Nou artis : un medley de talents et de cultures

Les Mauriciens regorgent de talent ! Et ils le démontrent haut et fort à travers notre diversité musicale. Peu importe leur communauté d’origine et la langue dans laquelle ils s’expriment, nos artistes locaux suscitent toujours l’admiration et l’enthousiasme. Rencontre avec certains de nos artistes qui ont laissé une empreinte indélébile dans nos cœurs.

Bhojpuri Boys : 31 ans de musique et d’héritage culturel

Il y a 31 ans, le groupe Bhojpuri Boys voyait le jour. Malgré le départ de nombreux membres, Kishore Taucoory, chanteur, auteur et compositeur des Bhojpuri Boys, demeure fidèle au groupe et à sa musique. Avec plus d’une douzaine d’albums à son actif, le groupe a connu des sommets et a contribué à populariser le genre bhojpuri à Maurice. Des titres tels que « Hey Langaro », « Baigun Bagee », « Naiya Sirey», « Baje Baje », « Damade Baboo », « Nisa Nisa », « Pot Puri », « Hey dadi », « La France » ou encore « Lougarou » ont marqué l’ère de l’engouement pour la musique bhojpuri mauricienne.

Kishore Taucoory confie que la musique a toujours occupé une place primordiale dans sa vie. « La musique a toujours été au cœur de mon identité. Mon grand-père et mon père étaient eux-mêmes chanteurs. C’était donc naturel pour moi de suivre cette voie », confie-t-il.

À l’âge de 14 ans, Kishore Taucoory commence à se produire en chantant lors de cérémonies traditionnelles telles que les gamats ou les veillées de mariage. À 20 ans, il fonde le Swaranjali Musical Group pour animer les mariages. Pour perfectionner son art, il suit des cours de chant avant de rejoindre le groupe Bhojpuri Boy’s en 1993.

Aujourd’hui, comme cela a toujours été le cas depuis sa création, le groupe Bhojpuri Boys continue de promouvoir la langue bhojpuri. 

« Cela a toujours été notre objectif et aujourd’hui plus que jamais, car nous devons transmettre le flambeau. Avec les nouveaux membres du groupe, nous sommes confiants que la relève est assurée », affirme Kishore Taucoory.

Claudio Veeraragoo : La légende du séga n’a pas dit son dernier mot

Claudio Veeraragoo, figure emblématique du séga, a marqué de son empreinte le paysage musical mauricien. À 77 ans, l’interprète du célèbre titre « Bhai Aboo » envisage un retour sur le devant de la scène l’année prochaine après une longue pause.

« Si tout se passe comme prévu, je prévois de sortir une nouvelle chanson l’année prochaine », confie-t-il. En attendant, il profite de son temps avec ses cinq enfants et six petits-enfants.

Cette pause lui a permis de se consacrer à sa famille et de « mettre de l’ordre dans ses affaires », notamment en ce qui concerne sa discographie. À ce jour, il compte plus d’une trentaine de 45 tours, une vingtaine de cassettes audios et aussi des CD, totalisant une centaine de chansons sorties tout au long de sa carrière.

Toutefois, c’est «Bhai Aboo», sorti dans les années 80, qui a été la plus populaire et est toujours écoutée lors des mariages. « Je suis né à Rose-Hill, non loin de la gare. Je me souviens que quand j’étais petit, il y avait un ‘lotel dite’ tout près qui s’appelait Bhai Aboo. C’est ça qui m’a inspiré à donner ce titre à cette chanson », dit-il.

Sa carrière florissante dans le domaine de la musique a commencé en 1965 en tant qu’accordéoniste, puis chanteur de variété. En 1967, il entame sa carrière professionnelle en tant que ségatier, auteur, compositeur, arrangeur musical et interprète. Son premier disque vinyle 45 tours est sorti en 1968 chez la maison Damoo à Port-Louis. Il a reçu le Prix Union for Radio and Television Networks for Africa (URTNA) comme meilleur ambassadeur de musique en 1963, et a été décoré de l’Ordre de la République de Maurice (MSK) en 2002.

Vanida Thoplan : Une ode à la musique tamoule et bollywood

Vanida Thoplan ne fait pas les choses à moitié. Dans le cadre de la fête Maha Shivratri, elle a lancé une nouvelle version de « Rudrashtakam » composée et arrangée par Anil Nallan Chakravarthy dans le « raag Kaamavardhini » avec un rythme expérimental qui plonge dans un voyage de la méditation à la transe. Les voix dans les octaves inférieures apportent la sensation et les vibrations de la fréquence spirituelle avec des sons pour renforcer et faire résonner la puissance de Shiva. 

« Satyan Seetaram et l’équipe de Capture Production ont apporté les visuels pour dévoiler le majestueux ‘Rudrashtakam’ ainsi que la performance vibrante de Kaal Bhairav », explique Vanida Thoplan.

Vanida Thoplan s’est rapidement imposée dans le paysage musical grâce à sa maîtrise de plusieurs langues et son interprétation de titres bollywoodiens. Cet artiste n’en est pas à son premier single. Le premier, « IyarKai-The Nature », dévoilé en 2022, s’est distingué en se positionnant à la 4e place dans la catégorie locale du concours « Disque de l’année 2022 » de Radio Plus. Tout en exerçant son métier de Marketing officer chez un concessionnaire automobile, Vanida Thoplan excelle dans l’art vocal, alliant des langues comme le tamoul, le télougou, le marathi, l’hindustani, l’anglais, le français et le créole. Outre ses performances solos, elle captive le public mauricien aux côtés de son groupe, Shivaranjinee Musical Group, lors de divers événements et cérémonies. 

