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Les formations cycloniques vont toucher les terres habitées

Les pires cyclones qui ont affecté Maurice.

Huit à dix, c’est le nombre de systèmes dépressionnaires que la station météorologique de Vacoas prévoit durant la présente saison cyclonique. Mais tous ne vont pas nécessairement affecter Maurice ou Rodrigues, souligne la station. Selon les prévisions, la région Oouest de Diego Garcia serait propice à ces formations cycloniques. 

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Météo France-Réunion abonde dans le même sens et précise que les terres habitées pourraient être affectées par les formations cycloniques. La station réunionnaise prévoit jusqu’à 11 systèmes dépressionnaires selon une probabilité de 70 %. De ces phénomènes cycloniques (tempête ou cyclone), entre quatre et sept devraient atteindre le stade de cyclones tropicaux, selon les prévisions. 

Concernant les types de trajectoires, Météo France-Réunion indique que les systèmes ont tendance à descendre assez rapidement vers le Sud. Cela n’exclut cependant pas d’autres types de trajectoire, c’est-à-dire ceux orientés vers l’Ouest, en forme de parabole ou encore les trajectoires atypiques comme celles orientées vers l’Est.

L’Organisation mondiale de la météorologie (OMM) fait mention dans son bulletin saisonnier sur le climat d’anomalie positive des températures de surface de la mer dans de larges zones du globe. Selon l’OMM, tout semble indiquer que la température à la surface des terres émergées sera supérieure à la normale, en particulier dans les régions tropicales. Cela est accentué par le réchauffement planétaire. Il devrait ainsi avoir beaucoup de pluie dans le bassin ouest de l’océan Indien et être au-dessus de la normale. 


Fantala la terreur

Des vents entre 285 à 300 km/h. C’est ce qui a été ressenti sur l’île Farquhar de l’archipel des Seychelles le 16 avril 2016. Classé dans la catégorie 5 selon le Saffir-Simpson Scale, le cyclone très intense Fantala est considéré comme l'un des plus puissants phénomènes à s’être formé dans le bassin Ouest de l’océan Indien. Fantala, tout comme les autres qui ont traversé le bassin de l’océan Indien, n’est qu’une illustration de ce qui peut arriver quand les conditions sont propices pour le développement d’un système dépressionnaire.  Parmi les phénomènes les plus puissants qui ont visité Maurice, nous avons dans l’ordre : (Voir tableau)

  Année Date Nom Classification Distance Vents (Km/h) Pression Atmosphérique
1 1975 5 - 7 Feb Gervaise Intense Cyclone Over Mauritius 280 951
2 1960 25 - 29 Feb Carol Intense Cyclone Over Mauritius 256 943
3 1962 27 - 28 Feb Jenny Intense Cyclone 30 km North 235 995
4 2002 20-22 Jan Dina Very Intense T.C 50 km North 228 988
5 1979 21-23 Dec Claudette Intense Cyclone Over Mauritius 221 965
6 1964 17 - 20 Jan Danielle Intense Cyclone 40 km South West 219 974
7 1994 9 - 11 Feb Hollanda Intense Cyclone 20 km North West 216 984
8 1980 12 - 13 Mar Laure Intense Cyclone 30 km North East 201 989
9 1960 16 - 20 Jan Alix Intense Cyclone 30 km off Port Louis 200 970
10 1983 23 - 26 Dec Bakoly Intense Cyclone 55 km South West 198 992
11 1989 27 - 29 Jan Firinga Cyclone 80 km North West 190 994
12 1999 8 - 10 Mar Davina Intense Cyclone 25 km South East 173 974
13 1961 22 - 26 Dec Beryl Intense Cyclone 30 km West 171 992
14 1996 6 - 8 Dec Daniella Intense Cyclone 40 km South West 170 998
15 1966 5 - 7 Jan Denise Severe Depression 65 km North West 167 1003
16 1996 24 - 25 Feb Edwige Mod. Depression 100 km North 162 1009
17 2007 22-25 Feb Gamede Tropical Cyclone 230 km North West 158 995.5
18 1945 16 - 17 Jan - Intense Cyclone Over Mauritius 156 953*
19 1995 24 - 27 Feb Ingrid Cyclone 100 km North East 153 989
20 1945 1 - 2 Feb - Intense Cyclone South 150 969
Source: Mauritius Meteorological Services      

