Le ministère de l’Environnement prévoit d’attribuer bientôt un contrat d’un peu plus de Rs 3 milliards pour agrandir le centre d’enfouissement de Mare-Chicose, confronté à des problèmes croissants de saturation. Cependant, une question demeure : ce projet sera-t-il suffisant pour relever les défis de la gestion des déchets, sans ignorer les autres difficultés dans ce secteur ?
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L’octroi du contrat pour les travaux d’agrandissement vertical du site d’enfouissement de Mare-Chicose, ainsi que pour l’exploitation et la gestion post-fermeture des cellules, s’était heurté à des obstacles. Ce projet, lancé en décembre 2020, avait dû être annulé sur les recommandations du Central Procurement Board qui avait jugé que le dossier de l’appel d’offres manquait de précisions. La procédure avait été annulée et un nouvel exercice lancé.
Trois années plus tard, le ministère de l’Environnement se prépare enfin à attribuer ce contrat crucial. Deux entreprises sont en lice pour décrocher le précieux sésame. Sotravic Limitée a fait une offre de Rs 3 398 481 539,00, tandis que Serveng Ltd a proposé Rs 3 431 875 856,05. Mais une question demeure : l’agrandissement de Mare-Chicose sera-t-il à la hauteur des défis croissants de la gestion des déchets à Maurice ?
Cette problématique est devenue de plus en plus préoccupante. Selon les prévisions, la génération de déchets solides devrait atteindre environ 650 000 tonnes d’ici 2030. Il est clair que la méthode utilisée en ce moment pour éliminer les déchets, à travers les sites d’enfouissement, n’est pas viable à long terme. L’agrandissement du site de Mare-Chicose offre-t-il une solution adéquate ?
Pratiques modernes
D’un point de vue positif, plusieurs experts s’accordent à dire que l’expansion du site pourrait permettre de faire face à la croissance prévue des déchets solides dans le court terme. Cependant, cela ne résout pas nécessairement les problèmes fondamentaux liés à la gestion des déchets. Comme souligné récemment dans un document publié par le bureau de l’Audit qui a examiné de près la situation des déchets, il est impérieux que le projet intègre des pratiques modernes de gestion, telles que le recyclage, la réduction à la source et la promotion de l’économie circulaire.
Le bureau de l’Audit avait mis en lumière les défis auxquels est confronté le secteur. Il s’était appuyé sur certaines propositions faites depuis 2021, qui avaient notamment préconisé la construction d’usines de compostage et d’unités de tri. Des installations censées révolutionner la gestion des déchets au pays.
Un appel d’offres avait été lancé en ce sens, mais il a finalement dû être annulé en août 2023. Selon des techniciens et des sources proches du dossier au ministère, cette annulation démontre l’urgence de résoudre les obstacles administratifs qui entravent la concrétisation de ces infrastructures cruciales. « Il devient impératif d’engager un dialogue constructif entre les parties prenantes, incluant les autorités publiques, le secteur privé et la société civile, afin de rétablir une vision commune pour la gestion des déchets », affirme une source au ministère.
Le bureau de l’Audit avait également identifié plusieurs problèmes complexes et préoccupants lié au traitement des pneus usés. Les inspections qu’il avait menées en 2021 ont révélé que 216 000 kilos de pneus usagés avaient été évacués avec un retard de huit mois. Parallèlement, environ 715 000 kilos de déchets de construction et de démolition sont demeurés stockés dans les Civic Amenity Centres pendant une période dépassant huit mois.
Ce qui est préoccupant, c’est que ces déchets ont été éliminés par un recycleur non enregistré entre août et octobre 2021. Cela constitue une infraction au Règlement sur l’enregistrement des recycleurs et des exportateurs des collectivités locales de 2013. En outre, le rapport du « site visit » effectué le 14 juin 2021 a révélé que le recycleur de déchets de bois n’a pas respecté les dispositions du protocole d’accord, et ce malgré de multiples interactions avec la Solid Waste Management Division.
Cette série de non-conformités a entraîné des retards significatifs dans l’évacuation des matériaux recyclables, contribuant ainsi à l’accumulation des déchets à certains moments. Outre le risque de détérioration accélérée des déchets, cette situation a eu un impact sur la capacité d’espace disponible.
Composteurs domestiques
Le bureau de l’Audit avait aussi attiré l’attention sur la distribution de 25 000 composteurs domestiques entre 2012 et 2014. Démarche qui était censée détourner d’importants volumes de déchets organiques du site d’enfouissement, mais qui ne s’est pas passé comme prévu.
De plus, malgré une dépense de Rs 8,7 millions pour l’acquisition de 5 000 composteurs domestiques en 2021-22, seulement 957 ont été distribués en août 2023, soulignant une inefficacité dans la mise en œuvre des programmes de compostage.
Le développement de la législation sur la gestion des déchets a également été marqué par un retard injustifié. En août 2023, un cadre juridique dédié n’avait toujours pas été promulgué et les réglementations appropriées n’étaient pas finalisées.
Cette accumulation de retards et de déficiences nécessite une réévaluation urgente des stratégies et une révision des approches. Le but : garantir une gestion des déchets plus efficace et en adéquation avec les objectifs environnementaux et stratégiques du pays.
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