Si un certificat d’immatriculation était falsifié, la supercherie aurait dû être détectée par les examinateurs des centres délivrant le ‘fitness certificate’. C’est l’orientation donnée dans l’enquête de la CID de Port-Louis Nord.
Le ‘Vehicle Examination Centre’ de la National Transport Authority (NTA) situé à Plaine-Lauzun va prochainement traverser une zone de turbulence. Ses principaux responsables devront s’expliquer dans les jours à venir sur la falsification des certificats d’immatriculation, connu comme ‘horsepower’, mis à jour par la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis Nord.
L’enquête ouverte la semaine dernière a déjà établi que la puissance de nombreuses grosses cylindrées d’un certain âge a été « diminuée » sur papier contre paiement d’un pot-de-vin à des fonctionnaires de la NTA. Cette pratique entraîne un manque à gagner pour l’Etat, les propriétaires de ces véhicules ne payant pas plus de Rs 10 000 pour le renouvellement de leur ‘horsepower’. Ils ne règlent qu’une modique somme de Rs 4 000 car, « officiellement », leurs bolides sont équipés de « petits » moteurs.
Même si les responsables du centre de Plaine-Lauzun peuvent avancer qu’ils n’ont strictement rien à faire dans la falsification de ces ‘Registration Books’, ils auront du mal à justifier le fait qu’aucun examinateur n’a noté que ces véhicules circulent encore avec leurs moteurs d’origine. D’après le protocole de la NTA, un examinateur doit vérifier le numéro de série du moteur d’un véhicule lors d’un contrôle afin de le corroborer avec le certificat d’immatriculation avant d’accorder le ‘fitness certificate’.
Tout laisse croire à l’équipe de l’assistant surintendant de police Hector Tuyau et de l’assistant commissaire de police Rajcoomar Seebah que les véhicules aux certificats falsifiés n’ont même pas été aux contrôles techniques. En clair, les propriétaires ne se sont jamais déplacés jusqu’au centre de Plaine-Lauzun. Tout se faisait donc « dan lanvlop », de l’aveu d’une source proche des Casernes centrales.
À mercredi après-midi, un total de quatorze suspects ont été arrêtés et inculpés pour faux et usage de faux. Entendue mardi après-midi, Bibi Raveeda Jhootoo, 54 ans, a échappé à une comparution en cour de Port-Louis mercredi 20 janvier pour la Toyota Estima Emina enregistrée en son nom. Son fils, Eshan Mohamed Jhootoo, a finalement reconnu avoir approché des fonctionnaires de la NTA pour falsifier le ‘horsepower’ du véhicule.
Agé de 30 ans, l’habitant de La Caverne, Vacoas, avait d’abord prétendu aux enquêteurs avoir remplacé son moteur de 2 100cc par un autre de 1 400cc il y a deux mois. Comme le certificat d’immatriculation avait été modifié dès 2014, ce qui démolissait sa version, sa mère allait être inculpée à sa place. Il a finalement préféré passer aux aveux afin d’éviter à celle-ci de comparaître en Cour.
Quatre autres suspects se sont donc présentés à une convocation des enquêteurs dans la journée d’hier. Parmi, l’on dénombre Kurrun Girdharry, un ‘Vehicle Examiner’ de la NTA affecté au centre de Plaine-Lauzun et qui habite Petit-Raffray. Les trois autres suspects sont des propriétaires de véhicules dont les certificats d’immatriculation ont été falsifiés : Ramjeet Jamodarsing, 40 ans, de Montagne-Longue ; Conrad Emmanuel Law Lam, 20 ans, et Bahnu Raj Parbeteeah, 48 ans, de Chebel. Les deux derniers ont fait modifier le ‘horsepower’ de leurs voitures Audi et d’un 4x4.
D’autres suspects sont attendus ce jeudi matin et il n’est pas exclu que l’enquête s’oriente aussi vers le centre de Forest-Side, la Toyota Estima Emina de Bibi Raveeda Jhootoo, mais conduit par son fils, Eshan Mohamed Jhootoo, y ayant été examinée.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !