement, la Global Rainbow Foundation, la GSEA, l’Eau-Coulée Police Station, la Troupe Favory, la Rainbow Senior Citizens Association, entre autres. Intervention remarquée également de Bernard Sik Yuen, ancien chef juge et Chairperson au niveau de l’Union Africaine du Working Group on the Rights of Older Persons and Persons with Disabilities.
Cette réunion avait aussi pour objectif de réitérer la demande de DIS-MOI pour que l’État mauricien participe aux travaux de cette 10e Session de l’OEWGA, prenne la parole et plaide en faveur de l’adoption d’une Convention des droits des personnes âgées par l’ONU. Les avancées de la République de Maurice en faveur des personnes âgées et handicapées sont notables et font du pays un exemple au niveau africain et ailleurs.
« Lors d’une réunion tenue à Nairobi sur le sujet et où participaient 25 pays (dont le Royaume-Uni et l’Inde), lorsque j’ai évoqué toutes les facilités et tous les avantages dont jouissent les seniors mauriciens, on m’a répondu : ‘Maurice est sans conteste un paradis’ » devait souligner Prem Seebaruth. « Mais où trouve-t-il les ressources pour cela ? »
C’est une question de volonté, devait rappeler Bernard Sik Yuen, ancien chef juge et Commissaire auprès de l’Union Africaine. Celui qui est l’une des chevilles ouvrières de la rédaction et l’adoption par l’UA des protocoles sur les droits des personnes âgées et celles des personnes handicapées, a insisté à saluer « la participation des personnes présentes à cette noble cause : défendre/ promouvoir les droits des seniors. Tous, nous atteindrons un jour les 60 ans et + . Les problématiques liées au vieillissement de la population nous concerneront un jour, le plus tôt sera le mieux pour trouver les solutions les plus valables. » Évoquant les protocoles de l’UA, il rappelle que c’est le fruit de plus de 10 ans d’efforts (2007/2008) au niveau « de l’Afrique qui donne l’exemple au monde en les adoptant. Il est grand temps aussi que Maurice fasse de même et en soit l’un des leaders en les signant et ratifiant, comme l’ont fait 11 États africains. »
Le ministre Étienne Sinatambou cite Mandela : « Une société qui ne prend pas soins des aînés sape ses racines et menace son développement. » Résumant toutes les facilités offertes par l’État aux seniors, il a fustigé tous ceux qui se rendent coupables de violence et maltraitance (y compris psychologiques, financiers et économiques) envers les aînés. «L’État doit investir dans des institutions (Elderly Watch, Welfare Elderly Patrol Unit dédiées à la protection) pour veiller sur eux alors qu’il y a tellement à faire ailleurs. Les jeunes doivent s’impliquer dans le combat que vous menez tous. Ils seront les aînés de demain : ne doivent-ils pas le réaliser ? Que seraient-ils sans leurs parents ? Beaucoup parlent de privilèges aux seniors : ce n’est pas une faveur que leur fait l’État, c’est un devoir ! Nos aînés se sont sacrifiés pour le progrès du pays : les pensions, le transport, les aides sociales, les centres récréatifs ne sont qu’une manière de leur dire : merci. Je souhaite enfin qu’on ne parle plus de personnes du 3e âge, mais de 2e jeunesse, c’est plus respectueux.»
Selon Vijay Naraidoo : la dynamique des droits des seniors lancée
Le président de la Commission des Droits des Personnes âgées de DIS-MOI, Vijay Naraidoo, vient d’être nommé au Comité directeur du SGA (Stakeholder Group on Ageing Africa) en tant que responsable du dossier Island States. Le fer de lance de DIS-MOI sur les droits des seniors explique les enjeux au niveau régional et mondial.
DIS-MOI passe à la vitesse supérieure avec cette ‘multi-stakeholders meeting’. Pourquoi est-ce important de rallier toutes les forces vives du pays ?
