Le nombre d’admissions à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard pour des problèmes liés aux drogues synthétiques atteint des chiffres record, soit huit admis sur dix. Les travailleurs sociaux tirent la sonnette d’alarme.
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En ce début d’année, 80 % des admis à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard, à Beau-Bassin, le sont pour des problèmes liés à la drogue synthétique. Celle-ci est moins chère et encore plus dangereuse que les drogues dites classiques et fait des ravages.
Alors qu’en 2016, seules 33 % des personnes admises l’étaient pour des problèmes de drogue synthétique, en début d’année, ce chiffre est passé à 80 %, comme l’a révélé la doctoresse Ameenah Sorefan, cheffe de service de psychiatrie au centre de santé mentale Brown-Séquard à la MBC jeudi. « L’année dernière, le chiffre n’était que de 50 % », devait-elle préciser.
Même constat au niveau de la police où le nombre de cas liés à la drogue synthétique est monté en flèche. De 5 en 2013, il est passé à 1 099 l’année dernière, constate l’Anti Drug and Smuggling Unit.
Rapport publie en 2017
« Dans notre rapport, nous avions mis en garde contre ce phénomène », avance Sam Lauthan, travailleur social et assesseur de la commission d’enquête contre le trafic de drogue. Dans son rapport, rendu public en juillet 2017, la commission avait tiré la sonnette d’alarme sur l’ampleur que pourrait prendre le trafic de drogue synthétique.
Pour Sam Lauthan, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. « Avec les grosses saisies de drogue au port et à l’aéroport, il y a eu une pénurie de « brown sugar » sur le marché. Cela a incité certains à shifter vers d’autres produits, plus accessibles et moins chers », constate-t-il.
Le travailleur social souligne la dangerosité des drogues de synthèse et rappelle qu’en 2016 et 2017, il y avait une série de morts par overdose : « Ces substances sont fabriquées de manière très artisanale, en mélangeant quatre, cinq ou six produits qui, chacun, sont mortels à certaines doses. Ce cocktail a provoqué une série de décès. Depuis, les fabricants ont dilué ces produits, mais les cocktails restent hautement explosifs. » Les laboratoires clandestins, mal équipés et dirigés par des novices en matière scientifique, y vont de leur petit mélange qui sera ensuite testé sur les consommateurs avec les conséquences que l’on mesure.
Le seul remède, pour Sam Lauthan, reste la conscientisation et la sensibilisation. « La loi est bien faite et les peines sévères, mais comment contrôler les produits qui composent ces drogues et qui sont en vente libre. C’est pourquoi il est nécessaire d’éduquer la population et de conscientiser les jeunes, entre autres. N’oublions pas que la première cause de la toxicomanie est cette première fois où l’on essaie la drogue. »
Interrogé en fin de semaine dernière par le Défi Quotidien, José Ah-Choon, responsable du centre d’accueil de Terre-Rouge, a affirmé que la situation est bien plus qu’alarmante. Il estime que la distribution de méthadone et l’échange de seringues ne sont pas la solution. Pour lui, le problème est bien plus complexe que cela. « Il faut une politique de zéro tolérance sur les produits », estime-t-il. Cela doit être accompagné de traitements adéquats, ainsi que d’une bonne politique de réhabilitation, permettant aux anciens toxicomanes de retrouver leur place au sein de la société.
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