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Incendie de la station de transfert de Roche-Bois - Tri des déchets : une nécessité impérieuse

La station de transfert de Roche-Bois a été la proie des flammes le samedi 27 juillet.
  • 70 % des déchets du pays sont organiques et peuvent être valorisés

L’incendie qui a éclaté à la station de transfert de Roche-Bois relance le débat sur la gestion des déchets. Dans une déclaration au Défi Quotidien du lundi 29 juillet 2024, Bhagutsingh Beerachee, directeur de la Solid Waste Management Division du ministère de l’Environnement, a indiqué que « de premières observations indiquent que des déchets inflammables qui ne sont pas supposés être au centre de Roche-Bois s’y trouvaient. Il faudra à présent attendre les résultats de l’enquête pour en savoir plus ». Nous avons tenté de joindre l’opérateur de la station de transfert de Roche-Bois lundi, mais celui-ci est resté injoignable. Il s’agit d’une compagnie privée basée dans le nord du pays.

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Quels types de déchets sont acheminés vers la station de transfert de Roche-Bois ? Selon le ministère de l’Environnement, il s’agit principalement de déchets domestiques et commerciaux, des déchets de construction (tels que des matériaux de démolition, morceaux de bois et clous), des déchets de marché ainsi que des déchets marins. « Cela exclut les produits chimiques. Il n’y a pas de tri car les éboueurs savent d’emblée que certains déchets ne doivent pas être collectés », indique-t-on. Chaque station de transfert du pays, cinq au total, contrôle néanmoins les déchets à l’entrée pour éviter les anomalies.

Qu’en est-il des déchets chimiques ? La réponse se trouve à l’Interim Storage Facility for hazardous wastes, située à La Chaumière. « Cette unité de stockage est destinée aux déchets inflammables, chimiques, pharmaceutiques, contenant des métaux liquides et pesticides, ainsi qu’aux déchets dangereux comme les fioles de parfum et autres aérosols », soutient le ministère de l’Environnement. Cet espace, fermé et sécurisé, respecte les standards internationaux en matière de gestion des déchets dangereux, en vertu des conventions de Bamako et de Bâle, affirme-t-on.

Cependant, font ressortir Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement et océanographe, et Sunil Dowarkasing, expert en développement durable, 70 % des déchets du pays sont organiques, ce qui représente une opportunité pour la valorisation et le compostage. « Il aurait fallu séparer les déchets verts des autres déchets. Le tri des déchets n’est plus une option, mais une nécessité impérieuse. On élimine ainsi 70 % du volume des déchets. On valorise les métaux et le plastique. Oui, il aurait fallu trier le plastique du carton et du métal », avance Vassen Kauppaymuthoo. 

Il souligne l’importance de réhabiliter nos sites de traitement des déchets. « Ce qui s’est produit à Roche-Bois démontre l’ampleur du problème. Il faut commencer par le tri des déchets. Cela doit impérativement être mis en place pour le bien-être de tous », insiste-t-il.

Vassen Kauppaymuthoo appelle à une action immédiate et décisive. « Il faut attaquer le problème à la source. Le tri, le recyclage et la valorisation des déchets doivent être nos priorités. » Pour lui, il est essentiel d’adopter une gestion des déchets proactive pour prévenir d’autres catastrophes écologiques et garantir un environnement plus sain et durable pour tous.

Sunil Dowarkasing abonde dans le même sens. 

« Il faut faire le tri, mais pas de manière décousue. Il faut commencer par un projet pilote. Il faut une approche holistique pour régler le problème de gestion des déchets. » Toutefois, le défi le plus important, selon lui, reste l’état d’esprit des Mauriciens vis-à-vis des déchets. « Nous avons un ‘mindset’ un peu ‘foupamalisme’. Les Mauriciens ne sont pas prêts à relever le défi écologique. » 

Au ministère de l’Environnement, on indique bénéficier du soutien financier de l’Agence française de développement et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour appliquer un système de tri des déchets ménagers. « Il est crucial de mettre en place un cadre légal approprié. Cela comprend la mise en place d’unités de tri et de compostage des matières organiques, comme les résidus alimentaires et de jardin (voir encadré). Le dossier est actuellement au niveau du State Law Office car la mise en œuvre de cette mesure nécessite des amendements législatifs », précise-t-on.


Des installations de tri et de compostage en opération d’ici 2026

Dans une interview accordée à Le Dimanche/L’Hebdo, dans l’édition du 28 juillet, le ministre Kavy Ramano a fait savoir que « le projet de construction et d’opération de deux centres de compostage et de tri est en cours de finalisation. Quelque 260 000 tonnes de déchets seront acheminées vers ces centres de traitement ».

Le gouvernement, a-t-il ajouté, finalise actuellement le processus de passation de marché pour la mise en place de deux installations régionales intégrées de traitement des déchets pour le compostage de la fraction organique (déchets alimentaires et verts) et le tri de la fraction sèche (papier, plastiques, carton, métal). 

« Ces installations seront soutenues par un système de tri à la source robuste au niveau des ménages et des entreprises, basé sur un système de trois bacs. Le contenu des deux premiers bacs, à savoir la portion organique et la portion recyclable sèche, sera acheminé vers les installations de traitement des déchets », devait-il informer. 

Le contenu du troisième bac, considéré comme des déchets résiduels qui ne peuvent être ni compostés ni recyclés, sera éliminé par enfouissement. Les installations devraient entrer en opération d’ici fin 2026 et détourner environ 48 % des déchets du site d’enfouissement de Mare-Chicose.

La station de Roche-Bois sera relocalisée

La station de transfert de Roche-Bois, d’une capacité d’accueil de 300 à 400 tonnes, est fermée jusqu’à nouvel ordre à la suite de l’incendie survenu samedi dernier. Pour assurer la continuité de la collecte, les déchets sont désormais acheminés vers les stations de Poudre-d’Or et de La Chaumière, d’une capacité de 150 - 200 tonnes et 400- 500 tonnes, respectivement. Bien que ces deux stations devront gérer un volume supplémentaire de déchets, le ministère de l’Environnement assure que cela n’aura « aucune incidence » sur leurs opérations.

« Il y aura plus de voyages vers le centre d’enfouissement de Mare-Chicose, mais le volume total de déchets qui y seront acheminés restera inchangé. D’ailleurs, il n’y a pas de temps d’attente à Mare-Chicose contrairement à ce qui a été dit », souligne le ministère. Information confirmée lundi matin par le responsable du centre d’enfouissement de Mare-Chicose. 

Une fois la situation normalisée, les activités reprendront à la station de transfert de Roche-Bois, située dans la circonscription n°3 (Port-Louis Est/Port-Louis Maritime), ajoute-t-on. Cependant, après l’incendie qui s’y est produit, des voix, notamment celle du député Ehsan Juman, se sont élevés pour que celle-ci soit relocalisée. Au ministère de l’Environnement, on confirme que « la station sera relocalisée car elle se situe dans une zone résidentielle. Le dossier est en phase embryonnaire ». Ce projet, explique-t-on, dépend de plusieurs facteurs clés. « Les autorités concernées, comme le ministère de l’Environnement et le ministère des Terres, prennent le dossier au sérieux », précise-t-on.

 

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