La hausse du trafic maritime dans notre région fait que le pays est plus susceptible de faire l’expérience de déversements d’huile. C’est ce que concède le directeur de l’Environnement, Jogeeswar Seewoobaduth.
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Depuis le début de l’année, trois cas de déversement d’huile par des sociétés ont été enregistrés. Quelle est votre analyse ?
Souvent, les sociétés qui utilisent des Heavy Fuel Oil tombent dans une certaine routine et elles oublient les risques associés à l’utilisation de ces huiles. Il y a eu deux cas au Rivulet de Terre-Rouge en trois mois et un troisième à Pointe-aux-Sables.
Cette situation vous interpelle-t-elle ?
C’est pour cette raison que nous avons modifié la loi. Ainsi, toutes les entités qui stockent du diesel ou d’autres produits pétroliers sont contraintes de soumettre des plans de contingence dans un délai de trois à neuf mois. Il arrive qu’une société de transport, par exemple, stocke du diesel à quelques mètres seulement des habitations. Compte tenu des risques, ces plans de contingence sont nécessaires. Selon la nouvelle loi (NDLR Environment Act 2024), ces entreprises devront entreprendre des audits de l’état de leurs réservoirs. Le but est d’éviter ce genre d’incidents. Une fois qu’il y a un déversement, il est difficile de rapidement retourner à la normale. Des sanctions sont prévues si, par exemple, le plan de contingence n’a pas été soumis ou qu’une « risk assessment » n’a pas été réalisée à intervalle de deux ou trois ans.
Cela dit, les risques sont aussi bien sur terre qu’en mer, avec notamment une augmentation du nombre de navires qui passent à proximité de notre île. Le trafic maritime à Maurice a augmenté. Il y a 60 000 à 100 000 navires par an, influencés par des situations géopolitiques complexes. Les risques sont là. Nous ne sommes pas à l’abri d’un autre incident. D’où l’importance de s’y préparer avec la formation des acteurs concernés afin qu’ils puissent collaborer efficacement en cas d’accident.
Aussi, nous sommes en train de revoir notre plan de contingence qui englobe des éléments comme le risque et la préparation. Le nouveau est daté de 2023. Cela dit, c’est un document dont le contenu est dynamique et qui évoluera avec le temps, car il y aura toujours des leçons à tirer des situations rencontrées. Selon la nouvelle Environment Act 2024, qui entrera en vigueur à partir du 1ᵉr août, le plan de contingence devra être revu tous les cinq ans et de nouveaux équipements devront être acquis.
Nouvelle loi, nouveau plan de contingence, nouveaux équipements... Le pays est-il mieux préparé à faire face à un déversement d’huile comme dans le cas du MV Wakashio ?
En fait, nous avions déjà certains outils efficaces à notre disposition lorsque le Wakashio a fait naufrage. Nous sommes simplement en train de les réactualiser. Il faut reconnaître que le Wakashio était une première pour nous. Nous avons dû faire face à un déversement de plus de 800 tonnes d’huile. Toutefois, en quatre mois, nous sommes parvenus à retourner à une situation normale. C’est le résultat d’un travail bien coordonné et bien fait. Certes, nous avons connu des hauts et des bas. Nous avons tiré des leçons et ce sont justement ces leçons qui nous ont poussés à entreprendre la formation des acteurs concernés.
Vous concéderez que le mieux serait de prendre des mesures en amont ?
C’est pourquoi le gouvernement vient avec l’Areas to be avoided. L’objectif est d’établir un périmètre autour de l’île que des bateaux ne pourront franchir sans autorisation. (…) Ce qui permettra de réduire, en amont, un grand risque. Si les MV Benita, MV Angel 1 et MV Wakashio n’avaient pas été autorisés à s’approcher d’aussi près, il se pourrait que ces incidents aient pu être évités.
Et qu’en est-il des bateaux qui sont « hors de contrôle » ?
C’est vrai que les risques sont là. (…) Il faut du temps pour mobiliser les ressources nécessaires. Le gouvernement travaille en ce moment pour voir comment les pays de la Commission de l’océan Indien ainsi que d’autres pays amis peuvent nous aider dans de telles situations. Il y a des remorqueurs conçus pour différentes opérations. Nos remorqueurs sont limités. Or, si nous nous retrouvons avec des navires de 400 mètres, voire 500 mètres, qui « dérivent », à ce moment-là, ce sera inquiétant.
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