Le Chief Officer du MV Wakashioa été entendu par la Cour d’investigationle lundi 8 février 2021. Il a soulevé plusieurs failles dans les manœuvres et l’administration à bord du vraquier. Son audition se poursuivra ce mardi devant cette instance présidée par l’ancien Puisne Judge AbdurrafeekHamuth, qui est assisté de Jean Mario Geneviève, Marine Engineer et Marine Surveyor, et de Johnny Lam Kai Leung, Marine Surveyor.
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Selon le Chief Officer Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna, le 25 juillet 2020, soit le jour de l’échouement du MV Wakashio, il y a eu un dysfonctionnement des instruments de navigation. C’est lui qui tenait la barre entre 16 heures et 20 heures ce jour-là. Il affirme que de son poste depuis le pont, il avait une vue à 180 degrés sur la mer.
À 17 h 50, le capitaine est revenu de la fête d’anniversaire qui se tenait à bord. Le Second raconte l’avoir informé qu’il prendrait sa pause après 20 heures. Il précise que le capitaine a vérifié les appareils, tandis que lui gardait les yeux sur la mer et sur certains de ses appareils.
À 18 h 07, alors que le navire était à 14 miles nautiques des côtes mauriciennes, le Second dit avoir vu les reliefs de Maurice et les lumières qui s’allumaient à mesure que la nuit tombait. L’Electronic Chart Display and Information System (ECDIS) indiquait alors une profondeur de 200 à 1 000 mètres, alors que le radar affichait une distance de 14 miles nautiques de Maurice.
Le capitaine a demandé de maintenir une distance de 1,5 miles des côtes. « Il avait pour habitude de passer à cette distance des côtes pour capter le réseau. C’est lui qui a modifié les coordonnées. Je ne pouvais pas le contredire. Il était comme un dieu à bord », avance le Second.
Il affirme que vers 18 h 30, les appareils affichaient des données contradictoires. En ce qui concerne la distance, par exemple, l’ECDIS affichait deux miles de plus que le radar. Le Second explique que s’il n’a rien dit au capitaine c’est parce que ce dernier lui ordonné de maintenir le cap puisque toutes les données étaient bonnes.
Interrogé par Johnny Lam Kai Leung, le Second indique que le capitaine a utilisé une Small Scale Chart au lieu d’un Large Scale Chart. Cette carte numérique n’est pas appropriée pour manœuvrer dans les eaux côtières, car les détails de la zone n’y sont pas inscrits. Les récifs n’y figurent pas. Les contours côtiers ne correspondent pas. Tout cela a faussé les données sur la profondeur et la distance.
Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna soutient qu’il n’a rien dit parce qu’il ne voulait pas contredire son capitaine. À l’heure de l’échouement, le radar indiquait 1 mile alors que l’ECDIS indiquait 3 miles.
La déviation du capitaine
« Lorsque nous avons quitté Singapour, le capitaine savait déjà que ses cartes SIM ne captaient pas le réseau à Maurice. Il m’a demandé si le mien le captait. J’ai répondu oui. Il m’a simplement dit ok », soutient Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna.
C’est deux à trois jours avant d’arriver dans les eaux mauriciennes qu’il a appris que le capitaine avait fait dévier le navire de sa trajectoire initiale. En approchant Maurice, le Second dit avoir noté sur la carte numérique que ce dernier avait fait dévier le vraquier pour passer à 1,5 miles en parallèle à la ligne autorisée. Or, si le capitaine avait respecté le plan de départ, le MV Wakashio serait passé à 2,5 miles de la ligne.
Le Second avance que vers 16 heures, le capitaine lui a ordonné de changer de cap à deux reprises afin de réorienter le navire de 2,41 degrés. Quand le vraquier serait passé à 58 degrés de longitude Est, il aurait alors fallu réorienter le MV Wakashio à 2,40 degrés. Cette manœuvre se serait faite à 17 miles de Maurice.
Pourtant, lorsque le capitaine a réorienté le navire de 2,41 degrés, le Second a tenté de corriger la trajectoire, mais ce dernier lui aurait dit de maintenir le cap. Le Chief Officer dit que le capitaine a donné l’ordre de tourner de 2,30 degrés par la suite, et ce alors que le navire était à moins de 17 miles de Maurice et qu’il filait à 11 nœuds.
Le Second raconte que trois minutes avant l’incident, l’alarme de l’Ecosounder a retenti. Cet appareil est réglé pour s’activer au cas où la profondeur en dessous du navire atteint les six mètres. Le MV Wakashio a fini sa course sur les récifs.
Hitihamillage Subodha Janendra Tilakaratna affirme que le capitaine a ordonné de renverser la vapeur en faisant reculer le navire, en vain. Il aurait alors donné l’ordre de libérer les ballasts d’eau pour alléger le vraquier. Le Second s’est exécuté. Avec un navire plus léger, il aurait été facile pour les houles de le pousser en parallèle avec les récifs.
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