Vasant Jogoo : « Notre modèle d’urbanisation n’est pas adapté »

« La situation que nous connaissons actuellement va aller en s’empirant ». Propos de Vasant Jogoo, urbaniste et environnementaliste. Selon lui, il y a une mauvaise gestion de l’aménagement du territoire, ce qui exacerbe le problème d’accumulation d’eau à chaque grosse averse. « Le changement climatique est un fait indéniable avec pour conséquence qu’il y a des averses plus conséquentes dans un court laps de temps ». Ainsi, en l’absence de drains et en raison des projets de développement et de construction, il y a de moins en moins de sol perméable pour absorber l’eau de pluie, ce qui renforce les crues. 

« Notre modèle d’urbanisation n’est pas adapté à un petit territoire comme Maurice qui est une petite île », souligne-t-il. Mais on a tendance à croire qu’on dispose de tout l’espace dont on a besoin et on construit même sur d'anciennes rivières ou de drains naturels. « L’eau de pluie trouvera toujours son chemin pour aller vers la mer, un lac ou une rivière. Elle a une force extraordinaire. C’est pour cela que les localités qui ne connaissaient pas des inondations commencent à avoir des problèmes aujourd’hui »  soutient-il 

Pour lui, avec une urbanisation qui a atteint un taux de 25 %, on est en train de gaspiller les terrains et renforcer les problèmes liés au changement climatique. 


Philippe CaroffPhilippe Caroff : «La fréquence d’occurrence de phénomènes de forte intensité va augmenter»

L’occurrence de phénomènes de forte intensité risque d’augmenter à cause du réchauffement climatique avec une possibilité qu’ils atteignent des intensités encore plus fortes. C’est ce qu’affirme Philippe Caroff, Operational Head au Regional Specialized Meteorological Centre (RSMC) de La Réunion.

Avec le réchauffement climatique, pensez-vous que l’océan Indien peut connaître le passage d’un cyclone très intense ?
La catégorie ultime dans notre bassin est celle des cyclones tropicaux très intenses qui se développent occasionnellement sur notre bassin. Sur les dernières décennies, leur nombre n’a pas montré d’évolution dans un sens ni dans un autre. Mais les projections climatiques laissent envisager que si le nombre de phénomènes cycloniques n’augmentera pas a priori dans le cadre du réchauffement climatique (voire même diminuerait légèrement), par contre la fréquence d’occurrence de phénomènes de forte intensité augmenterait, quant à elle, avec donc la possibilité d’atteindre des intensités encore plus fortes.

Quelles sont vos prévisions pour la présente saison cyclonique dans les Mascareignes ?
Il n’y a pas eu de prévision spécifiquement pour les Mascareignes, mais pour le bassin cyclonique dans sa globalité. Il n’est pas possible d’être plus précis, par exemple pour une île spécifique, ou même un archipel tel que les Mascareignes, car seul le hasard des trajectoires peut faire que Maurice ou Rodrigues soit impacté, ou que le système passe entre les deux, et cela n’est prévisible que quelques jours à l’avance au mieux.

Pensez-vous que les formations cycloniques vont davantage se rapprocher des terres habitées ? 
Pour la saison 2019-2020, on envisage en effet que l’activité perturbée se focalise essentiellement sur la partie ouest du bassin, où se trouvent les terres habitées.

Est-ce que la pluviométrie sera plus abondante selon vos estimations pour la région ? 
Potentiellement oui, mais après, pour un point donné, cela dépend fortement de l’occurrence ou non d’un phénomène cyclonique à proximité. Un seul phénomène peut à lui seul complètement modifier la donne de la pluviométrie d’une saison.

 

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