Interview

Le Dr Dawood Oaris, président de l’association des cliniques privées : «Il ne faut pas stigmatiser certains pays, universités et médecins»

L’introduction du concept de médecin de famille serait une solution au problème du chômage parmi les médecins, affirme le Dr Dawood Oaris. Il conseille aux jeunes médecins d’exercer dans le privé où il y a une très grande compétition.

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Le Medical Council (MC) a dû revoir sa copie de la liste des Universités étrangères reconnues à Maurice pour former les aspirants médecins. Votre avis ?

C’est une aberration. Certaines universités ne figurent plus sur la liste, même si elles offrent les mêmes examens que celles y figurant. Cela signifie-t-il que si un candidat issu d’une telle université, qui aura passé ces mêmes examens ne sera pas accepté ?

« Dans une profession libérale, le patient est libre de choisir son médecin, et cela a un prix. »

D’accord pour le nivellement des universités, mais il faut maintenir les institutions déjà reconnues qui ont formé nombre de nos médecins.

La liste est-elle arbitraire ?
Non, je ne le pense pas. Mais quel est l’avantage pour un étudiant d’aller dans une université figurant sur la liste du MC, comparé à celui qui va dans un autre établissement. Ne vont-ils pas passer les mêmes examens?

Le MC dit vouloir mettre de l’ordre dans la formation des médecins pour éviter des erreurs médicales.
Une erreur médicale ne dépend pas du pays où vous avez étudié, mais de la personnalité du médecin. Certains praticiens issus des universités retirées de la liste sont très performants. D'autres, issus d’établissements de renom, ne le sont pas. L’erreur médicale est incontrôlable. Il ne faut pas stigmatiser certains pays et leurs universités. Cela risque d’être mal perçu par le public et leurs compétences remises en question.

Dans certains pays, il n’y a pas d’examen après l’internat, qui est une pratique pour évaluer un candidat. On pourrait suggérer cela à Maurice, au lieu de l’examen avant le pre-registration.

Beaucoup d’aspirants médecins sont sans emploi, le marché est-il saturé ?
C’est le cas à travers le monde. À Maurice nous cultivons ce mythe : quand on revient de ses études de médecine, il faut aller dans le secteur public. L’État peut recruter un certain nombre de personnes en fonction de son budget. D’où l’attente de plusieurs mois ou d’années. Il y a de la place dans le secteur privé et il y a une très grande compétition.

Maurice ne devrait-il pas s’inspirer de certains pays, en fixant le nombre de médecins dont le pays a besoin pour éviter cette situation ?
C’est difficile à imposer, car il y a aussi les aspirations des parents à considérer. Si l’on ne peut choisir la vocation de quelqu’un, il doit connaître la réalité du marché et être prêt au chômage. On pourrait introduction un système de rotation (Shift system) qui permettrait d’absorber ceux qui sont sans emploi en partie.

On peut aussi introduire le concept de médecin de famille, avec option d’assigner un médecin pour une région. Cela rapprocherait les patients de leur médecin. Si la volonté politique est là, il n’y a pas de problème. La pression sur les hôpitaux diminuerait, le patient devant d’abord consulter son médecin de famille.

Président de l’association des cliniques privées, que répondez-vous à ceux qui se plaignent d’une facture trop lourde ?
Chaque patient paie les frais de chambre et les facilités qui vont avec : eau, électricité, télévision, climatiseur, nourriture… Il faut payer le service et le produit qui va avec (pansement, suture, par exemple). On nous dit qu’on en demande trop, mais chaque item consommé doit être payé, car il a été acheté.

Quid des honoraires des médecins ?
Dans une profession libérale, le patient est libre de choisir son médecin, et cela a un prix. On choisit en fonction de son budget. Le tarif, c’est du ressort du médecin et de son malade. S’il faut un contrôle de prix, il faudrait le faire pour toutes les professions libérales. Pour les malades assurés, aucun problème : un prix est fixé par les assureurs pour le remboursement.  Si l’État va de l’avant avec un General Insurance Scheme, le nombre de personnes non assurées diminuera.

 

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