L’eSport, ou compétition de jeux vidéo, prend de l’ampleur à Maurice. Il suffit de voir le nombre de joueurs et de spectateurs présents à la Défi Mega Cup. Les organisateurs de compétitions d’eSport constatent un engouement des Mauriciens pour cette discipline.
Les jeux vidéo ne sont plus uniquement des loisirs que l’on pratique seul ou avec quelques amis le soir ou le weekend. Il s’agit également de compétitions de haut niveau avec leurs champions et leurs fans. La Défi Mega Cup qui s’est déroulée le samedi 16 et le dimanche 17 janvier 2021 au Caudan Arts Centre, Port Louis, a mis un gros coup de projecteur sur le sport électronique (eSport) à Maurice. Cinq tournois se sont disputés sur trois plateformes différentes. Il s’agissait de compétitions sur PC sur les jeux League of Legends (LoL) et Counter-Strike: Global Offensive (CS: GO), sur mobile sur le jeu PlayerUnknown's Battlegrounds (PUBG), ainsi que sur PlayStation 4 (PS4) sur les jeux Tekken 7 et Fifa 21.
Encore méconnu à Maurice, l’eSport est pourtant de plus en plus populaire, notamment chez les jeunes. Il suffit de voir le nombre de participants des différents tournois de la Défi Mega Cup. Sur Fifa 21, jeu de football où les joueurs s’affrontaient en individuel, les organisateurs ont reçu 91 inscriptions. Il a fallu étaler la compétition sur les deux jours au lieu de samedi uniquement. Quant au tournoi du jeu PUBG Mobile, les spectateurs venus assister aux matchs et soutenir les 20 équipes engagées étaient si nombreux que la salle est vite devenue trop petite.
« Je ne savais pas que pour PUBG Mobile c’était la première fois à Maurice qu’un tournoi était organisé. Je l’ai appris par des joueurs. La communauté PUBG mauricienne a montré sa passion. Des équipes ont fait l’effort de jouer jusqu’à la dernière minute des huit manches même s’ils étaient en bas du classement. Ils ont montré que ce n’est pas juste une compétition, mais plutôt un plaisir de jouer. En leur proposant des tournois, les joueurs s’intéressent de plus en plus à l’eSport. Il y a une demande pour des compétitions fréquentes, car les vainqueurs veulent défendre leurs titres et les autres veulent le leur prendre. Il y a aussi un engouement des spectateurs », commente Jahanzeb Rabbani, l’un des administrateurs d’eSports Faction, dans une déclaration au Défi Plus.
À savoir qu’eSports Faction regroupe à Maurice des joueurs d’eSport et organise aussi des compétitions.
Budget
Le budget à prévoir pour l’eSport dépend grandement du jeu et de la plateforme choisis. Par exemple, pour jouer à PUBG Mobile, il suffit d’un smartphone. Des appareils récents d’entrée de gamme, mais avec au minimum 2 gigaoctets (GB) de mémoire vive (RAM) peuvent faire l’affaire. Ils coûtent environ Rs 5 000. Mais généralement, on ne les achète pas spécialement pour jouer ce qui fait baisser le coût. « Pour des jeux sur PC comme LoL ou CS: GO, il ne faut pas nécessairement des gaming PC (ordinateurs performants adaptés aux jeux vidéo), ils peuvent être joués sur des ordinateurs normaux d’une valeur de Rs 30 000 environ. Pour les joueurs qui cherchent des performances plus poussées, on peut trouver des gaming PC à environ Rs 55 000 ou Rs 60 000 », indique Jahanzeb Rabbani.
Les jeux sur console nécessitent bien entendu l’achat d’un tel équipement. Une PS4 coûte environ Rs 16 000. Il faut ensuite acheter le jeu qui coûte environ Rs 2 000. Pour jouer en ligne, les joueurs doivent souscrire à un abonnement au PlayStation Network (PSN, dont les prix débutent à environ Rs 1 000 pour trois mois. Les jeux de sim racing peuvent être joués avec simplement une manette, mais les sim racers préfèrent les installations comprenant un volant et des pédales. « Il faut compter environ Rs 10 000 pour un volant à utiliser sur une table standard et la télévision du salon. Ensuite, on peut passer à un siège spécialement conçu pour le sim racing dont les prix débutent à Rs 15 000 », soutient Xavier Lachkar.