Le parcours musical de Vanida Thoplan ne date pas d’hier. Dès l’âge de 3 ans, elle a révélé son talent naissant. « Mes parents m’ont toujours raconté que j’ai entonné ma première chanson à l’âge de trois ans. Il s’agissait d’un chant de prière. Mon grand-père, Rengy Toplan, célèbre pour son titre ‘Kas macadam dans la cour Madam’, a été le pionnier de la musique dans notre famille. Il nous a naturellement inspirés à lui emboîter le pas », partage-t-elle.

Et dans la famille Thoplan de Vacoas, le talent ne fait pas défaut. Que ce soient les parents de Vanida ou sa sœur, tous chantent. « La musique est ancrée dans notre ADN. Nous sommes tous chanteurs et montons régulièrement sur scène. Mes week-ends ont toujours été rythmés par des mélodies et des ambiances mémorables à la maison. »

Dès l’âge de 5 ans, Vanida Thoplan a fait ses premiers pas sur la scène musicale lors d’une compétition de chant organisée dans le cadre de la fête Govinden. Son parcours musical s’est ensuite enrichi lorsqu’à 11 ans, elle s’est présentée à un autre concours, prélude à de nombreuses autres compétitions.

Bien que ses parents lui aient transmis les bases essentielles du chant, Vanida Thoplan a choisi de perfectionner ses compétences en suivant des cours au Indira Gandhi Centre for Indian Culture (IGCIC). Son talent n’est pas passé inaperçu, car après avoir remporté un concours organisé par Aya Rajen pour une association, elle s’est vu offrir une bourse pour une formation de trois ans en musique vocale en Inde.

Mais la voix n’est pas son unique talent : Vanida est également diplômée en harmonium et tabla.

Bilal Lallmahomed : Le maître du Ghazal

Bilal Lallmahomed, fort de 44 années d’expérience, est un maître incontesté dans l’art du ghazal et du qawwali. Avec sa troupe de six membres, il enflamme les cœurs mauriciens depuis ses 18 ans, partageant ainsi sa passion pour le ghazal avec son public.

Pour Bilal Lallmahomed, la musique transcende les générations et les frontières. Inspiré par un héritage familial riche, il considère la musique comme une partie intégrante de son être, un don transmis de ses ancêtres à ses descendants. « Le ghazal et le qawwali ont toujours été présents dans ma vie. C’est une tradition que je chéris et que je suis fier de perpétuer », confie-t-il.

Après ses études, le chemin de Bilal Lallmahomed l’a naturellement conduit vers une carrière de chanteur de ghazal.

Guidé par sa passion et son dévouement pour la musique dévotionnelle, il a consacré de nombreuses années à perfectionner son art à travers des études de musique classique. Son talent a captivé des auditoires du monde entier.  

« J’ai eu l’opportunité de me rendre à la Réunion plus d’une vingtaine de fois, et notre musique a également été présentée avec succès à Madagascar, en Malaisie, au Pakistan, en Inde et en Angleterre. À Maurice, notre groupe est régulièrement sollicité pour animer divers événements », partage Bilal Lallmahomed avec enthousiasme.

Pour Bilal Lallmahomed, le ghazal et le qawwali sont bien plus que de simples formes musicales ; ils représentent une expérience spirituelle profonde. Au-delà des mélodies envoûtantes, ces chants traditionnels nourrissent l’âme et élèvent l’esprit, offrant ainsi une connexion spirituelle unique à ceux qui les écoutent.

Xiao Li : Une artiste à la croisée des cultures 

Xiao Li, d’origine chinoise, réside à Maurice depuis plus de 30 ans à la suite de son mariage avec Philip Li, et elle est aujourd’hui naturalisée mauricienne. Elle compte parmi les rares chanteuses chinoises de l’île, apportant ainsi une touche de diversité musicale à la scène locale.

« On sollicite souvent mes services lors de divers événements, que ce soit au sein de la communauté sino-mauricienne ou autres », souligne Xiao Li.

Passionnée de musique depuis son plus jeune âge, Xiao Li partage : « En Chine, on commence à chanter dès l’école primaire. C’est ainsi que j’ai découvert mon talent. Dans ma famille, mes sœurs chantent également par plaisir, mais pour moi, c’est devenu une véritable passion, une source d’expression et de connexion avec les autres. »

Xiao Li excelle dans l’interprétation de chansons en mandarin, ravivant particulièrement les mélodies des artistes chinois classiques. « Je m’attache surtout à revisiter les vieux classiques pour raviver l’époque d’antan et transmettre cet héritage musical aux nouvelles générations », ajoute-t-elle.

C’est à Maurice que Xiao Li a réellement mis son talent de chanteuse en avant, notamment lorsqu’elle a spontanément pris le micro lors d’une fête pour chanter du karaoké. Sa performance remarquée lui a valu plusieurs sollicitations pour des prestations artistiques dans divers événements. Elle a également participé à des concours de chants et remporté des prix.