Le gouvernement devra s’attaquer à l’un des fléaux les plus importants du pays : la toxicomanie. Le Master Plan qu'il a proposé dans son programme électoral apparaît comme le socle de cette stratégie, mêlant prévention, soins et réinsertion sociale. Un projet ambitieux aux contours flous...
Pour le psychologue et addictologue Kunal Naik, « la répression a toute son importance » dans la lutte contre la drogue. Et le gouvernement doit solliciter les instances internationales pour une collaboration. Il plaide également pour « un combat contre la pauvreté, un renforcement du suivi du système psychosocial afin de permettre le développement communautaire ».
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La prévention a toute son importance dans le combat contre la drogue. « C’est la raison pour laquelle la mise en place d’un plan national est primordiale », avance-t-il. Il est d’avis qu’un renforcement du National Drug Secretariat est nécessaire. Et selon lui, les travaux du High Level Drugs and HIV Council, présidé par le Premier ministre, doivent se poursuivre.
Selon lui, il faut introduire « un traitement standardisé » pour les toxicomanes. « Il faut également renforcer la réduction des risques et proposer d’autres traitements, comme la Buprénorphine. » Il fait ressortir qu’il faut « traiter le problème en profondeur ». Et il est utile d’établir un pont entre les diverses agences.
Master Plan, DEA…
Parmi les engagements pris par l’alliance Parti travailliste-Mouvement militant mauricien-Nouveaux démocrates-Rezistans ek alternativ, lors de la campagne électorale, figure la mise en place d’un Master Plan national. Son objectif est de réduire la consommation et de favoriser la réhabilitation des toxicomanes. Il fait mention de la création d’un centre de recherches et de formation pour aider les familles touchées par la toxicomanie. Il est aussi question d’une Drug Enforcement Agency (DEA) pour coordonner les efforts entre les organismes publics.
Prévention et réinsertion
Danny Philippe, figure de proue de l’ONG Développement, rassemblement, information et prévention, réclame un changement de paradigme dans la lutte contre la drogue. Selon lui, les efforts doivent s’appuyer sur quatre piliers essentiels : prévention, réhabilitation, réduction des risques et réinsertion des toxicomanes.
« Ces axes sont fondamentaux, mais ils nécessitent un vrai budget pour être efficaces », indique-t-il. Il déplore que les gouvernements aient priorisé la répression au détriment des autres actions dans le passé. « Injecter massivement dans la répression n’a jamais suffi. Il est crucial de financer également la prévention, la réhabilitation et la réinsertion des toxicomanes. »
Pour lui, des « programmes solides et structurés » sont indispensables pour enrayer le fléau. Il exhorte les autorités à adopter une approche plus équilibrée et à mettre les moyens nécessaires à la disposition des ONG. Le Défi Quotidien a vainement sollicité le National Drug Secretariat pour une déclaration téléphonique.
Cannabis
La légalisation du cannabis, à usage médical et récréatif, est une fois de plus évoquée par les intervenants. Danny Philippe appelle le gouvernement à ouvrir des discussions sur cette question sensible. « Il est temps d’entamer un dialogue transparent sur la légalisation du cannabis, avec des restrictions strictes, si un tel projet devait voir le jour. »
Kunal Naik abonde dans le même sens. Selon lui, une approche pragmatique pourrait même contribuer à éliminer les drogues dures du paysage mauricien. « Une discussion franche et ouverte sur le cannabis pourrait être une solution pour réduire le trafic des substances les plus dangereuses », estime-t-il.
Danny Philippe insiste cependant sur l’importance d’une consultation approfondie avant toute mise en œuvre. « Nous ne pouvons pas agir dans la précipitation. Une concertation avec les experts, les ONG et les citoyens est indispensable pour évaluer les impacts sociaux, économiques et sanitaires d’une telle réforme. »
Refonte de l’Adsu
La brigade antidrogue (Adsu) est sur le point de tirer sa révérence pour laisser place à une nouvelle entité : la Drug Enforcement Agency. Cette réforme, une priorité du rapport de la Commission d’enquête sur la drogue, s’inscrit dans une volonté de modernisation et d’efficacité accrue.
L’Adsu, régulièrement critiquée pour son manque de résultats tangibles, devrait ainsi céder la place à une agence repensée, avec des moyens renforcés et une approche plus intégrée. L’objectif est d’améliorer la coordination entre les services publics impliqués dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et d’accroître la transparence des opérations.
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