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Main-d’œuvre étrangère : le GM boude les travailleurs bangladais au profit de l’Inde

Le ministère du Travail estime que les ouvriers bangladais ont un agenda caché en débarquant à Maurice. D’où le fait que ces derniers désertent leurs lieux de travail et préfèrent sombrer dans la clandestinité.

Une modification significative de la politique de main-d’œuvre étrangère est en cours depuis environ trois mois. Le gouvernement, par le biais du ministère du Travail, est en train d’opter pour une réduction du nombre de travailleurs bangladais opérant sur le territoire, au profit d’ouvriers indiens. Cette mesure est justifiée en grande partie par le phénomène de désertion observé parmi les Bangladais, qui ont tendance à sombrer dans l’illégalité.

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Maurice, jouissant d’une réputation économique solide et d’une diversité culturelle remarquable, a traditionnellement attiré une main-d’œuvre étrangère variée pour soutenir ses secteurs clés. Toutefois, face aux défis persistants liés à la stabilité de la main-d’œuvre bangladaise, le gouvernement a récemment pris la décision de revisiter, voire de réorienter, sa politique en privilégiant les travailleurs indiens. 

« La tendance des travailleurs bangladais à quitter leurs emplois réguliers (NdlR : dans le domaine de la maçonnerie et de la manufacture) pour sombrer dans la clandestinité (NdlR : en s’adonnant à des travaux tels que le jardinage et la boulangerie, entre autres) a conduit à une instabilité indésirable sur le marché du travail. ‘Kan zot vini zot disparet’. Cela démontre qu’ils ont un agenda caché en débarquant à Maurice. En engageant des travailleurs indiens, le gouvernement espère instaurer une plus grande stabilité et garantir la continuité des opérations économiques », avance une source très fiable basée au bureau du Premier ministre (PMO).

Ressources humaines qualifiées

Mais pourquoi l’Inde ? « L’Inde est reconnue mondialement pour ses ressources humaines qualifiées et son expertise dans divers domaines. En choisissant de faire appel à des travailleurs indiens, Maurice pourra peut-être bénéficier d’un réservoir de compétences variées pour soutenir sa croissance économique », fait-on comprendre. Ce réajustement de la main-d’œuvre étrangère, indique-t-on, pourrait contribuer à renforcer davantage les liens économiques entre Maurice et l’Inde.

Sollicité au téléphone lundi après-midi, le ministère du Travail a affirmé qu’une « réorientation de la main-d’œuvre étrangère est en cours depuis quelques mois. En gros, nous sommes en train de donner plus d’importance aux ouvriers indiens », a-t-on souligné. 

Boycottage

Le syndicaliste Faizal Ally Beegun, qui s’occupe du dossier des travailleurs étrangers, a été sollicité pour une déclaration. Celui-ci déplore le « boycott » des ouvriers bangladais au profit des Indiens. « Le Premier ministre et le ministère du Travail doivent dévoiler les vraies raisons menant à la réorientation de la main-d’œuvre étrangère. Pourquoi le gouvernement a-t-il pris la décision de sacrifier les ouvriers bangladais ? Je suis en présence d’informations selon lesquelles un bon nombre de demandes pour le recrutement de travailleurs bangladais sont en train d’être rejetées. Le gouvernement est en train de se réfugier derrière la fuite des ouvriers bangladais depuis leurs lieux de travail. Mais il y a un bon nombre d’étrangers, à savoir des Indiens ainsi que des Népalais, entre autres, qui désertent aussi leurs emplois », martèle notre intervenant.

Mécanisme sur pied

Par ailleurs, le gouvernement prend la désertion des travailleurs bangladais très au sérieux. Des pourparlers avaient été entamés avec le gouvernement mauricien pour mettre en place un mécanisme visant à contrôler cette pratique illégale. Selon le Bureau of Manpower, Employment, and Training (BMET) du Bangladesh, la migration de la main-d’œuvre vers Maurice a commencé en 1992. Sur ces 30 dernières années, jusqu’à mars 2023, un total de 78 028 Bangladais ont trouvé un emploi à Maurice. Le pic a été atteint en 2019 avec 7 570 recrutements pour venir travailler à Maurice. La migration de la main-d’œuvre vers le pays a augmenté progressivement au fil des ans. En effet, en 2016, un total de 4 679 travailleurs y ont émigré, et le nombre est passé à 5 942 en 2017, 6 602 en 2018 et 7 570 en 2019. En 2020, un total de 2 014 Bangladais ont migré vers le pays.

 

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