Joyce et Steve Bertin incarnent un amour rare et intemporel. Adolescents, ils se sont aimés, séparés, puis retrouvés. Mariés en 1995, séparés, puis unis à nouveau en 2011, ils prouvent que certains liens survivent à tout : le temps, la douleur et les épreuves. Un véritable conte de fées moderne.
Leurs yeux se sont croisés pour la première fois dans les couloirs du collège Régis Chaperon, à Belle-Rose. Joyce avait alors ce sourire timide des adolescentes rêveuses, et Steve ce regard malicieux, un peu espiègle, mais déjà sincère. Ils n’étaient encore que des amis, mais quelque chose, quelque part, venait de s’éveiller.
« On ne parlait pas beaucoup à l’époque, mais je me souviens que son sourire m’avait marqué », raconte Steve en souriant. « J’étais une fille très sérieuse, concentrée sur mes études, mais Steve avait ce petit truc… il savait me faire rire », se remémore, pour sa part, Joyce.
Au fil des mois, une amitié solide naît entre eux. Ils partagent les bancs de l’école, les confidences, les petits secrets d’adolescents. Mais la vie, comme souvent, les envoie sur des chemins différents. Joyce poursuit sa scolarité au collège BPS, à Beau-Bassin, tandis que Steve intègre St Helena, à Curepipe. Ils se perdent de vue. Pendant un temps, chacun vit sa route, sans savoir que le destin, lui, avait déjà tracé leur horizon commun.
Les retrouvailles du hasard
Les années passent. Joyce, devenue une jeune femme indépendante, travaille à la rue Royale, Port-Louis dans une compagnie d’assurance, tandis que Steve exerce comme plombier dans une autre entreprise. Un matin, leurs chemins se croisent à nouveau à la rue Royale.
« C’était un hasard… ou peut-être pas », glisse Joyce avec un sourire plein de tendresse. « Quand je l’ai revue, j’ai eu comme un flash du passé. Tout est remonté. Elle n’avait pas changé. Toujours ce regard doux et cette énergie qui attirent », confie Steve.
Ils échangent quelques mots, puis leurs numéros. Peu à peu, les appels deviennent plus fréquents, les messages plus chaleureux. Une complicité renaît, plus mature cette fois, plus vraie. Le soir, Joyce, qui habite à Sodnac, se met à faire du jogging pour se détendre. Et, par coïncidence – ou encore une fois, par destin –, Steve emprunte le même parcours.
« C’était notre moment à nous. On se croisait, on riait, on parlait de tout et de rien. Et sans même s’en rendre compte, on était devenus inséparables », relate le couple. Les cœurs s’accordent, les sentiments s’épanouissent et très vite, leur amitié se transforme en amour.
Début 1995, Steve prend son courage à deux mains et demande Joyce en mariage : « Épouse-moi. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi ». Joyce se souvient encore de ce moment : « J’ai été submergée par l’émotion. C’était inattendu, mais je savais au fond de moi que c’était lui. C’était le premier, et ce serait le dernier ».
Le 18 août 1995, ils se disent « oui » devant leurs familles réunies. Une journée magique, gravée dans leurs mémoires. « C’était un mariage plein de joie, de rires, de danses. Toute la famille était là. C’était le plus beau jour de notre vie », confie Steve, le regard encore ému. Pour Joyce aussi, ce moment reste sacré. « Quand j’ai vu Steve m’attendre à l’autel, j’ai compris que c’était pour la vie. Nous étions jeunes, pleins d’espoir, amoureux comme au premier jour », dit-elle.
Leur amour couronné par la parentalité
Deux ans plus tard, la vie leur offre un cadeau précieux : Boris, leur premier fils, aujourd’hui âgé de 27 ans. Puis, deux ans après, en 1999, naît Anastasia, leur fille, lumière de leur foyer. « Lorsque j’ai tenu Boris dans mes bras, j’ai compris ce que signifiait aimer sans condition. Puis, quand Anastasia est née, c’était comme si notre famille était complète. Nous étions quatre, unis, heureux », confie Joyce.
Les souvenirs de cette période restent pour eux parmi les plus beaux de leur existence. Des dimanches en famille, des rires d’enfants, des repas partagés, des rêves à construire, autant de jours heureux qui allaient bientôt faire partie du passé.
En effet, l’année 2000 marque un tournant difficile le couple. Entre incompréhensions, routine et désaccords, Joyce et Steve s’éloignent l’un de l’autre petit à petit. « Ce n’était pas une question d’amour, mais de malentendus. On s’aimait, mais on ne parlait plus la même langue », explique Steve. De son côté, Joyce, la voix tremblante, se souvient de cette période avec émotion : « Se séparer de Steve, c’était comme arracher une partie de moi. Mais parfois, on se dit qu’il vaut mieux partir que de souffrir ».
Ils décident donc de se séparer et Joyce élève seule ses deux enfants, à Camp-Le-Vieux. « C’était très dur, car il fallait être à la fois mère, père et soutien moral, mais je devais tenir pour eux », relate-t-elle. Boris et Anastasia grandissent, mais l’absence du père pèse, tandis que Steve, de son côté, vit dans le creux laissé par l’amour perdu. Il confie : « J’avais tout perdu. Je travaillais, mais je n’avais plus de but. Je pensais à Joyce et à mes enfants chaque jour ».

