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Post-Budget : le FMI approuve la stratégie du GM pour des finances publiques durables

Mariana Colacelli, cheffe de mission du FMI pour Maurice.

Garantir une hausse des recettes fiscales sans freiner la croissance économique ni pénaliser les plus vulnérables : les réformes apportées dans le dernier Budget vont dans cette direction, observe le Fonds monétaire international dans son article « L’économie mauricienne dépend de finances publiques durables », publié le 15 juillet. L’institution souligne que la réussite de cette démarche dépendra d’une mise en œuvre prudente et bien séquencée des mesures.

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Le contexte

« Autrefois habitat d’origine du célèbre dodo, aujourd’hui symbole national, Maurice illustre bien l'importance des efforts de conservation et de durabilité. Les économies sont également façonnées par l'action humaine, y compris la politique fiscale. Maurice peut se prévaloir d’un parcours remarquable : passée d’une économie agricole à une économie diversifiée et à revenu intermédiaire supérieur », soulignent Mariana Colacelli et Felix Simione. Toutefois, avancent-ils, de nouveaux défis émergent pour le pays : une dette publique élevée, des besoins croissants en investissements publics, une productivité en berne et une population vieillissante. Pour y faire face, la politique budgétaire devrait être recalibrée afin de préserver « le dodo » d'aujourd'hui : une prospérité économique inclusive, insistent-ils.

Ce que pense le FMI sur…

… les mesures de viabilité budgétaire

Dans son Budget 2025-2026, le gouvernement mauricien place la soutenabilité fiscale au cœur de ses priorités. L’objectif : redresser les finances publiques tout en assurant une croissance inclusive et durable. « Dans notre dernier Article IV sur Maurice et nos Selected Issues Papers, nous proposons plusieurs leviers pour soutenir cette transition : améliorer la mobilisation des recettes, réformer le système de pension et accroître l’efficacité des dépenses. Le Budget récemment présenté s’aligne largement sur ces recommandations », indique le FMI.

Ce que vise le gouvernement

  • Une hausse des recettes fiscales de plus de 2 % du PIB en 2025-2026
  • Une réduction des dépenses publiques de plus de 1 % du PIB en 2025-2026

Cette stratégie devrait permettre de faire passer le ratio de la dette publique de 87 % du PIB en 2024 à 75 % d’ici 2030.

… l’optimisation des dépenses

Pour le FMI, il existe aussi un potentiel pour rationaliser les transferts fiscaux mal ciblés et régressifs. « Les subventions sociales à Maurice, dans de nombreux cas, touchent relativement peu de personnes pauvres. Par exemple, seuls 11 % des bénéficiaires du programme d'aide sociale sont considérés comme pauvres », souligne l’institution. Selon le FMI, le Budget propose de réaliser des économies en supprimant progressivement certaines subventions peu ciblées. « Les économies ainsi réalisées permettront de dégager une marge de manœuvre budgétaire pour financer des programmes ciblés en faveur des plus vulnérables, tout en rendant la politique budgétaire plus durable. Contrairement au dodo, aujourd'hui disparu, l'économie mauricienne continuera de prospérer tant que la viabilité budgétaire sera assurée », conclut l’institution.

… l’augmentation des recettes fiscales

Étant donné que les exonérations fiscales sont élevées – elles représentaient 4,6 % du PIB en 2024-2025 –, le nouveau Budget vise à supprimer certaines exonérations de la TVA et des droits d'accise, comme celles qui concernent la construction, l'immobilier et les véhicules électriques. Le Budget abaisse également les seuils de paiement de l'impôt et augmente les nouvelles taxes. « La mise en œuvre et l'enchaînement de ces réformes devraient limiter tout impact négatif potentiel sur la croissance économique, tout en protégeant les plus vulnérables », font valoir Mariana Colacelli et Felix Simione.

… la réforme des pensions

Pour le FMI, il est possible de rendre les dépenses de pension plus durables. D’autant plus que les prestations sont plus élevées, combinées à l’augmentation constante du nombre de bénéficiaires, ce qui accentue la pression sur les finances publiques. « Le maintien du système actuel impliquerait une redistribution intergénérationnelle significative des jeunes générations vers les plus âgées, car la cohorte des jeunes (relativement petite) devrait faire face à des impôts plus élevés pour financer les pensions de la cohorte des plus âgés (plus nombreuse) », souligne le FMI. L’alignement progressif de l’âge d’éligibilité à la BRP sur l’âge officiel de la retraite, soit 65 ans, permettrait de rendre le système plus durable tout en limitant les inégalités intergénérationnelles et en protégeant les plus vulnérables, explique le FMI. « Le Budget va dans ce sens », ajoute l’institution.

Ces données mises en avant par le FMI

  • Depuis 2019, les prestations versées dans le cadre de la Basic Retirement Pension (BRP) – accessible à tous les Mauriciens âgés de 60 ans et plus – ont plus que doublé.
  • D’ici les trente prochaines années, le ratio de dépendance des personnes âgées à Maurice devrait doubler.

Mariana Colacelli est cheffe de mission du FMI pour Maurice, et Felix Simione est économiste senior au Département Afrique du FMI.

 

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