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Hausse des cas de Covid-19 : le cluster « mariaz » jette un froid sur l’euphorie de la réouverture

Le cluster « mariaz » jette le désarroi dans le pays

Du samedi 3 juillet à hier, 161 cas positifs de Covid-19 ont été recensés. Cette tendance à la hausse, après une certaine diminution, est largement imputée au cluster « mariaz ». De quoi susciter doutes et appréhensions à quelques jours de la réouverture des frontières. 

Il n’a suffi que d’un mariage, organisé dans le non-respect des mesures alors en vigueur, à la fin du mois de juin, à Vallée-des-Prêtres, pour que tout parte en vrille. Depuis le pays ne cesse de compter les cas positifs de Covid-19. 

Du samedi 3 juillet à hier, 161 cas positifs au total ont été recensés. Alors même que dans quelques jours, soit le jeudi 15 juillet, Maurice rouvrira ses frontières. De quoi jeter un froid sur l’optimisme, voire l’euphorie que cette réouverture avait suscité.

Constat aujourd’hui : six localités ont été décrétées « zone rouge ». Des entreprises ont dû temporairement fermer leurs portes pour un exercice de désinfection ou placer leur personnel en quarantaine. Quatre établissements scolaires ont également été fermés pour être désinfectés, quelques jours à peine après la rentrée des classes en présentiel le lundi 5 juillet.

Pourtant, Maurice semblait si bien parti avec une tendance à la baisse du nombre de cas actifs. Le mariage à Vallée-des-Prêtres a changé la donne. Dans un premier temps, 11 cas positifs de la Covid-19 au sein d’une même famille sont détectés, suivant ce rassemblement. Le 1er juillet dernier, les autorités décident de décréter le morcellement Foondun à Terre-Rouge zone rouge, 22 autres cas positifs ayant été détectés dans la localité.

Effet boule de neige. D’autres localités passent rapidement au « rouge ». Au 4 juillet, 18 cas sont détectés à Vallée-des-Prêtres ;18 à Plaine-Verte ; 10 à Cité Martial ; 8 à Le Hochet (Terre-Rouge) ; et 3 à Vallée-Pitot. 

Le cluster « mariaz » a engendré, à lui seul, plus d’une centaine de cas positifs de la Covid-19, dont à Coromandel et Port-Louis. Si certains sont directement liés au mariage, d’autres sont des cas contacts retracés par les officiers du ministère de la Santé. Des cas liés à ce cluster ont aussi été dépistés dans les Covid-19 Testing Centres, notamment à l’hôpital SSRN de Pamplemousses et à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo.

N’empêche qu’il ne s’agit pas des seuls cas recensés. Et, surtout, ces derniers ne sont pas tous liés au cluster de Terre-Rouge. C’est notamment le cas d’un membre du personnel du Brown Séquard Mental Health Care Centre qui a été infecté. De nouveaux cas ont également été détectés dans diverses régions, soit un habitant de Camp-Diable testé positif à l’hôpital Jawaharlal Nehru ; à Petite-Julie ; et à Rose-Hill. Un cas a également été recensé à l’hôpital Dr Bruno Cheong de Flacq, le vendredi 9 juillet. Les liens épidémiologiques sont en cours d’investigation. 

Tout ceci démontre que le virus de la Covid-19 circule bel et bien dans le pays. Et qu’il peut être n’importe où. 


Le pays a enregistré 485 cas positifs de Covid-19 du 12 juin au 9 juillet. Ce qui représente une moyenne de 17,3 cas par jour. Après les 179 cas détectés durant la semaine du 12 au 18 juin, la tendance était nettement à la baisse la semaine suivante (19 au 25 juin) avec 62 cas. 

Une semaine plus tard (26 juin au 2 juillet), le nombre de cas a de nouveau augmenté, passant à 83 avant d’atteindre 161 pour la semaine du 3 au 9 juillet.

graph cas covid

Collèges, entreprises, corps parapublics pas épargnés

Des entreprises n’ont pas été épargnées avec la détection de plusieurs cas. Citons Cim Finance, qui a dû fermer ses bureaux de Port-Louis pour une désinfection après qu’un employé a été testé positif le lundi 5 juillet. Les opérations ont depuis repris normalement à ses bureaux aux rues Edith Cavell, St Georges et Brown Séquard.

