Après « le choc » occasionné par l’éclatement au grand public de l’affaire des honoraires de Rs 19 millions réclamées par l’avocat Kailash Trilochun pour représenter l’Information Communication and Technologies Authority (Icta), des voix s’élèvent réclamant que l’avocat rembourse cette somme.
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« Ce n’est pas raisonnable ». C’est en ces termes que Pitch Vencatasamy, membre de Think Mauritius, décrit toute l’affaire entourant les honoraires perçus par l’avocat Kailash Trilochun pour représenter l’Icta en Cour suprême dans un procès intenté par Emtel. « Je suis d’avis que si la somme qu’il a réclamée est exagérée, alors il devrait en rembourser une partie après que les deux parties sont tombées d’accord. Au final, c’est l’argent du contribuable qui est concerné », dit-il.
Il n’est pas le seul à tenir ces propos. Certains membres du barreau et la classe politique avancent que les honoraires sont « excessifs ». Un Senior Counsel déclare que même un ténor du barreau ne pourrait réclamer le montant réclamé par Me Kailash Trilochun. « Il faut se demander si le montant est justifié. Il faudrait, selon moi, qu’il en rembourse une partie », dit-il sous le couvert de l’anonymat.
Intervenant à l’Assemblée nationale mardi, le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, s’est dit « choqué » par le montant. Peu après, c’était au tour du ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, beau-frère de l’avocat qui s’est lui aussi dit « choqué » par ce chiffre. Cette nouvelle affaire risque de mettre à mal le gouvernement. D’où le fait, selon certaines sources proches du pouvoir, qu’un puissant lobby se met en place pour demander à l’avocat de rembourser une partie des Rs 19 millions afin de minimiser les éclaboussures sur le gouvernement.
Cette affaire est du pain béni pour l’opposition qui n’a pas tardé à l’exploiter. Lors d’un congrès vendredi soir à Goodlands, le leader du Parti travailliste Navin Ramgoolam a demandé à sir Anerood Jugnauth « de réclamer à ce qu’une partie des honoraires retourne dans les caisses de l’État ». Et de rajouter une couche : « Des sanctions doivent être prises contre les membres du conseil [d’administration] de l’Icta. Pourtant, un avocat comme Kailash Trilochun n’est pas au même rang que sir Hamid Moollan (QC), ou Dhiren Daby (SC) ».
Un autre point soulevé concerne les dispositions du Procurement Act qui régit les marchés publics. Les dispositions de cette loi n’auraient pas été respectées selon Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection des consommateurs et de l’environnement (Apec).
« Selon les dispositions de la Procurement Act et les principes de la bonne gouvernance, pour tout paiement excédant Rs 5 millions, on doit avoir recours à un appel d’offres. Dans le cas de Me Kailash Trilochun, le montant est de Rs 19 millions. Il est clair, à mes yeux, qu’il y a eu violation des dispositions de la loi. Il faudrait que les organismes concernés réfèrent le cas aux autorités compétentes afin qu’il y ait enquête et que la justice puisse être saisie », dit-il.
Selon le président de l’Apec, le cas devrait être pris par une cour de justice qui devra situer les responsabilités et trancher si l’avocat doit rembourser l’État, tout en sanctionnant toute violation de la loi.
Par rapport aux responsabilités, Pitch Vencatasamy soutient qu’il y a plusieurs aspects, par exemple : qui a approuvé un tel paiement. « Même si certaines personnes, pour X raisons, réclament ce que bon leur semble, cela ne veut pas dire que l’on doit aveuglement se plier à leur diktat », dit-il. Et d’ajouter qu’il faut situer les responsabilités.
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