Le Dr Harish Reesaul, neurologue à l’hôpital Victoria, met en garde contre l’augmentation des cas d’Alzheimer à Maurice, en raison du vieillissement de la population. À l’occasion de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer qui est observée ce 21 septembre, zoom sur les facteurs de risques et les mesures de prévention possibles.
Selon les estimations, environ 7 % de la population de plus de 65 ans est touchée par la maladie d’Alzheimer, la forme de démence la plus courante chez les personnes âgées. Cela représente plus de 11 500 patients, compte tenu des 165 050 personnes de plus de 65 ans en juillet 2022, selon les chiffres de Statistics Mauritius.
Ainsi, le nombre croissant de personnes de plus de 60 ans laisse présager une augmentation inévitable du nombre de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Selon les prévisions, la population de ce groupe d’âge devrait atteindre 340 541 d’ici 2026, comme détaillé dans le National Integrated Care for Older People Strategic and Action Plan 2022/26. En 2022, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus était de 244 362, contre 237 195 en 2021.
Bien que les prévisions laissent envisager une hausse de la prévalence de la maladie d’Alzheimer, le Dr Harish Reesaul, neurologue à l’hôpital Victoria, affirme que cette pathologie est « évitable ». Il met en avant la gestion de 12 facteurs de risque, notamment l’hypertension artérielle, le diabète, le surpoids ou l’obésité, le tabagisme, l’abus d’alcool, un faible niveau d’éducation, une mauvaise audition, le manque d’activité physique, l’isolement social, la dépression, les traumatismes crâniens et la pollution de l’air.
Le Dr Reesaul explique que la situation socio-économique du pays a contribué à la montée des familles nucléaires, laissant les parents et grands-parents de plus en plus isolés. « Il y a 30 ans, les personnes âgées étaient entourées de leurs enfants et petits-enfants et s’adonnaient à plusieurs activités domestiques. Ce n’est plus le cas de nos jours, avec l’avènement de la télévision », dit-il. Cette solitude accrue peut entraîner des problèmes alimentaires et médicaux, aggravant ainsi les facteurs de risque.
Le médecin souligne la nécessité de contrôler le diabète et l’hypertension artérielle, ainsi que la contribution des traumatismes crâniens et des accidents vasculaires cérébraux à l’augmentation des cas d’Alzheimer. Il insiste sur l’importance de la prévention en maintenant une alimentation saine et équilibrée, riche en minéraux, vitamines et antioxydants pour préserver la santé du cerveau. « Le problème à Maurice, c’est que nous avons une forte prévalence du diabète, mais aussi de l’hypertension artérielle qu’il faut absolument contrôler », souligne-t-il.
Il est impératif, dit le médecin, de réduire les facteurs de risque qui peuvent entraîner des problèmes de santé. Car, même s’il y a 100 milliards de neurones dans le cerveau, leur dégénérescence est inévitable. Notamment, si aucune précaution n’est prise pour les conserver et les maintenir en bonne santé, et pour prévenir la démence ou retarder l’apparition de maladies dégénératives telles que l’Alzheimer ou le Parkinson.
Le rôle du cerveau
Le cerveau est essentiel dans la collecte et la restitution d’informations du monde extérieur. Les troubles de cette fonction peuvent conduire à la démence. L’ouïe, la vue et la parole sont cruciales, et un cerveau en bonne santé permet une réaction adéquate aux besoins de base. En cas de démence, les fonctions cérébrales sont altérées, entraînant des troubles de la mémoire et d’autres problèmes.
Prise en charge
Pour garantir une prise en charge adéquate des personnes atteintes d’Alzheimer, le service de santé public propose une clinique de diagnostic précoce dans les cinq hôpitaux régionaux. Une équipe multidisciplinaire, composée d’un gériatre, d’un neurologue et d’un psychologue, prend en compte les problèmes de santé spécifiques de chaque patient.
Questions à…Marie-Élizabeth Planel, psychologue à l’association Alzheimer : «La gestion des facteurs de risque permet de prévenir la maladie»
Quel est votre constat concernant la maladie d’Alzheimer ?
En raison du vieillissement de la population, la prévalence de cette maladie neurodégénérative augmente. Nous voyons de plus en plus de personnes âgées touchées, généralement après l’âge de 65 ans. Les troubles qu’elle engendre entraînent une perte d’autonomie et de dépendance. Au-delà de l’individu vivant avec la maladie, cela a un impact significatif sur les aidants familiaux et le système de santé. L’ADI (Alzheimer Disease International) estime qu’au niveau mondial, près de 55 millions de personnes sont atteintes de la maladie. Ce chiffre devrait grimper à 139 millions en 2050.
Avec l’augmentation du nombre de personnes vivant avec l’Alzheimer, comment prévenir la maladie ?
La connaissance et la gestion des facteurs de risque permettent de prévenir la maladie. Pour reprendre le slogan de l’ADI, « Never too early, never too late » ou « Jamais trop tôt, jamais trop tard » en français.
Quel est le rôle de l’association Alzheimer ?
L’association a plusieurs objectifs, dont informer et éduquer le public. Il y a aussi un travail de sensibilisation, de vulgarisation et de prévention pour que la maladie ne soit pas taboue. Elle apporte également un soutien aux personnes vivant avec la démence ainsi qu’à leurs familles, que ce soit par des conseils, un travail de guidance ou des groupes de soutien aux parents. L’association offre aussi un accueil de jour où les bénéficiaires passent la journée et participent à des ateliers thérapeutiques, contribuant également à la recherche scientifique.
Comment assurez-vous la prise en charge des personnes vivant avec l’Alzheimer ?
De nombreuses recherches sont en cours pour trouver un traitement pour la maladie. Cependant, à ce jour, elle reste incurable. La prise en charge se concentre donc sur les symptômes de la maladie. Une évaluation par un professionnel permet de mieux situer le stade de la maladie et son impact, ce qui permet de mettre en place une prise en charge adaptée à la personne et à ses besoins. Cette prise en charge peut être aussi bien médicamenteuse que non médicamenteuse et permet de mieux gérer les troubles du comportement, les troubles de l’humeur, les troubles métaboliques et les troubles du sommeil. Une prise en charge holistique de la personne est primordiale, ce qui inclut ses proches.
Quel accompagnement proposez-vous aux proches des personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer ?
Les proches sont souvent les aidants familiaux. Face à la maladie, il arrive qu’ils se sentent démunis et isolés. Un accompagnement permet de soulager cela en fournissant les informations nécessaires et un soutien émotionnel indispensable. Cela contribue à une meilleure compréhension et gestion de la maladie, prévenant ainsi l’épuisement auquel cette population est exposée.
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