En dépit des contestataires, l’Online Platform for Control of Dangerous Drugs a été lancée, comme prévu, le 1er juin. Au grand dam de la Fédération du secteur pharmaceutique qui réclamait que ce projet soit gelé.
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Le ministère de la Santé n’a finalement pas fait grand cas des récriminations de la Fédération du secteur pharmaceutique. L’Online Platform for Control of Dangerous Drugs est entrée en vigueur, comme prévu, le 1er juin 2022. Ce nouveau système vise à assurer un meilleur contrôle, en temps réel, de tous les produits tombant sous les Schedules II, III et IV de la Dangerous Drugs Act 2000. Les importateurs et les pharmaciens devront désormais enregistrer toutes les transactions concernant ces produits sur la plateforme de la section des Douanes de la Mauritius Revenue Authority (MRA).
Un cadre du ministère donne l’assurance que la Data Protection Act sera scrupuleusement respectée et que les informations médicales ne tomberont pas entre les mains de personnes non autorisées. De la MRA, elles seront dirigées vers le Pharmacy Board, comme cela a toujours été le cas, à travers le Dangerous Drugs Book (DDB) que les pharmaciens doivent remplir tous les jours et continuer à faire jusqu’à ce que la plateforme soit pleinement opérationnelle.
Confidentialité
« La section des douanes de la MRA ne collectera que les informations relatives à la quantité de produits importée par le grossiste et à quel détaillant ils ont été vendus. Le système permettra de savoir le volume de médicaments prescrit par un médecin et dans quelle pharmacie ils ont été vendus », explique le cadre du ministère.
Il affirme que ce système vise à assurer la traçabilité en temps réel de l’importation, la vente et l’achat des Dangerous Drugs. Selon lui, il n’a rien à voir avec la section « finance » de la MRA. Il affirme que la confidentialité des patients sera respectée, contrairement à ce que prétendent certains pharmaciens. Les utilisateurs autorisés devront détenir un « login » pour fournir les données. « Le site Web est bien sécurisé », dit-il.
Cependant, souligne le cadre, en vertu de la Finance Act, la MRA peut partager certaines informations à des agences autorisées, dont l’Anti-Drug Smuggling Unit, en cas de suspicion d’activités illégales. Selon lui, c’est un faux prétexte de la part de certains pharmaciens d’insinuer que la MRA n’a rien à faire avec la vente des médicaments car l’importation de ces produits concerne la douane.
Si les pharmaciens ont réclamé un moratoire afin de pouvoir s’équiper en outils informatiques, le cadre fait toutefois ressortir que le système est accessible à travers l’adresse déjà disponible. Il ajoute qu’ils peuvent y accéder depuis une tablette ou un smartphone et que tout a été mis en œuvre pour que la plateforme soit la plus « user-friendly » possible. Elle contient d’ailleurs un manuel d’utilisation qui indique les étapes à suivre pour l’enregistrement des données.
Le cadre ne s’explique pas tout le ramdam de certains pharmaciens au sujet de l’introduction de ce système de contrôle. Des consultations avec des petits et grands importateurs ainsi que des pharmaciens ont eu lieu au préalable avant d’appliquer cette recommandation de la commission d’enquête sur la drogue.
La Federation of Pharmaceutical Sector avait réclamé le gel du système
La Federation of Pharmaceutical Sector, qui regroupe cinq associations, réclamait le gel de l’Online Platform for Control of Dangerous Drugs. À travers son homme de loi, Me Rama Valayden, elle avait fait parvenir une lettre au secrétaire permanent du ministère de la Santé le mardi 31 mai 2022. Dans cette correspondance, l’avocat déplorait l’approche du ministère entourant l’introduction du nouveau système. « Your Ministry has acted unilaterally without any proper and in-depth consultation with members of the pharmaceutical sector, thus showing a total disregard for transparency which is conducive for good relationships », peut-on lire. D’où la demande de Me Rama Valayden au ministère de « geler » la décision d’aller de l’avant avec l’introduction de la plateforme. Ce qui aurait permis, selon l’avocat, d’avoir des débats et des négociations entourant plusieurs sujets, dont une possible violation de la Dangerous Drugs Act ; l’émergence d’un marché noir qui viendrait exacerber le problème de la drogue à Maurice ; ainsi que la question de savoir si tous les pharmaciens sont équipés sur le plan logistique et formés pour utiliser ce nouveau système. Le projet a finalement vu le jour.
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