Economie

Plat typiquement mauricien - Poisson salé: la consommation baisse d’année en année

Boudé par la jeune génération ou ne faisant pas le poids devant la variété de choix alimentaires disponibles aujourd’hui, le poisson salé voit sa vente chuter de 5 à 10 % chaque année. Ce qui suscite l’inquiétude des producteurs locaux.

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En rougaille ou tout simplement frit, accompagné d’un bon bouillon brède ou d’une fricassée de dholl, le poisson salé, connu pour être un plat typiquement mauricien, n’a plus le même attrait aujourd’hui. C’est le constat de Sameer Joomun, Financial Controller chez Ocean Products Ltd, compagnie qui commercialise depuis 1983 le poisson salé de la marque Atlantic.

« La vente est en baisse depuis ces deux ou trois dernières années », fait ressortir Sameer Joomun. Les chiffres sont révélateurs. Actuellement, Ocean Products Ltd écoule sur le marché entre 24 et 26 tonnes de poisson salé par mois, contre 33 à 35 tonnes, il y a deux ou trois ans. « En comparaison à l’an dernier, la demande a chuté de 15 à 20 % », observe le Financial Controller chez Ocean Products Ltd. Chez Seskel Enterprises Ltd, qui commercialise le poisson salé de la marque Seskel depuis 1984, on fait le même constat. « La demande est toujours là, mais le marché est en déclin. Depuis 2010, la consommation baisse de 5 à 10 % chaque année », avance Oliver Ng, un des directeurs de Seskel Enterprise Ltd.

Ces expatriés friands du poisson salé

Seskel Enterprises Ltd exporte du poisson salé en Angleterre, en France et en Australie. Qui sont ces clients ? « Les Mauriciens établis dans ces pays, mais aussi des Africains qui aiment eux aussi consommer du poisson salé », indique Oliver Ng. Quant à Ocean Products Ltd, elle exporte essentiellement du poisson salé vers l’Australie.

Qu’est-ce qui explique ce déclin ? « D’une part, les Mauriciens ont accès à un vaste choix de produits alimentaires. Ce qui n’était pas le cas dans les années 80 et 90. D’autre part, le commerce est assez morose ces dernières années, affectant ainsi la vente de plusieurs produits et donc pas uniquement le marché du poisson salé », explique Oliver Ng. Autre raison avancée : la jeune génération n’est pas très friande du poisson salé, souligne Sameer Joomun. La concurrence est également pointée du doigt. Si auparavant, il n’y avait que deux opérateurs — Ocean Products Ltd et Seskel Enterprises Ltd —, on compte aujourd’hui un troisième acteur sur le marché, à savoir English Bay Co. Ltd qui propose la marque ‘P’tit Salé’ (Ndlr : la compagnie n’a pas souhaité commenter).

Précuit

Pour rester compétitive, Ocean Products Ltd a diversifié ses produits. « Nous nous sommes lancés dans le précuit, le Mauricien d’aujourd’hui n’ayant pas beaucoup de temps à se consacrer à la cuisine. Le précuit lui facilite la vie car il n’a qu’à l’ajouter dans une rougaille et c’est prêt rapidement », explique Sameer Joomun. C’est également un moyen d’inciter la nouvelle génération à consommer du poisson salé.

« On ne se berce pas d’illusions. Le marché continuera à décliner, d’où la mouvance vers la diversification », fait ressortir le Financial Controller chez Ocean Products Ltd. Chez Seskel Enterprises Ltd, qui ne propose que du poisson salé cru, on préfère miser davantage sur l’exportation. « Il y aura toujours une demande pour le poisson salé, mais ce ne sera pas de la même envergure que les années précédentes. C’est la raison pour laquelle nous projetons d’augmenter nos exportations (Ndlr : la compagnie exporte actuellement entre 5 et 10 % de sa production) », indique Oliver Ng. Si la baisse de la consommation affecte les producteurs, elle est toutefois bénéfique pour les consommateurs dans la mesure où les prix sont restés stables ces dernières années. « Notre dernière augmentation de l’ordre de 5 à 6 % remonte à plus de deux ans. Bien que l’appréciation du dollar ait plombé notre profitabilité, nous avons maintenu nos prix pour ne pas affecter davantage le marché. Nous préférons absorber les coûts », explique Sameer Joomun. Une stratégie plus ou moins similaire est adoptée par Seskel Enterprises Ltd.

Importé de Nouvelle-Zélande et transformé à Maurice

Barratuda, snoek ou encore Thyrsites atun. Ce sont les divers noms que porte le poisson qu’Ocean Products Ltd et Seskel Enterprises Ltd importent de la Nouvelle-Zélande pour en faire du ‘poisson salé’. Le poisson est importé en entier. Les deux compagnies se chargent alors de sa transformation. La tête et la queue sont enlevées. Ensuite, le poisson est nettoyé, tranché, salé avant d’être empaqueté et commercialisé en grandes surfaces, les boutiques du coin, les foires et autres bazars.

Malgré une baisse de la demande auprès des particuliers, dans le milieu de la restauration et de l’hôtellerie, on note un engouement pour le poisson salé. D’ailleurs, dans certains restaurants, spécialisés dans la cuisine créole ou mauricienne, le poisson salé occupe une place de choix sur la carte. [row custom_class=""][/row]

Les prix pratiqués

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