Economie

Hassam Khodabux : «Les petites boutiques sont condamnées à disparaître»

Jadis la fierté des villes et villages, les petites boutiques font maintenant pale figure face à la concurrence de grandes surfaces. Combien de temps pourront-elles encore tenir ?

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« Encore quelques années, toutes les petites boutiques auront disparu », soutient Hassam Khodabux, qui gère une boutique depuis plus d’une quarantaine d’années à La Caverne, Vacoas.

Sa boutique, qui porte fièrement le nom de « Populaire », était très connue non seulement dans la région, mais aussi des gens qui venaient de partout pour faire leurs achats. On y trouvait de tout. « On faisait la livraison à domicile jusqu’à Pailles et Camp-Levieux, entre autres », explique Hassam.

Une quinzaine d’années de cela, ses étagères étaient bien garnies. On y trouvait des boîtes de conserves, du lait en poudre en boîte et en sachet et autres articles de première nécessité. On y trouvait aussi des parfums et autres produits cosmétiques. Cette boutique était considérée comme un « One-stop-shop » dans la région. Il se souvient encore de cette époque où, à la veille du Nouvel An, sa boutique restait ouverte bien tard après minuit. « J’allais me coucher à 2 heures du matin pour reprendre le travail le lendemain à 7 heures ».

Le reflet d’elle-même

Aujourd’hui, la boutique Populaire n’est plus que le reflet d’elle-même. La majorité de sa clientèle l’a désertée au profit de grandes surfaces, qui ont poussé comme des champignons. « C’est seulement quand ils vont acheter à crédit qu’ils viennent chez nous », dit-il. De plus, certains tardent à effectuer le paiement par la suite, fait-il comprendre. Réaliste, il est conscient qu’il sera difficile pour les petites boutiques de renverser la vapeur.

Hassam explique qu’il ne peut pas concurrencer les grandes surfaces dont les prix sont plus compétitifs. « Prix qui zotte vendé plus bon marché ki prix ki nou acheté », fait-il remarquer.

Il se plaint aussi du fait que les petites boutiques éprouvent de plus en plus de difficultés pour s’approvisionner auprès des livreurs. On comprend que les camions et vans de marchandises ne passent pas aussi souvent que par le passé. « De plus, ils nous livrent des marchandises pour une semaine alors que dans le passé, on pouvait acheter selon l’argent qui nous était disponible », explique-t-il.

L’économie du pays

Le boutiquier aurait souhaité que le gouvernement accorde une attention particulière aux petits commerces qui ont énormément contribué à l’économie du pays. Il regrette que rien n’ait été prévu dans le Budget pour venir en aide aux petits boutiquiers alors que ces derniers font face à d’énormes difficultés.

Outre la licence annuelle de Rs 2 500, Hassam doit trouver Rs 7 000 à Rs 8 000 pour la facture d’électricité et l’argent pour la location de son bâtiment. Il ne cache pas que souvent, il investit sa pension de vieillesse dans sa boutique. Il aurait voulu que le gouvernement trouve une formule pour venir en aide aux boutiquiers. « Certes dans Budget fine dire qui pé suspendre paiement ‘trade fees’ qui moins de Rs 5 000 pendant trois ans pou banne petits entrepreneurs, mais lors là aussi ena confusion pu conné ki banne ki pou éligible ou non. »

Pour les Khodabux qui sont dans le commerce depuis quatre générations, l’avenir paraît sombre. Mamade, le fils d’Hassam qui a pris la relève depuis près de 35 ans, doute qu’après lui, son fils va prendre le relais. Les jeunes ne sont plus intéressés par ce travail, dit-il.

  • LDMG

 

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