Lundi cordonnier : d’où vient cette tradition et comment elle est utilisée aujourd’hui pour protester contre la réforme des pensions

Ce 14 juillet est placé sous le signe du « lundi cordonnier ». Cette initiative du Regroupman Artisan Morisien vise à protester contre le report graduel de l’âge d’éligibilité à la pension de retraite à 65 ans.

Ce collectif, qui regroupe des travailleurs manuels tels que des maçons, plombiers et carreleurs, a lancé un appel aux salariés à ne pas se rendre sur leur lieu de travail aujourd’hui, afin de pousser le gouvernement à réagir face à cette réforme. « Nous, on travaille dur avec nos mains. À 65 ans, on ne tiendra pas. Ce n’est pas juste », affirment certains.

Le mouvement « lundi cordonnier » s’inscrit dans une tradition bien ancrée dans l’histoire. À l’origine, cette expression désignait un lundi chômé, souvent observé par les artisans — notamment les cordonniers — qui se reposaient après des week-ends de travail intense.

Jadis, les esclaves n’avaient pas le droit de porter de chaussures. Le dimanche 31 mars 1839 marque la libération officielle des esclaves, désormais connus comme des affranchis. Ce jour revêt alors une portée symbolique : marcher chaussé, c’est marcher libre.

Cette émancipation donne lieu à une ruée vers les cordonniers, contraints de répondre à plus de 60 000 demandes. Après des semaines de surmenage, y compris les dimanches, les fabricants de souliers prennent l’habitude de se reposer le lundi. Ainsi naît ce jour singulier.

Avec le temps, l’expression a évolué. Le « lundi cordonnier » désigne aujourd’hui une forme d’absentéisme volontaire, souvent teintée d’ironie. On choisit de ne pas travailler un lundi, par nécessité, par fatigue ou après un week-end festif.

Avec le mouvement « Lundi cordonnier » du Regroupman Artisan Morisien, cette tradition est réactivée comme un outil de contestation sociale, mêlant mémoire et opposition à la réforme des pensions.

Ashna Nuckcheddy-Rabot