Bon nombre d’infirmiers du service public travaillent aussi dans le secteur hôtelier, dans des institutions du privé ou chez des particuliers. Cette pratique n’est pas autorisée mais les autorités semblent fermer les yeux, selon différentes sources.
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Un certain nombre d’infirmiers du service public travaillent également dans les hôtels. Bien que cette pratique ne soit pas autorisée, la machinerie mise en place pour qu’ils puissent y exercer semble être bien huilée. C’est ce que nous avons appris de différentes sources. Outre les hôtels, certains travaillent aussi dans des maisons de retraite et offrent un service d’aide-soignant ou de garde-malade à domicile notamment pour des personnes âgées ou ceux qui sont en mobilité réduite. Une manière pour eux d’arrondir leur fin de mois mais c’est aussi une situation gagnant-gagnant pour toutes les parties concernées.
En effet, les établissements hôteliers, cliniques et maisons de retraite doivent avoir un nombre défini d’infirmiers, détenteurs d’une licence, à leur service pour opérer selon les recommandations du Nursing Council. Ce en fonction du nombre de personnes qu’ils peuvent accueillir. Mais selon le président de la Nursing Association Ram Nowzadick, il y a un manque de 500 infirmiers dans le secteur privé. D’où le fait qu’ils doivent piocher dans le secteur public afin d’être en règle. « La plupart de ces institutions n’ont que des Health Care Attendants », affirme-t-il.
Ce double emploi ne date pas d’hier selon nos interlocuteurs qui ont tenu à garder l’anonymat pour des raisons évidentes. Certains sont indignés de cette situation même s’ils ne sont pas disposés à dénoncer leurs collègues. « Aussi longtemps que cela ne gêne pas le service à l’hôpital, cela ne me pose pas de problème même si je désapprouve cette pratique », dit une infirmière. Ram Nowzadick soutient que la Nursing Association a déjà fait des requêtes au ministère de la Santé afin que les infirmiers puissent s’engager dans la double pratique comme le font déjà les médecins spécialistes. Cela pour pallier au manque d’infirmiers et pour le bien-être et la sécurité des patients. Mais la demande n’a pas été avalisée à ce jour sous prétexte qu’un officier du service public doit être disponible 24h/24.
Selon un des interlocuteurs, travailler dans le privé alors qu’on est employé dans le service public peut s’avérer « dangereux » pour les infirmiers concernés et les patients dans les conditions actuelles. « Il est vrai qu’ils travaillent en dehors de leur temps de service à l’hôpital mais ils ne profitent pas du temps de repos qui leur est accordé en continuant à travailler ailleurs », explique un infirmier qui compte de longues années de service. Ce faisant, ils peuvent être fatigués quand ils reprennent le travail à l’hôpital et manquer de concentration, ajoute-t-il.
Système bien rodé
Un infirmier membre d’un syndicat estime lui que les infirmiers ont l’habitude de travailler à des heures indues et qu’à l’hôpital, ils font déjà des heures supplémentaires communément appelé « bank ». Nonobstant le fait que cette pratique ne soit pas autorisée, il soutient qu’ils le font en dehors de leur temps de service à l’hôpital. « Cela n’a aucune incidence sur leur travail », affirme-t-il.
Un infirmier et une infirmière bien au courant de cette pratique, au sein de l’établissement hospitalier où ils exercent, expliquent que le groupe qui le fait a mis en place un système bien rodé afin de ne pas perturber leur travail à l’hôpital. Ainsi en fonction de leur rotation, ils vont travailler à tour de rôle que ce soit dans un hôtel, une maison de retraite ou au domicile d’un particulier. « Ils font des arrangements entre eux », explique l’infirmier. L’infirmière ajoute que les personnes âgées qui ont besoin de changer de pansement régulièrement, de leur placer une sonde et celles en mobilité réduite apprécient ce service même s’il est payant. « Ces seniors bénéficient d’un service personnalisé et professionnel à leur convenance », dit-elle.
Un autre affirme qu’il n’y a qu’un petit nombre d’infirmiers du service public qui travaillent dans le privé. Il soutient qu’avec la quantité de travail requise à l’hôpital et le nombre d’heures supplémentaires dont ils doivent s’acquitter par un manque d’effectif, ils n’ont pas beaucoup de possibilités pour aller exercer ailleurs. « Ils ne le font pas régulièrement », avance-t-il.
Le ministère de le Santé n’a pas souhaité commenter le sujet.
C’est au ministère de la Santé d’intervenir
Le Nursing Council ne peut intervenir concernant le travail des infirmiers du service public dans des institutions privées. C’est ce que nous a fait comprendre une source proche du dossier au sein de cette instance régulatrice. Cependant, notre source précise que si l’infirmier s’absente de son travail à l’hôpital pour aller travailler dans le privé, il est passible d’être sanctionné. « Le Nursing Council peut lui retirer sa licence et il ne pourra plus exercer. » Pour lui, c’est à l’employeur, le ministère de la Santé, d’intervenir dans le cas des infirmiers qui ont un double emploi.
Effectif réduit
Plusieurs infirmiers, à qui nous nous sommes adressés, déplorent que les différents hôpitaux travaillent actuellement avec un effectif réduit. Le problème va s’accentuer durant la période festive, souligne un membre d’un syndicat. Selon certains, en dépit des recrutements qui ont été effectués, le nombre réel d’infirmiers dans les différents départements ne s’est pas grandement amélioré en raison de la diversité et d’une augmentation de services en parallèle. Ajouté à cela, il y a aussi des départs à la retraite. Par ailleurs, le temps de formation a été rallongé également en passant de trois à quatre ans pour obtenir un diplôme au lieu d’un certificat. Ce qui fait que le renouvellement prend plus de temps.
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