Funérailles du pape François : un pape pour tous, un souvenir pour chacun

Les funérailles du pape François auront lieu le samedi 26 avril 2025. Elles seront diffusées à midi (à Maurice). Plusieurs Mauriciens partagent leurs souvenirs de celui qu’ils considèrent comme un homme de paix, d’humilité et de modernité. Du scoutisme à l’écologie, en passant par la reconnaissance du rôle des femmes dans l’Église, ses gestes et ses paroles ont marqué les esprits.

Pascal Laroulette : «C’est une icône»

Engagé pour l’écologie, Pascal Laroulette estime que le pape François a laissé une empreinte forte sur les questions environnementales. « Il nous a inspirés par ses messages dans l’encyclique Laudato si’. Il a lancé un appel urgent pour la sauvegarde de notre planète, notre maison commune », dit-il.

Selon lui, cette prise de conscience a inspiré le projet communautaire Save Our Common Home porté par l’ONG Action for Environment Protection. Des initiatives écologiques sont désormais mises en place dans les paroisses et les écoles catholiques du pays.

D’autre part, Pascal Laroulette a accompagné les jeunes scouts pour préparer les branches de palmiers afin d’accueillir le pape François à Maurice en 2019. « C’était un moment d’allégresse de voir toutes ces branches en haut. J’avais les larmes aux yeux. Je me suis dit : “bann zeness morisien konn fer kitsoz si zot bien guide” ». Il était aussi présent au château de Réduit, où le pape a béni vingt-et-un arbres. « Il avait planté un arbre au château de Réduit, et le dernier a récemment été mis en terre à la place de la cathédrale », ajoute-t-il.

« C’est une grâce d’avoir pu le rencontrer. Il a attiré l’attention sur les questions urgentes, notamment la protection de la planète et la paix. Le pape François nous disait : “on ne peut avoir la paix dans un monde qui se meurt”, pour éveiller les consciences », conclut-il.

Il suivra les funérailles du pape François chez lui.

Annabelle Némorin : « Il a reconnu l’importance du rôle de la femme dans l’Église »

En 2016, Annabelle Némorin a rencontré le pape François au Vatican. Elle était alors chef commissaire de la Mauritius Girl Guides Association. Cette éducatrice engagée garde un souvenir fort de ce moment.
« Il a pris le temps de serrer la main de chacun d’entre nous. Nous étions environ 200 personnes », dit-elle. « À travers son long regard perçant, je sentais celui du Christ. Je ne l’oublierai jamais. Il m’a demandé de quel pays je venais. Quand je lui ai dit « l’île Maurice », il a souri largement et a répété ces mots avec chaleur. Je l’ai invité à visiter notre île. Ce qui l’a fait rire », raconte-t-elle. Sa fille, Anne-Dora, alors âgée de 18 ans, l’accompagnait.

Touchée par sa disparition, Annabelle Némorin admire un homme qu’elle qualifie de « pape du temps moderne ». Elle salue son courage et son ouverture. « Il n’a pas hésité à aborder des sujets sensibles : les familles recomposées, les unions entre personnes du même sexe, les scandales liés à la pédophilie. Et surtout, il a reconnu l’importance du rôle de la femme dans l’Église », dit-elle.

« Lors de cette rencontre, nous avons compris que nous avions une mission : être présentes et actives dans l’Église. Il savait dire les choses avec vérité, même quand c’était difficile », ajoute-t-elle.

Elle suivra les funérailles à la télévision. « C’est une grâce qu’il n’ait pas été alité malgré sa maladie. Il a accompli sa mission jusqu’à la fin. Il est parti un lundi de Pâques, accueilli auprès du Seigneur. C’est notre devoir de l’accompagner une dernière fois. Le monde entier priera pour lui », conclut-elle.

Shivagaami et Kavinien Karupudayyan : « Un prophète humaniste engagé pour le bien-être humain »

Le couple Karupudayyan considère le décès du pape François comme la disparition d’une lumière. « Nous avons été marqués par sa franchise et sa simplicité. Il a été le premier pape à choisir François pour nom, en hommage à saint François d’Assise. Un prophète humaniste qui s’est toujours engagé pour le bien-être humain », déclarent-ils.

Ils retiennent l’image du pape refusant de s’asseoir à l’arrière du véhicule lors de sa visite à Maurice en 2019. « Ce geste a montré sa proximité avec le peuple. Comme le regretté père Souchon, il a donné une leçon d’humilité aux dirigeants qui aiment voyager dans des chariots en métal. Il y a eu ce moment fort où ses yeux ont croisé les nôtres en revenant de Sainte-Croix. Un moment de communion. Un moment de paix intérieure », partagent-ils.

Ils racontent qu’ils ont suivi en direct les funérailles de Jean-Paul II sur la BBC en 2005. « C’est avec une grande émotion que nous allons suivre celles du pape François ce samedi. Il n’a laissé personne indifférent. C’est un moment historique. Nous espérons que son successeur continuera de défendre les plus démunis. »

Lillka Cuttaree : « Il symbolise ce que requiert le service à visage humain »

Pour Lillka Cuttaree, le pape François était un homme remarquable. La directrice de la JKC Foundation a ressenti une profonde tristesse à l’annonce de son décès. « Il incarnait une voix rare, empreinte d’humilité, de tolérance et de résilience, dans un monde divisé. Il était proche des pauvres et des sans-voix. Il symbolisait un service à visage humain, même dans son dernier souffle », confie-t-elle.

Elle faisait partie des Mauriciens qui ont rencontré le pape lors de sa visite à Maurice en 2019. Elle estime que c’était un moment historique pour l’île. « Je n’étais pas à Maurice lors de la visite du pape Jean-Paul II en 1989. Je tenais à vivre cette rencontre et je voulais que ce soit un moment fort pour notre famille », dit-elle.

Ils ont marché à travers la foule pour tenter d’atteindre Marie, Reine-de-la-Paix, à Port-Louis. « Mes enfants étaient très enthousiastes à l’idée de voir la papamobile. Nous avons vu toute la ferveur des Mauriciens, de toutes confessions. Il y avait une véritable communion nationale. Dans son homélie, il a beaucoup parlé de justice sociale, de valeurs et de générosité. Des leçons de vie à préserver », raconte-t-elle.