Du côté de Princes Tuna, déjà touchée par des cas de Covid-19 il y a quelques semaines, deux de ses employés ont été testés positifs durant la même journée. Ils travaillent dans le département « emballage » qui se situe à la Mauritius Freeport Development. Selon la compagnie, ces cas ne sont pas liés aux dortoirs de Princes Tuna ni à l’équipe de production de l’entreprise.
L’enseigne de « fast-food » DILS, située à Rose-Hill, est également fermée temporairement depuis mardi. Cela, suivant la contamination d’un livreur externe.

Et ce n’est pas tout. Un employé de la distillerie de bioéthanol d’Omnicane, à La Baraque dans le sud, a également été testé positif lundi. Quelques jours plus tôt, soit le vendredi 2 juillet, c’est un employé de Novaterra qui l’a été. Les travailleurs directement en contact avec lui ont été soumis à un test de dépistage et sont en auto-isolement jusqu’à nouvel ordre. Un exercice de désinfection complète des locaux a également été mené, tout comme un dépistage massif du personnel.

Par ailleurs, plusieurs employés du supermarché Winner’s de Terre-Rouge ont aussi été placés en quarantaine durant la semaine. Ils sont liés au cluster « mariaz ». 

Des employés de la Wastewater Management Authority de La Brasserie sont, eux, en auto-isolement. Un collègue a été testé positif durant la semaine. Un vaste exercice de contact tracing mais aussi de dépistage a démarré.

La Cargo Handling Corporation Ltd n’y a également pas échappé. Le samedi 3 juillet, un employé s’est avéré positif à la Covid-19. Ce cas est lié au cluster de Terre-Rouge. Tous ceux qui ont été en contact avec lui ont rapidement été isolés et ont subi un test PCR. Les opérations n’ont pas été affectées, selon Sanjeeven Permall, président du conseil d’administration. 

Idem pour la MauBank. Quelques jours après ses succursales de Port-Louis (rue Pope Hennessy) et Ébène, cela a été au tour de celle de Flacq de fermer ses portes temporairement en début de semaine, après un cas positif de Covid-19. Les employés de la succursale de Flacq étant en quarantaine, une nouvelle équipe va assurer les opérations de la banque. 

Chez Polytol, c’est le showroom de Riche-Terre qui a dû fermer lundi et mardi, après la contamination de trois employés. Ceux qui ont été en contact avec eux ont déjà été placés en quarantaine dans différents centres. Le premier cas dépisté est lié au cluster de Terre-Rouge. 


30 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures

Onze nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés dans les 1 475 tests PCR qui ont été effectués à 17 h 30 le vendredi 9 juillet. Ces cas sont venus s’ajouter aux dix-neuf autres annoncés dans la matinée du même jour. Ceux-ci proviennent des tests PCR dont les résultats ont été obtenus dans la soirée du 8 juillet. Ce qui porte le nombre à 30 en 24 heures. 

30 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés en 24 heures. C’est ce qu’indique le communiqué du ministère de la Santé en fin d’après-midi le vendredi 9 juillet. Dans la matinée, dix-neuf nouveaux cas de la maladie avaient été annoncés. Ils découlent des résultats obtenus tard dans la soirée du 8 juillet sur les 2 021 tests PCR effectués. De ce nombre, quatorze ont été détectés à travers la recherche de contacts. Quatre autres cas ont été dépistés au jour sept de la quarantaine de patients et un dernier cas a été détecté au Covid-19 Testing Centre de l’hôpital Dr Bruno Cheong. 

Après avoir été épargné pendant quelques semaines, le Sud a enregistré de nouveaux cas. Huit cas ont été dépistés au Covid-19 Testing Centre de l’hôpital Jawaharlal-Nehru à Rose-Belle. 

Il y a deux habitants de Rose-Belle, un de Britannia, un d’Union Park ; deux de Nouvelle-France et deux de Cluny. Dans sept des huit cas, les liens épidémiologiques ont été établis alors que le huitième est en cours d’investigation. 

