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Le Dr Gemina Doolub, l’héroïne du cœur

Le Dr Gemina Doolub est l’une des premières cardiologues interventionnelles à Maurice.

Elle est l’une des premières cardiologues interventionnelles à Maurice. Tout comme son père cardiologue, le Dr Gemina Doolub s’est mise au service des patients cardiaques. Rencontre avec une passionnée qui se dévoue corps et âme à son métier. 

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Sa mission première : donner une seconde chance à l’élément vital de tout être : le cœur. Au premier abord, le Dr Gemina Doolub, dont le prénom signifie pierre précieuse, est toute simple dans son chandail à col roulé, un collant noir et pieds nus. Mais derrière cette apparence se cache l’une des premières cardiologues interventionnelles à Maurice. Le sourire avenant, le débit facile dans un mélange de français et d’anglais, elle nous reçoit chez elle, à Quatre-Bornes. 

Si elle a grandi à Maurice, c’est en France, et plus précisément à Montpellier, qu’elle est née. « Mes parents y étudiaient alors et nous sommes venus à Maurice quand j’avais 4 ans », raconte-t-elle. Alors que Maurice connaît actuellement un exode de ses jeunes, pourquoi avoir choisi de rentrer au bercail après deux décennies passées en Grande-Bretagne ? « Lakaz mama » serait-elle si douillette ? « J’ai toujours été à l’aise dans n’importe quel pays. J’ai passé 20 ans en Angleterre où j’ai étudié et travaillé. Pourquoi ne pas travailler maintenant dans le pays où j’ai grandi ? » répond-elle.

Elle précise que c’est en toute liberté qu’elle a fait son choix de carrière professionnelle, bien que son père, le Dr Prakash Doolub, soit cardiologue, et sa mère, Rookmanee, chirurgienne-dentiste. « Ma passion a un mot : la cardiologie », confie-t-elle avec enthousiasme. Ayant décroché simultanément deux bourses – première lauréate du Queen Elizabeth College et du pays (SSR Scholarship), et l’autre de l’Alliance Francaise –, Gemina Doolub a opté finalement pour le Royaume-Uni.  

Pendant ses études, elle a choisi comme spécialité la cardiologie interventionnelle, qui comporte les interventions percutanées. Qu’est-ce au juste ? « Lors d’une crise cardiaque, le risque de mortalité augmente avec chaque retard pour ouvrir une artère bloquée, donc le temps est un facteur-clé. Mon intervention consiste à passer un cathéter à travers le poignet ou la jambe du patient, puis un colorant y est injecté en complément des rayons-X pour avoir une meilleure vision des trois artères (NdlR : coronaire droit, tronc commun, qui comporte l’interventriculaire antérieure [IVA], et la circonflexe). Ce type d’intervention permet au cardiologue de mieux cerner la gravité du problème et de tenter de le résoudre », explique-t-elle. 

À ce niveau d’intervention, il arrive de découvrir à travers la coronarographie des artères calcifiées. « Il existe de nouvelles technologies, comme par exemple l’athérectomie rotationnelle et l’athérectomie orbitale, ainsi que la lithotripsie intravasculaire, qui permettent de traiter les artères très calcifiées. Le but est de mettre toutes les chances du côté du patient et de le remettre sur pied, comme un sou neuf. C’est passionnant et cela me procure une satisfaction personnelle », précise le Dr Gemina Doolub.

La prévalence des crises cardiaques ou des AVC toucherait-elle davantage une certaine moyenne d’âge ou des groupes précis ? « Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la maladie cardiaque est la principale cause de décès chez les hommes et les femmes à l’échelle mondiale. Les statistiques de l’American Heart Association indiquent que l’âge moyen d’une personne au moment de sa première crise cardiaque est de 65 ans pour les hommes et de 72 ans pour les femmes. Cependant, les crises cardiaques peuvent survenir chez n’importe qui, et actuellement, on pense que l’incidence des crises cardiaques a augmenté chez les personnes de moins de 40 ans », souligne-t-elle. 

Quelles sont les principales causes de complications cardiaques ? Selon la cardiologue, les principales causes des problèmes cardiaques incluent l’hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète, l’obésité, une alimentation déséquilibrée, la sédentarité et des antécédents familiaux de maladies cardiaques. 

Est-il exact de dire qu’il y a plus de femmes obèses que d’hommes ? Le Dr Gemina Doolub estime que cette maladie touche tout le monde, indépendamment du genre : « La raison pour laquelle les gens prennent du poids, qu’il s’agisse des hommes ou des femmes, est multifactorielle ; les facteurs contributifs peuvent être génétiques, médicaux ou environnementaux, tels qu’une mauvaise alimentation et un mode de vie sédentaire. »
Bien qu’elle ne veuille pas être alarmiste, Gemina Doolub estime que la malbouffe et le manque d’intérêt pour les activités sportives de la part d’une forte densité de nos compatriotes risquent de jouer les trouble-fêtes sur la santé et sur le coeur. Le message est on ne peut plus clair…

Loin d’être en dents de scie, le parcours professionnel du Dr Gemina Doolub est tout tracé par ses bons soins. Si elle est végétarienne sans être vegan, la cardiologue s’est donnée pour mission d’atténuer, autant que faire se peut, la souffrance que génère toute crise cardiaque. D’ailleurs, son inspiration reste le Professeur Alain Cribier, pionnier du TAVI (implantation percutanée de la valve aortique), avec lequel elle a eu l’unique opportunité de faire un podcast peu avant son décès.

Redonner vie à un coeur en détresse extrême est une immense joie qui lui procure du baume… au coeur. 

Le mariage attendra

La trentaine entamée, le Dr Gemina Doolub fait comprendre que le mariage est le cadet de ses soucis. Comment se fait-il que cette femme bardée de diplômes, ayant de nombreux atouts et un sourire « revolver », n’a pas encore trouvé chaussure à son pied ? Réponse laconique de l’intéressée : « Il y a eu plusieurs demandes, je ne le cache pas, mais je suis ‘genuinely happy as I am’. Mes parents ont toujours prôné l’ouverture d’esprit, une valeur qu’ils nous ont transmise. » 

Sa liberté d’esprit, affirme-t-elle, lui est vitale. « Je refuse de me marier juste pour plaire, pas question ! Je ne veux pas me retrouver avec un partenaire sans qu’il y ait d’atomes crochus entre nous. Je suis bien dans ma peau et je me consacre à ce qui me passionne : ma profession de cardiologue, la danse, l’aviation... Le reste m’importe peu », explique-t-elle.

Aspire-t-elle à fonder une famille un jour ? Grand rire, puis un silence en prélude à une réflexion profonde qui peut surprendre : « Être maman juste pour l’être, il y a un grand pas à franchir, c’est un engagement complexe. Pour élever un enfant, il faut du temps et surtout avoir un partenaire qui vous soutiendra. C’est dur d’être parent et d’être un enfant de nos jours. »

Est-elle toutefois un cœur à prendre, malgré ses réserves ? « Je laisse du temps au temps », sourit-elle.

Ses passions

Le Dr Gemina Doolub s’adonne à la danse depuis ses quatre ans. « Mes parents ont toujours encouragé mon frère Kevin et moi à nous investir dans des activités parascolaires. Pour ma part, je pratique le Bharatanatyam, la Salsa, le Bollywood, et la natation, entre autres », confie-t-elle. « C’est pour moi une façon de me revitaliser, de m’éloigner des livres et de me recentrer », complète la cardiologue, qui a aussi obtenu son LLB en Angleterre. Cependant, elle n’a pas encore effectué son pupillage. L’aviation constitue une autre de ses passions. En effet, titulaire d’une licence de pilote, elle prend les commandes de Pipers et de Cessnas durant son temps libre. 

Un parcours jalonné de succès

Le parcours exceptionnel du Dr Gemina Doolub, jalonné de réalisations académiques remarquables et d’expériences professionnelles enrichissantes, force l’admiration. Dès ses études de médecine à l’Université de Newcastle, elle a fait preuve d’une détermination sans faille. Sa passion pour la cardiologie l’a amenée à poursuivre une résidence au John Radcliffe Hospital d’Oxford, suivie d’une maîtrise en essais cliniques et thérapies expérimentales à l’Université d’Oxford. 

Sa quête de connaissances l’a ensuite conduite à l’Université de Bristol. Elle y poursuit actuellement un doctorat en recherche axé sur l’intelligence artificielle et les syndromes coronariens aigus.

Au-delà de ses qualifications académiques impressionnantes, le Dr Gemina Doolub s’est activement engagée dans la communauté médicale internationale. Elle a participé à de nombreux forums internationaux, partageant son expertise et contribuant à l’avancement du domaine de la cardiologie. 

Son excellence est attestée par ses nombreuses distinctions et réalisations. Elle a notamment obtenu une bourse de recherche avancée en cardiologie interventionnelle à l’Institut de cardiologie de Montréal, et une bourse de recherche en cardiologie interventionnelle au Bristol Heart Institute. 
Soucieuse de parfaire ses compétences, le Dr Gemina Doolub a également obtenu un baccalauréat en droit (LLB) de l’Université de Londres. Elle est membre de plusieurs associations professionnelles prestigieuses, telles que l’American College of Cardiology (FACC), la British Cardiovascular Intervention Society (BCIS) et la British Medical Association (BMA).

Ses compétences en cardiologie interventionnelle sont incontestables. Elle a réussi l’examen européen de cardiologie fondamentale (EECC) et l’examen écrit de l’Association européenne d’intervention coronarienne percutanée (EAPCI), maîtrisant diverses procédures interventionnelles complexes.

 

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