La tragédie survenue le dimanche 3 mars 2024 à Arsenal, qui a coûté la vie à six personnes, relance le débat sur la taille des kanwars. Un incident similaire s’était déjà produit l’année dernière à Mare-Longue, entraînant la mort de deux jeunes qui étaient âgés de 22 et 34 ans. Face à ces drames, certains appellent à l’introduction d’une législation ou de règlements pour limiter les dimensions de ces structures. Cependant, les avis sont partagés.
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Chaque drame est un drame de trop. Le débat sur les dimensions des kanwars est relancé par l’incendie qui a coûté la vie à six pèlerins le dimanche 3 mars 2024. Un incident similaire avait eu lieu l’an dernier à Mare-Longue, entraînant la mort de deux jeunes. Un comité ministériel, présidé par le ministre des Arts et du Patrimoine culturel Avinash Teeluck, en collaboration avec des associations socioculturelles et la Traffic Branch de la police, avait émis une série de recommandations le 31 janvier 2024, dans l’espoir d’éviter ce type de tragédie.
Mais est-ce suffisant ? Ne serait-il pas temps de légiférer pour garantir que les consignes sont scrupuleusement suivies pour la sécurité de tout un chacun ? Au sein du gouvernement, l’idée d’élaborer un projet de loi pour réglementer les dimensions des kanwars fait l’objet d’une réflexion approfondie. Les autorités soulignent toutefois l’importance d’impliquer les représentants des associations socioculturelles et d’autres organisations afin de parvenir à un consensus éclairé sur la marche à suivre.
« Nous prévoyons d’entamer des discussions à ce sujet, en prenant le temps nécessaire pour une réflexion approfondie. Il est difficile de fournir une réponse immédiate car cette question requiert une analyse détaillée. Les représentants des associations socioculturelles doivent être pleinement impliqués, vu que le sujet est particulièrement délicat. Il est essentiel de solliciter l’avis de toutes les parties concernées. Tout projet de loi doit faire l’objet de consultations appropriées », déclare-t-on au gouvernement.
En ce qui concerne la pertinence d’introduire une loi ou une réglementation, il est souligné que dans les deux cas, ces instruments juridiques ont une force exécutoire similaire. Cependant, la décision ultime dépendra de la nature et de la portée des mesures envisagées, ainsi que des procédures législatives appropriées pour les mettre en œuvre efficacement et équitablement.
Navin Unoop, vice-président de la Voice of Hindu (VoH), est d’avis que l’introduction d’une loi régissant la taille des kanwars est une mesure plus que raisonnable. « Il est essentiel de tirer des enseignements du passé. La VoH avait préconisé l’introduction d’une loi dès février 2024 à la suite de l’incendie tragique d’un kanwar à Mare-Longue. Nous avons maintes fois souligné que les autorités, y compris la force policière, devraient inspecter les structures et délivrer un certificat de conformité (‘fitness’) avant que les pèlerins ne prennent la route », explique-t-il. Il assure que les pèlerins se rendant au lac sacré de Grand-Bassin suivront scrupuleusement les règlements édictés par les autorités.
Cependant, Navin Unoop souligne l’importance pour le gouvernement de ne pas tarder à promulguer cette loi. Il estime que la hauteur des kanwars ne devraient pas dépasser trois mètres, ce qui limiterait la taille totale de la structure, une fois portée par les pèlerins, à moins de cinq mètres. En ce qui concerne la largeur, incluant les pèlerins, elle ne devrait pas, selon lui, excéder une voie de circulation. Navin Unoop suggère également que les kanwars soient construits en bambou.
L’avocat Yaadav Damree est lui aussi d’avis que tout kanwar, ou toute structure associée à une célébration religieuse, doit être conçu d’une taille suffisante pour éviter tout contact avec des câbles électriques ou des lignes de distribution. Il estime que les autorités devraient évaluer la hauteur minimale des poteaux du Central Electricity Board (CEB) ou de la Mauritius Telecom, et réglementer en conséquence la hauteur des structures.
« Il est impératif de mettre en place une réglementation pour encadrer les dimensions des kanwars. Des directives ont déjà été émises par les autorités. La loi devrait non seulement régir les dimensions obligatoires des kanwars, mais également instituer des mesures de régulation. Un des aspects à prendre en considération est la tension de la batterie », propose-t-il.
L’observateur Faisal Jeerooburkhan souligne l’importance pour le gouvernement d’instaurer une régulation afin de standardiser les dimensions des kanwars utilisés lors du pèlerinage vers le lac sacré de Grand-Bassin. Il rappelle que les autorités ont déjà émis une circulaire conseillant de ne pas construire de grandes structures en raison de préoccupations sécuritaires, ce qui renforce la nécessité d’une régulation officielle. Il estime ainsi qu’il est crucial de revoir non seulement la hauteur des structures, mais aussi leur largeur, leur longueur et surtout leur poids.
Un groupe de pèlerins modifie son kanwar
Un groupe de pèlerins a modifié son kanwar par souci de sécurité. Concrètement, le dôme situé sur la structure a été réduit à une hauteur de 14 pieds, soit un peu plus de deux mètres. « Je demande aux pèlerins de réduire la hauteur de leurs kanwars. Si vos structures sont trop grandes, partez en pèlerinage les mains vides. L’accomplissement de votre ‘Yatra’ est ce qui importe le plus », souligne l’un des participants.
Bushan Ghoorbin, du MSDTF : « Chacun devrait transporter son kanwar sur ses épaules »
« Ce n’est pas l’heure de parler de loi. Des ‘guidelines’ ont été émises par les autorités. Rien ne se serait produit si certains pèlerins s’étaient pliés à ces recommandations », fait ressortir Bushan Ghoorbin, président de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation. Ce dernier est d’avis qu’une solution sera trouvée mais après des concertations entre diverses associations socioculturelles. « Elles doivent s’asseoir autour d’une table car les avis divergent concernant la tenue du pèlerinage pour les années à venir. Mais de mon point de vue, chaque pèlerin devrait transporter son ‘kanwar’ sur ses épaules », dit-il.
Recommandations
Le gouvernement avait émis une série de recommandations le 31 janvier 2024, à la suite de l’incident survenu à Mare-Longue qui a fait deux morts. Les consignes avaient été émises par le comité ministériel présidé par le ministre des Arts et du Patrimoine culturel Avinash Teeluck, en collaboration avec des associations socioculturelles et la Traffic Branch.
Dans la pratique, il était conseillé aux pèlerins de construire des structures ne dépassant pas trois mètres de hauteur pour éviter tout contact avec les câbles à haute tension du CEB et pour faciliter le passage sous les passerelles et autres autoponts. La largeur maximale recommandée est de deux mètres afin de ne pas perturber le trafic routier.
Les pèlerins étaient également priés d’éviter tout contact avec les poteaux électriques, de ne pas grimper dessus et de ne pas manipuler les câbles électriques à haute tension. L’utilisation de générateurs alimentés par du carburant était également découragée. Seuls les générateurs de basse tension d’une capacité maximale de 12 volts (V) étaient autorisés, à condition qu’ils soient placés dans des zones bien ventilées pour prévenir l’accumulation de gaz nocifs. Les pèlerins étaient également encouragés à inspecter régulièrement les générateurs pour détecter tout signe de dommage et le résoudre immédiatement pour des raisons de sécurité.
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