Un autre cas a été détecté au jour sept en quarantaine. Deux cas ont été détectés à la suite de l’exercice de recherche de contacts. Les patients étaient déjà en quarantaine au jour zéro.
Depuis le 5 mars, 1 475 personnes ont été infectées par la Covid-19. Le pays compte actuellement 346 cas actifs de Covid-19.

Fin de cavale pour deux fuyards

Wahed Kader et Zubeir Cauhye ne répondaient ni au téléphone ni ne se trouvaient à leur résidence. Pourtant, l’équipe de contact tracing du ministère de la Santé était à leur recherche depuis le 1er juillet, car ils sont liés au cluster de Terre-Rouge. Elle a fait une entrée en ce sens à la police le 2 juillet. Ce n’est finalement que mardi 6 juillet que ces deux habitants de Port-Louis ont été retracés et transportés à l’hôtel Ambre, pour leur quarantaine.

cluster de Terre-Rouge : Nikka, mehendi, dîner et réception pour plus de 300 personnes

La police criminelle a consulté les images de Safe City pour identifier les invités au mariage de Soheyb Caunhye et de Najeemah Khodabuccus. Ces derniers passent leur lune de miel en quarantaine aux côtés de leurs proches. 

Les Casernes centrales ont délégué la Central Investigation Division de Port-Louis Nord pour enquêter sur le mariage religieux de Soheyb Caunhye et de Najeemah Khodabuccus. 

Celui-ci a réuni plus de 300 personnes les 24, 25 et 26 juin. C’était au mépris des règles sanitaires qui limitaient le nombre d’invités à dix personnes. 

Le religieux qui a officié le nikka et les personnes qui ont organisé les noces répondront de non-respect de la Quarantine Act. 

La cérémonie religieuse a eu lieu à la mosquée Al-Marwah, à Vallée-des-Prêtres, le vendredi 25 juin. Une réception et un dîner ont été organisés le lendemain. Il y a eu une flambée de cas de Covid-19 durant la semaine écoulée dans le sillage de ces rassemblements. 

Une préposée de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo a enregistré une plainte, le mardi 6 juillet, contre Sawkat Caunhye et le couple Soheyb Caunhye/Najeemah Codabacus. 

La vieille du mariage, il y avait le mehendi chez les proches de la nouvelle mariée, près de l’église Saint-François-Xavier, à Plaine-Verte. Une centaine de personnes étaient présentes. Les mouvements de véhicules dans ce quartier ont déjà fait l’objet de recoupements à travers les images de vidéosurveillance du réseau Safe City. Les organisateurs du mariage, les religieux, les propriétaires/responsables des salles où les invités ont été reçus seront entendus. 

Le religieux responsable du nikka, un habitant de Plaine-Verte, n’a pas été testé positif. Mais un de ses proches a contracté le virus. La mariée, Najeemah Khodabuccus, est aussi issue de ce quartier. Elle vit dans une famille élargie composée de ses oncles paternels au 54 rue Bénarès. 

Depuis l’annonce du confinement, son père s’est rendu chez un proche. Les préposés qui s’occupent de la recherche de contacts l’ont retrouvé le 6 juillet. 

Le nouveau marié, Suhayb Abdullah Caunhye, habite à Cité-Martial, à Port-Louis, alors que ses proches résident à Morcellement Foondun, à Terre-Rouge.  

C’est la découverte, la semaine dernière, de onze cas positifs parmi les invités du mariage qui a déclenché l’alerte. Ces membres d’une même famille avaient sollicité la Santé après un Self-Test. Immédiatement, l’équipe de la recherche de contacts s’est rendu chez eux, à Terre-Rouge, et a confirmé les tests. 

Quatre autres habitants de Port-Louis ont été liés à ce cluster. Dans un premier temps, le rapprochement avec le mariage n’avait pas été fait. « Ena dimoun kinn derout lekip Contact Tracing », confie une source à la Santé. 

Au moins 300 personnes avaient été conviées au traditionnel briani à Vallée-des-Prêtres. La famille de Morcellement Foondun, à Terre-Rouge, est soupçonnée d’être à l’origine des cas de contamination. Le bandari, les serveuses et les plongeuses que la Santé a retrouvés seront interpellés.  

Le nombre de personnes contaminées pourrait être revu à la hausse à la lumière des résultats des tests dans les centres de quarantaine. La police tente de retrouver les autres invités au mariage, au mehendi et au dîner. 

Morcellement Foondun

Selon les autorités, le patient zéro pour ce cluster est originaire de morcellement Foondun à Terre-Rouge. Il s’agit d’un proche du nouveau marié, qui a participé pleinement à l’organisation des différentes cérémonies. 

Krishna Jhugroo, adjoint au commissaire de police : « Li malere ki dimoun inn al enn mariaz an si gran nonb »

« Li malere ki dimoun inn al en mariaz an si gran nonb e nou pou bizin pran sanksyon. » C’est ce qu’a déclaré l’adjoint au commissaire de police, Krishna Jhugroo au Defi-Plus. Il a expliqué que l’enquête a démarré. Selon lui, presque toutes les personnes liées au mariage ont été identifiées et placées en quarantaine. Il est clair, selon lui, que c’était des réceptions illégales. Car à la fin du mois de juin, seuls les mariages civils étaient autorisés. Il a indiqué que des sanctions seront prises contre ces individus. « Zot finn met an peril sekirite saniter de tou enn popilasyon », fait-il observer.

D’emblée, il a lancé un appel au public pour qu’il respecte les ordres et directives des autorités. Il a déploré un manque de collaboration du public. Il lui demande de se comporter en bon citoyen et de partager des informations avec la police sur les rassemblements illégaux.


Dr Sivalingum Ramen.
Dr Sivalingum Ramen.

Entre fermeture du pays et responsabilisation citoyenne 

Face à la recrudescence des cas positifs de Covid-19, faut-il fermer le pays ? Oui, estime le Dr Vasantrao Gujadhur. Non, réplique le Dr Sivalingum Ramen, qui plaide plutôt pour une responsabilisation citoyenne. Ces deux ex-directeurs des services de santé nous en parlent.

Le Dr Vasantrao Gujadhur est catégorique. « Le moment n’est pas propice » pour la réouverture des frontières, le 15 juillet. Selon lui, au vu du nombre de cas liés au cluster « mariaz », la sécurité sanitaire du pays est un véritable enjeu. Et c’est aux autorités de proposer la meilleure solution face à une telle situation.

En dépit des deux différents types de quarantaine imposés aux voyageurs vaccinés et non-vaccinés, il craint une flambée des cas à Maurice, comme cela s’est produit dans certains pays de la région. Et le Dr Gujadhur d’ajouter que le pays ne devrait pas non plus accueillir des passagers en provenance des pays les plus à risque.  

Le Dr Sivalingum Ramen n’est pas du même avis. Il soutient que le pays ne peut rester éternellement fermé. Évoquant l’importance de la relance économique, il s’appesantit, dans le même souffle, sur la responsabilité citoyenne. « La population doit être disciplinée. » Il fait remarquer, à ce propos, que l’explosion des cas liés au cluster « mariaz » aurait très bien pu être évitée si les consignes sanitaires et règlements en vigueur avaient été respectés.

Dr Vasantrao Gujadhur.
Dr Vasantrao Gujadhur.

Pour lui, outre une meilleure campagne de sensibilisation, la police devrait se montrer plus dissuasive et plus ferme. Il demande également une plus grande médiatisation des sanctions prises contre ceux qui enfreignent les règlements, afin que cela serve d’avertissement aux autres.

Toujours est-il que le Dr Sivalingum Ramen relève une certaine contradiction dans le message des autorités. D’un côté il est demandé à la population de respecter les gestes sanitaires et les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdites et de l’autre, des bus circulent avec 60 passagers. « Il devrait aussi y avoir une meilleure communication pour faire comprendre à la population que le virus est partout. Il est important que chacun prenne ses précautions et agisse avec discipline. » 

 

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