Intempéries : les drains obstrués auraient pu causer des morts, selon des pompiers

Les déchets dans les drains ont failli coûter la vie à plusieurs personnes. C’est la déclaration d’un sapeur-pompier qui était sur le terrain de mardi soir à jeudi. L’accumulation d’eau dans certaines régions découle de plusieurs facteurs. Toutefois, l’incivisme a été une des causes de l’accumulation d’eau sur l’ensemble de l’île.

« Plusieurs témoignages démontrent que certains Mauriciens n’ont pas encore pris conscience de la gravité de leurs actes », déplore le lord-maire Daniel Laurent. « Une partie de la population crie au manque d’aménagement de drains. Or, les drains existants ne sont pas utilisés comme il le faut », déplore le premier magistrat de Port-Louis.

Les témoignages les plus poignants viennent des sapeurs-pompiers, des soldats de la Special Mobile Force (SMF) et des éboueurs. À Curepipe, jeudi, cinq personnes ont été prises au piège dans leur maison. Le niveau de l’eau ne cessait de monter et les sapeurs-pompiers étaient sur les lieux. Cette eau provenait de la route en passant par un terrain en friche.

« Étrangement, il y a des drains aux alentours », affirme Ashraf Buxoo, président de l’association des pompiers. « La vie de ces gens était en danger. Par la suite, nous avons voulu comprendre pourquoi l’eau était refoulée vers la rue. » Un canal d’évacuation d’eau était obstrué par des objets en plastique. Ces déchets proviennent des zones résidentielles avoisinantes.

« Le même constat a été fait dans d’autres régions, comme à Poste-de-Flacq et Henrietta. » Les pompiers y ont effectué cinq à six sauvetages en trois heures.  

Du côté de la mairie de Port-Louis, Daniel Laurent déplore l’incivisme de certains citadins. « Depuis le début de l’année, les éboueurs municipaux nettoient les drains en prévision de la saison des pluies. Sans ces opérations, la situation dans la capitale aurait été catastrophique », affirme le lord-maire. Ce que les éboueurs municipaux ont trouvé dans les drains de Port-Louis donnent froid dans le dos. « Dans un canal de la région Port-Louis Sud, les éboueurs ont enlevé un matelas. Plusieurs autres ont été retrouvés dans des ruisseaux et c’est la rivière Latanier qui décroche la palme d’or en termes de déchets. Dans un drain de la capitale, les éboueurs ont découvert un dépotoir de vieux appareils électroménagers, dont des réfrigérateurs. Pour ajouter aux dégâts, certains ont abattu des arbres qu’ils ont jetés dans les rivières ou déposé dans les drains, en attendant que les grandes crues les emportent. »

Daniel Laurent affirme qu’un des drains ciblés a été le Canal Anglais. Vu le nombre de déchets retirés de ce drain, une simple obstruction aurait causé une accumulation d’eau mortelle dans les régions de Vallée-Pitot et Cité-Martial, entre autres. Hier encore, les débris postcycloniques, composés principalement de branches et d’arbres, gisaient dans les drains de Port-Louis, dont la région du Ward 4. « Je demande aux citadins de faire preuve de bons sens. Ne vous mettez pas en danger », exhorte le lord-maire.

La National Development Unit explique

Dans un document qu’elle nous a fait parvenir, la National Development Unit (NDU) explique les causes des inondations, cela suite à une étude menée à Maurice.

Une évaluation récente effectuée par les autorités gouvernementales sur les principales causes d’inondation, basée sur les informations fournies par divers organismes (gouvernementaux et parapublics), révèle que les inondations/ accumulations d’eau étaient causées par plusieurs facteurs :

• topographie (zones basses)
• changements apportés par un nouveau développement, en termes d’étanchéité du sol et d’altération de la surface. Ce qui influence les processus d’infiltration des eaux vers les nappes souterraines
• empiétement sur les plaines inondables et les cours d’eau, réduisant la capacité des drains naturels
• construction le long des voies de drainage naturelles, des zones humides anciennement remblayées et des zones où le niveau de la nappe phréatique est élevé
• obstacles aux systèmes de drainage, tels que les obstructions, envasement et empiétement

Selon les observations de la Mauritius Fire and Rescue Services (MFRS), la principale cause d’inondation, soit dans plus de 50 % des cas, c’est la topographie et l’obstruction des drains, ainsi que les dépôts illégaux de déchets volumineux près des cours et voies d’eau. La MFRS a aussi noté que les drains naturels dans les zones agricoles ont été modifiés.

Les projets à venir

Le gouvernement a voté Rs 720 millions pour la réalisation de plus de 450 projets de drains pour l’année 2017-2018. D’importants projets ont déjà été complétés dans des zones touchées par les inondations : Amaury, Barlow, Amitié, Gokhoola, Mapou, Canal-Dayot, Bell-Village, jusqu’à Sable-Noir et Vallée-Pitot. De grands projets sont en cours à Péreybère, Grand-Baie (Camp Carol) et Argy (Flacq). Des études approfondies ont également été menées dans des zones critiques telles que Fond-du-Sac, Clemencia, Sébastopol et Pamplemousses. Des procédures d’acquisition obligatoire de terres ont été initiées avant la mise en œuvre des projets. Des consultants seront nommés prochainement pour des études détaillées à Coromandel, Trois-Boutiques, New-Grove et Poste-de-Flacq. Le projet à Fond-du-Sac est estimé à Rs 125 millions, Rs 60 millions à Clémencia, Rs 28 millions à Sébastopol et Rs 75 millions à Pamplemousses. Les travaux débuteront entre janvier et août 2018. La Land Drainage Authority démarrera ses consultations en vue d’émettre des plans-cadres.