Le retour du destin
Dix ans passent, dix ans de silence et de chemins séparés, mais jamais d’oubli. Chacun avance, porté par la vie, les responsabilités, les rêves inachevés. Pourtant, au fond du cœur, demeure ce lien indéfectible, ce fil invisible qui relie deux âmes faites pour s’aimer, malgré le temps et la distance. Puis un jour, comme un écho du passé, Steve frappe à la porte de Joyce. « Quand je l’ai vu, j’ai eu le souffle coupé. C’était comme si ces dix ans n’avaient jamais existé », raconte Joyce, les yeux brillants. Elle ajoute : « Je n’ai pas réfléchi. Mon cœur savait déjà ».
Steve, ému, se souvient : « J’étais prêt à tout pour la reconquérir. Je lui ai dit : ‘Joyce, je t’aime à mourir. Je ne peux plus vivre sans toi’, et elle a dit oui ». Le 3 septembre 2011, ils se remarient, devant Dieu, la famille, et la vie elle-même. « C’était un moment très fort. Certains étaient sceptiques, d’autres heureux, mais pour nous, c’était une évidence », dit-il.
Ce que Joyce confirme : « Beaucoup pensaient qu’on faisait une erreur. Mais quand Dieu écrit une histoire, personne ne peut la déchirer. Nous étions faits pour vivre ensemble ».
S’aimer, malgré tout
Leur seconde vie ensemble débute sous le signe de la complicité retrouvée. Les années ont adouci leurs caractères, mûri leur amour. Ils redécouvrent le bonheur simple de partager le quotidien : les repas du soir, les balades, les fous rires, les souvenirs d’enfance. « On ne cherche plus la perfection, juste la paix. L’amour, le vrai, c’est ça », confie le couple.
Toutefois, le destin va les éprouver encore une fois. Dix ans après leur remariage, Joyce apprend une terrible nouvelle : un cancer du sein. « Tout s’est effondré. Mais Steve était là, chaque jour, chaque minute », indique-t-elle. Avec courage, elle se bat, puis guérit, mais une autre mauvaise nouvelle tombe : Joyce souffre d’un cancer des os. « J’ai eu peur, bien sûr, mais quand je vois Steve, je me dis que je peux encore me battre. Il est ma force », dit-elle.
Steve, la voix serrée, confie : « Quand on aime quelqu’un vraiment, on ne la laisse pas tomber. Je suis là, je serai toujours là ».
Aujourd’hui, à 57 ans, Joyce et Steve vivent leur amour avec la même intensité qu’au premier jour. Steve travaille toujours à son compte comme plombier, et Joyce, malgré la maladie, garde son énergie et sa foi. « Beaucoup disent que c’est rare de voir un couple comme nous. Moi, je crois simplement que c’est un amour destiné », dit Joyce avec sérénité.
Elle croit au grand amour, celui qui résiste à tout : « Si vous aimez quelqu’un, ne laissez pas la fierté, la colère ou les autres détruire votre lien. Réfléchissez avant de divorcer. L’amour, c’est un combat, pas une fuite ». Steve, de son côté, affirme sans détour : « Joyce, c’est mon âme sœur. Ma moitié. Ma raison d’être. Je ne veux rien d’autre que la voir sourire chaque matin ».
Leur bonheur, ils le puisent dans les choses simples : un café partagé, une chanson, un regard. Ils n’écoutent plus les critiques ni les commentaires. « Les gens parleront toujours. Nous, on vit. On s’aime et c’est tout ce qui compte », dit Joyce, avec son éternel sourire.
Quand on les voit ensemble, on comprend. Leurs mains se cherchent sans cesse, leurs regards se croisent avec douceur. Entre eux, pas besoin de mots, le silence suffit. Leur histoire, faite de ruptures et de retrouvailles, de douleurs et de lumière, prouve que le vrai amour ne meurt jamais. Il peut s’endormir, faiblir, vaciller, mais il renaît toujours quand deux âmes sont faites pour s’aimer.
L’amour jusqu’au bout
« On ne choisit pas son âme sœur. Elle nous choisit et elle revient toujours, quoi qu’il arrive » dit Steve. « L’amour, c’est la seule chose que la vie ne peut pas nous reprendre », ajoute Joyce.
Chaque jour, Steve veille sur Joyce. Il la soutient, la soigne, la protège. « Il est mon pilier, mon ange gardien. Sans lui, je ne tiendrais pas », murmure-t-elle. Leur maison respire la tendresse et la gratitude. Sur les murs, des photos de famille, des rires figés dans le temps. Boris et Anastasia, aujourd’hui adultes, regardent leurs parents avec admiration. « Ils nous ont appris que l’amour, le vrai, ne se compte pas en années, mais en fidélité du cœur », disent-ils.
Joyce, dans un souffle, conclut : « Si je devais tout revivre, je le referais, même les moments les plus durs. Parce qu’au bout du chemin, il y a toujours Steve et c’est lui, mon plus beau miracle ».
En chœur, le couple affirme : « Notre amour est un combat, une prière, une promesse. Tant que nous aurons la force de nous regarder, nous serons invincibles ».
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !

