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Journée internationale de la démocratie : la liberté de la presse fait débat

Dev Sunnasy et Abdoollah Earally sur le plateau de l’émission.

À l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, observée ce jeudi, Florence Alexandre et Prem Sewpaul ont axé l’émission « Au cœur de l’info » sur la liberté de la presse.

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Abdoollah Earally, correspondant de RFI et France 24 à Maurice et formateur, note que l’accès à l’information est « extrêmement problématique » et que c’est une entrave à la transparence nécessaire à la bonne marche des institutions. « L’Icac et la police, qui mènent des enquêtes d’intérêt public, devraient avoir des représentants chargés de partager des informations et de répondre aux questions, mais ça ne se fait pas. C’est un défaut immense et c’est pourquoi on voit souvent des informations inexactes ou plantées par la police atterrir dans le presse », soutient-il.

La Freedom of Information Act peut-elle apporter davantage de transparence ? « Il est important que toutes les informations d’intérêt public soient disponibles mais je doute que les autorités adoptent une telle loi, du moins pas sans un ensemble de contraintes qui la rendront inefficace », répond Abdoollah Earally.

Nandini Bhautoo, Senior Lecturer à l’Université de Maurice, constate que « beaucoup d’informations restent obscures. Il y a un fossé entre les intentions et la réalité. Une conscientisation généralisée est nécessaire pour que la pression vienne des citoyens. Si l’on attend que le gouvernement change les choses, cela prendra 100 ans ». Elle affirme aussi que les pressions contre les journalistes s’accentuent. « Quand le pouvoir ne parvient plus à contrôler son image, il cherche des bouc-émissaires. C’est une réaction de faible », dit-elle.

Dev Sunnasy, co-leader de Linion Pep Morisien, rappelle que le Premier ministre avait déclaré au Parlement que la mise en application d’une Freedom of Information Act serait compliquée. « Je ne vois pas Pravind Jugnauth venir avec ce genre de loi. Ce n’est pas en phase avec son mode de gouvernance qui est de faire les choses dans l’opacité. Même au Parlement, on n’obtient pas de réponses. La pression doit venir du peuple, des journalistes et des partis politiques. »

Pour Abdoollah Earally, « le droit à l’information est aussi important que le droit de vote car l’information permet aux électeurs de prendre les bonnes décisions ». Se basant sur des indices internationaux comme le classement annuel de Reporters Sans Frontières, il affirme que « Maurice a beaucoup reculé en 15 ans. Nous étions une référence en Afrique et dans le monde. On était un modèle de démocratie et on jouissait d’une liberté de ton. On a de moins en moins cette reconnaissance. »

Nad Sivaramen, directeur des publications de La Sentinelle, abonde dans ce sens. « Maurice est devenu le mauvais élève de la classe. Divers rapports démontrent que nous sommes sur une mauvaise pente depuis quelques années. Plusieurs signes montrent qu’on est une autocratie en devenir. (…) Tout le monde, hormis la MBC, voit qu’on opère un recul démocratique. Il y a une dictature constitutionnelle, c’est-à-dire qu’on utilise la Constitution pour régner comme des monarques. On attaque les médias, la société civile et ensuite on attaque les institutions en y plaçant des gens. »

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