Londres : la déprime des Mauriciens

Alors qu’à Maurice, les routes sont animées et les centres commerciaux bondés, tel n’est pas le cas en Grande-Bretagne où vivent de nombreux Mauriciens. Depuis l’apparition d’une nouvelle souche du Covid-19, ceux-ci vivent dans l’angoisse et la déprime de ne pouvoir célébrer les fêtes de fin d’année comme à l’accoutumée. Le spectre que la situation ne s’aggrave davantage plane sur leur tête. D’ailleurs, c’est le lockdown dans pratiquement tout le pays, particulièrement à Londres et le Sud-Est du pays. Témoignages.

Lina : « Beaucoup font du shopping en ligne »

« La situation n’est pas aussi mauvaise que le disent les médias. Il n’y a pas de pénurie dans les supermarchés, ni de manque d’aucun autre produit. La plupart des personnes sont en train de sortir et veulent vivre leur vie le plus normalement possible. Il n’y a pas eu d’incidents dans les écoles, en dépit du fait que quelques cas de Covid-19 ont été recensés.

Tous ceux à qui j’ai parlé au travail ne pensent pas à la nouvelle variante du Covid-19 et ne songent qu’aux festivités de fin d’année. Certains sont d’avis que la situation peut s’empirer en janvier, en souhaitant que ce ne sera pas le cas. Mais la plupart vont accepter le vaccin qui leur sera proposé. Certains sont réticents à le faire en se basant sur des suppositions, comme ne pas être enceinte par la suite. Mais je suis d’avis que la plupart des personnes vont accepter le vaccin en raison de la deuxième vague de la pandémie.

Nombreux sont ceux qui ont fait leur shopping dans le centre de Londres et ses environs, mais les magasins n’étaient pas bondés, car beaucoup ont préféré faire leur shopping en ligne. Londres est au niveau d’alerte le plus élevé (Tier4). Actuellement, nous pouvons sortir seulement pour acheter des produits essentiels. Les restaurants sont ouverts, mais ne proposent que des repas à emporter. Tous les commerces non essentiels sont fermés et la police fait des patrouilles afin de sensibiliser la population et verbaliser les contrevenants.

Nous sommes dans l’attente d’une nouvelle mise à jour du gouvernement concernant la situation du Covid-19. La réouverture des écoles dépendra du taux de mortalité. »

Iqbal : « Nous sommes comme des hamsters enfermés dans une cage »

« La situation est critique. Presque tout le pays est en Tier 4, ce qui signifie que le niveau d’alerte est élevé et c’est le « lockdown » total. La nouvelle souche du Covid-19 est en train de se répandre rapidement et le taux de mortalité est toujours aussi élevé.

Actuellement, ce sont que les commerces essentiels qui sont ouverts, comme l’alimentation et les pharmacies. Tout ce qui n’est pas essentiel est fermé : restaurants, à l’exception de la restauration rapide, où la consommation ne se fait pas sur place, mais c’est la vente de la nourriture à emporter.

La police a été déployée dans les trains, afin d’empêcher les gens de circuler entre les zones où le niveau d’alerte est différent. Ceux qui ne respectent pas les consignes sont verbalisés et des amendes leurs sont affligées.

Avec la fermeture des frontières, nous nous sentons comme des hamsters enfermés dans une cage. Nous ne pouvons pas voyager, encore moins venir à Maurice, car il n’y a pas de vol et un temps de quarantaine nous est imposé.

Les vaccins sont maintenant disponibles, mais ce sont les employés du National Health Service (NHS) qui vont en bénéficier en premier. Ce n’est qu’après que les patients seront vaccinés. »

Nathalie : « Certaines personnes se comportent comme des égoïstes »

« La situation est à la fois stressante et ennuyeuse. Nous avons peur, car les consignes ne sont pas respectées dans le pays. Certaines personnes se comportent comme des égoïstes, elles ne portent pas de masques, ne respectent pas les gestes barrières et se plaignent maintenant de ne pouvoir célébrer les fêtes de fin d’année comme elles voudraient, car tout a été annulé. J’ai l’impression que la situation est en train de s’empirer avec la nouvelle souche.

Le pays connaît divers niveaux d’alerte de Tier1 à 4. Londres et le Sud-Est de la Grande-Bretagne est au niveau 4, c’est-à-dire qu’il y a une interdiction de quitter la maison. Ailleurs, le niveau d’alerte est entre niveau moyen et élevé ou très élevé.

Mais je suis reconnaissant d’avoir pu conserver mon emploi, contrairement à certains, et que ma famille et moi sommes en bonne santé. Mon partenaire travaille de la maison et moi je suis en congé, tout en percevant 80 % de mon salaire. Ce qui me permet de passer du temps en famille.

Le vaccin concerne en priorité les personnes âgées qui sont à la maison. Je me demande pourquoi ne pas le donner aux jeunes, aux élèves et à la classe des travailleurs, qui peuvent encore sortir. »

Priya : « Nos projets de fêtes suspendus »

« De nombreuses personnes ont vu leur vie affectée par le Covid-19. Beaucoup ont perdu leur emploi et sont tombés dans une grande dépression. À la fin du lockdown en juillet, nombreux sont ceux qui étaient soulagés et s’attendaient à mener une vie normale, comme c’était le cas juste avant la pandémie. La situation avait commencé à s’améliorer, puis cela a été de nouveau le lockdown en novembre, car la population ne suit pas les protocoles comme il faut.

Avec la situation actuelle et l’annonce de nouvelles mesures (interdiction de quitter Londres, par exemple), tous nos projets pour les fêtes de fin d’année ont dû être suspendus. Nous sommes dans un grand stress. Nous ne savons même pas quand le lockdown va prendre fin. »

Afchin : « Il y a eu beaucoup de nonchalance »

« La situation en ce moment est un peu déprimante. Partout est fermé, alors qu’en cette période de l’année, il y a habituellement de nombreuses célébrations et animations. Rien n’indique que nous sommes dans une période de festivités. Nous avons l’impression d’être des apatrides et nous considérons que les Anglais eux-mêmes sont responsables de cette situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Durant le premier confinement, il y a eu beaucoup de nonchalance et nombreux ont été ceux qui ont continué à s’amuser au lieu de respecter les protocoles, y compris les mesures barrières. Ils ne se sont pas souciés de la situation. »

Du coup, il y a eu une relance de la pandémie de Covid-19, les frontières sont fermées et les Anglais ne peuvent quitter le pays. C’est dépressif et chagrinant, à la fois de ne pas savoir ce qui arrivera par la suite, si la situation s’améliorera ou non.

De plus, c’est agaçant de noter que, malgré que la plupart des commerces sont fermés, il y a toujours des personnes qui circulent et qui marchent sans masque sur le chemin. Résultat : alors que nous sommes en période de festivités, nous n’aurons pas l’occasion d’aller rendre visite à nos proches, mais il faudra rester à la maison.

Concernant le vaccin contre le Covid-19, ce sont d’abord les personnes à risque qui pourront en bénéficier en premier. Ensuite, ce sera ouvert au reste de la population. Si jamais c’est le cas, je vais me faire vacciner. »