Bien entendu, il faut souscrire à un abonnement à internet fixe à haut débit pour jouer en ligne que ce soit sur PC ou console. Des formules débutent à partir de Rs 1 000 environ. Des connexions à internet sur mobile sont disponibles à Rs 15 par jour pour les jeux sur smartphone.
Sim racing
Une autre forme d’eSport est la simulation de course (sim racing). Il s’agit d’une compétition de jeux vidéo de courses de voitures ou de motos. À Maurice, c’est principalement sur le jeu Gran Turismo Sport sur PS4 que s’affrontent en ligne les joueurs. D’ailleurs, un groupe a été créé sur Facebook pour réunir ces amateurs de sim racing. Gran Turismo Sport Mauritius Island compte actuellement 213 membres et ce nombre ne cesse de grandir. Les joueurs peuvent simplement utiliser une console, un écran, une manette et le jeu Gran Turismo Sport. Mais beaucoup d’entre eux se créent de véritables simulateurs avec un siège, un volant et des pédales. Le tout est placé devant un écran. L’objectif est de s’immerger dans le jeu en ayant l’impression d’être à bord de la voiture.
Différentes compétitions mauriciennes de sim racing ont lieu en ligne depuis 2020. Elles sont organisées Gran Turismo Sport Mauritius Island et la Motors Formula Team (MFT) en partenariat avec le Défi Moteurs du Défi Media Group. « Plusieurs facteurs expliquent l’engouement pour le sim racing à Maurice. Il y a l’amélioration des graphiques et celle de la connectivité qui permettent d’atteindre un plus grand réalisme. Maurice est toujours un peu en retard par rapport au reste du monde, mais on a une forte progression que ce soit dans le niveau des sim racers dans leur nombre. Le niveau des sim racers à Maurice est homogène, mais le nombre de joueurs de haut niveau est limité. Le but du groupe est de fédérer les sim racers, mais aussi de leur permettre de progresser pour avoir à terme des joueurs sur le plan mondial », commente Xavier Lachkar, administrateur du groupe Gran Turismo Sport Mauritius Island, dans une déclaration au Défi Plus.
L’abus de jeux vidéo
Le débat auquel on assiste souvent, entre les amateurs d’eSport et leurs détracteurs, est l’impact du jeu vidéo sur l’attitude des joueurs et leur santé. Dans une récente interview accordée au Défi Media Group, le Docteur en psychologie du développement, Joffrey Bodet, du Centre Libellule et membre de la Société des Professionnels en Psychologie, explique que les jeux vidéo de guerre ne rendent pas plus violent, notamment chez les adolescents.
« Il n’y a pas de problématique liée à la violence des jeux vidéo. Le jeu reste symbolique et les adolescents savent qu’ils ne représentent pas la réalité. Il n’y a pas de problématique tant que l’âge minimum pour jouer à ces jeux vidéo est respecté. Tant que l’adolescent a l’âge minimum, il fait la différence entre la réalité et le jeu. Mais plus jeunes, ils ne font pas cette différence. Un adolescent ne deviendra pas violent à cause d’un jeu vidéo. Au contraire cela peut être un moyen d’extérioriser ses sentiments, comme la frustration. Par contre, l’encadrement est important. Il faut par exemple une limite de temps », affirme ce professionnel.
Le risque de l’abus de jeux vidéo est surtout lié à l’absence d’exercice physique. « Le problème n’est pas le jeu vidéo lui-même, mais il est important d’avoir un environnement encadré et équilibré entre les études (ou le travail), les loisirs et le sport », insiste Joffrey Bodet. Notons que selon des études internationales, le jeu vidéo peut devenir une dépendance pour certaines personnes dès qu’ils s’y adonnent 30 heures par semaines. Les risques peuvent être la désocialisation et l’échec scolaire chez les plus jeunes.
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