Notre travail a été constant au niveau des médias, réunions avec les associations de personnes âgées, des syndicats et auprès des instances de l’État. Cela pour militer en faveur d’une convention des droits des personnes âgées et, en parallèle, à la signature et la ratification par la République de Maurice du Protocole de l’Union Africaine (UA) sur les Droits des Personnes âgées. D’où la nécessité d’avoir tous les avis avant les travaux à l’ONU de la 10e Session de l’Open Ended Working Group on Ageing (OEWGA) du 15 au 18 avril prochain.
L’État mauricien a depuis quelque temps compris les enjeux de cette problématique. Votre avis…
La position de nombreux pays en faveur d’une convention se précise à travers leur représentation permanente à l’ONU et l’expression de diverses organisations internationales : HelpAge et Alliance mondiale pour les Droits des personnes âgées et autres ONG en Afrique, en Asie. Chez nous, DIS-MOI et d’autres ONG ont inclus cette question de convention dans leur agenda. L’État a pris position en faveur de cette convention qui garantira les droits des seniors à la 9e Session de l’OEWGA en juillet 2018. Sachez aussi que Maurice et les membres de l’UA ont approuvé (janvier 2016) le Protocole à la Charte africaine des Droits de l’homme et des Peuples, relatif aux Droits des personnes âgées.
DIS-MOI est accréditée auprès de l’ONU. Vous-même faites partie du Steering Committee de l’Afrique sur cette problématique, avec le portefeuille des Îles États. À quand une coalition des îles de l’océan Indien ?
Oui. Depuis peu, je suis le représentant des Petits États insulaires du Stakeholder Group on Ageing Africa qui regroupe des ONG, des instances de la société civile, des instances nationales en Afrique qui oeuvrent sur la problématique du vieillissement. Dans notre région, depuis 2018, une cinquantaine d’activistes des Comores, de Maurice et de Madagascar ont suivi un programme de formation en ligne sur les droits humains dans ce but. Nous ouvrons le cours à nos amis seychellois.
Tout reste à réinventer pour les seniors, y compris au niveau de l’art, de la culture. L’adoption de cette convention est-elle proche ?
Les débats à l’ONU autour de cette future convention durent depuis 2010. Une forte tendance en faveur de cette convention se fait sentir. Les débats sont nécessaires : sur divers aspects de la vie des seniors, de leur autonomie et indépendance, de leur éducation, travail, formation, des prestations sociales, des soins palliatifs. Pourquoi pas un ministère dédié aux seniors pour veiller à leur bien-être; des loisirs attrayants et enrichissants pour l’esprit : peinture, théâtre et danse, musique et chant, architecture.
Durant le séminaire de deux heures qui a suivi, les participants ont évoqué plusieurs sujets touchant les seniors
- âgisme : forme de discrimination envers les seniors quand ils réclament droits et attention : dans les transports, à l’hôpital/centres de santé ; dans les administrations publiques et privées ; les assurances refusées, le droit au logement,
- les seniors ont droit à l’éducation, formation, apprentissage de talent. Les Citizens associations ne devraient pas se contenter de sorties/plaisirs/fêtes. L’espérance de vie des Mauriciens s’élevant (+70-80), il faut leur trouver des activités qui valorisent leur corps et esprit.
- certaines dispositions favorables de la loi ne sont pas appliquées : pourquoi ? Par ignorance ? Par négligence ou mépris ? Il faudrait une étude.
- absence de données statistiques sur les violences/maltraitances envers les aînés. Protection de la vie privée (sexuelle ?) des seniors qui font l’objet de tabou. L’attitude de la famille, de la société, envers des seniors trop indépendants
- l’absence de soins pour des maladies neurodégénératives qui affectent plus les aînés.
- la nécessité de sensibiliser les écoliers dès leur plus jeune âge : il n’y a pas d’opposition, mais complémentarité entre seniors et les jeunes générations.
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