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Transport public – bus et taxi - NLTA : un comité disciplinaire pour mettre fin aux dérives

La présidente du comité disciplinaire, Aratee Prayag, et son adjoint, Me Yunus Casim Morad en compagnie du ministre Osman Mahomed.

Dans un contexte d’un service public sous pression et de réclamations croissantes des usagers, la National Land Transport Authority (NLTA) renforce ses mécanismes de régulation avec la mise sur pied d’un Comité disciplinaire doté de nouveaux pouvoirs. Entre sanctions, encadrement et modernisation numérique, l’État engage une réforme de fond du secteur du transport terrestre.

La NLTA engage un tournant décisif. Face aux plaintes récurrentes concernant le non-respect des horaires, les retards chroniques, les incidents de conduite, les conditions déplorables dans certains autobus ou taxis, mais aussi face à des abus de la part d'opérateurs bénéficiant de subventions publiques sans contrepartie de qualité, un comité disciplinaire indépendant a été sur pied. Il sera présidé par Me Aratee Prayag et secondé par Me Yunus Cassim Morad, deux figures reconnues du monde juridique. 

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Le Conseil des ministres a entériné ces nominations, en conformité avec les dispositions de la Section 4(1)(b) de la loi sur le transport terrestre. Ce comité comptera également quatre anciens hauts fonctionnaires désignés par le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam : Roger Yves Lam Hing, Armonlingum Canoussamy Poullé, Diary Romooah (MSK) et Saoud Goolam Mahamed Baccus. Tous ont pour mission d’assurer impartialité, rigueur et redevabilité.

Avec près de 450 000 Mauriciens utilisant quotidiennement les transports publics – métro, bus, taxis et véhicules contractuels – la NLTA s’attaque aux défaillances systémiques du secteur. Le Comité disciplinaire agira désormais comme un organe de régulation autonome, capable de traiter les plaintes, d’enquêter sur les infractions, de sanctionner les comportements inappropriés, voire de recommander la suspension ou la révocation d’un opérateur.

Ce changement de paradigme s’inscrit dans un contexte budgétaire structurant : l’État accorde Rs 2,5 milliards par an sous forme de subsides, notamment pour assurer la gratuité du transport pour les étudiants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap. En retour, les autorités exigent un service conforme aux engagements contractuels, une ponctualité accrue et un respect strict des normes de sécurité.

Vers un pilotage numérique du transport

En complément, une dotation budgétaire de Rs 70 millions sur deux ans a été allouée à la mise en place d’un Fleet Management System (FMS). Ce système, développé avec l’appui d’un consultant spécialisé, permettra d’équiper chaque autobus d’un GPS afin de suivre en temps réel leurs déplacements, d’afficher les horaires à venir et d'identifier toute dérive opérationnelle. Le ministre des Transports terrestres, Osman Mahomed, avait indiqué au Parlement que ce système garantirait à terme une supervision automatisée, libérant la NLTA de certaines tâches de surveillance manuelle. 

En attendant, 11 Management Support Officers ont été recrutés et déployés sur les terminaux clés — Jan Palach, Victoria Urban Terminal, Place Margéot, etc. — afin de superviser les services et s’assurer que les opérateurs respectent les horaires validés par l’autorité. 

« J’ai personnellement insisté pour que ces agents reçoivent une formation accélérée afin d’être opérationnels sur le terrain, en appui à l’équipe d’inspecteurs. C’est une réponse immédiate à dix années de déclin de la supervision dans le secteur », avait souligné le ministre lors des débats budgétaires.

Consultation et modernisation du secteur

Ce nouveau cadre disciplinaire est lancé en parallèle à l’élaboration d’un Bus Services Bill, attendu prochainement à l’Assemblée nationale. Ce projet de loi vise à moderniser l’ensemble du secteur, à définir les obligations contractuelles des opérateurs et à introduire des normes de service plus exigeantes.

Un fonds de Rs 100 millions, prévu sous le Bus Modernisation Scheme, est également mis à la disposition des opérateurs pour qu’ils puissent renouveler leur flotte et s’adapter aux exigences technologiques du FMS. Des consultations sont en cours entre le ministère, la NLTA et les compagnies d’autobus pour assurer une transition harmonieuse.

Le lancement du comité disciplinaire de la NLTA n’est pas un simple ajustement administratif : il incarne une volonté politique de mettre fin à l’impunité dans un secteur critique du quotidien mauricien. Il s’agit d’instaurer une nouvelle culture de service fondée sur la redevabilité, la transparence, la performance et l’équité.

Ce comité, s’il est pleinement fonctionnel, pourrait devenir un pilier de la réforme des services publics à Maurice, dans un esprit de justice pour les usagers et de rigueur pour les bénéficiaires de fonds publics. Sa mission est claire : traquer les abus, rétablir la confiance, et rendre aux citoyens un service à la hauteur des attentes. La balle est désormais dans le camp des opérateurs.

Le rôle clé du comité disciplinaire

  • Composition : 2 juristes, 4 anciens hauts fonctionnaires
  • Mandat : Examiner les cas de non-conformité, d’indiscipline et de plainte
  • Pouvoirs : Recommandations de sanctions (avertissement, suspension, révocation)
  • Objectif : Améliorer la qualité du service public de transport
  • Supervision : Opérateurs de bus, métro, taxis, contrats privés
  • Lien avec le FMS : Assure le suivi jusqu’à la pleine mise en œuvre du système numérique
 

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