L’une des propositions phares du Finance (Miscellaneous provisions) Bill, qui donne force de loi aux mesures annoncées dans le Budget 2023-24, est la semaine de travail de quatre jours. Quelles en sont les implications ? Comment cette mesure est-elle accueillie dans le monde du travail ? Tour d’horizon.
La mesure proposée
Le projet de loi propose de permettre à un employeur et à un employé de convenir d’une semaine de travail de quatre jours. Cela signifie que les heures de travail stipulées par semaine, par exemple 45 heures ou tout autre nombre d’heures inférieur spécifié dans le contrat, seraient réparties sur une période de quatre jours.
L’accord peut être conclu pour une semaine spécifique à la demande de l’employeur avec un préavis de 48 heures, ou à la demande du travailleur. Lorsque le travailleur en fait la demande, le projet de loi propose d’obliger l’employeur à l’accorder, sous réserve de ses besoins opérationnels. Il est important de souligner que l’employé travaillant quatre jours conserverait le droit au paiement des heures supplémentaires.
Ce qu’en pensent le patronat et le syndicat
Pradeep Dursun, COO de Business Mauritius : « Meilleure planification et gains en productivité attendus »
Business Mauritius est d’avis que cette mesure pourrait permettre une plus grande flexibilité dans l’aménagement des horaires de travail. « Nous constatons de plus en plus d’employés ayant des obligations familiales, notamment parentales, qui rencontrent des difficultés pour concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales », déclare-t-il.
Selon lui, une mise en œuvre optimale de cette mesure nécessiterait que les parties concernées s’entendent sur les modalités de l’arrangement. « Pour les employés, cela permettrait une meilleure organisation du travail, du temps en famille et du repos. Pour l’entreprise, cette mesure peut contribuer à une meilleure planification des opérations, ainsi qu’à une augmentation de l’efficacité et de la productivité », soutient-il.
Il rappelle que de nombreuses entreprises ont déjà mis en place des horaires de travail flexibles, et cet amendement reconnaît les avancées déjà bien établies. « Fondamentalement, si le cadre juridique est correctement défini, nous devrions observer un engouement pour ce type de pratique », ajoute-t-il.
Areff Salauroo, président de MAHRP : « Il y a une interdépendance au sein des entreprises »
Le président de l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius (MAHRP) estime que les avantages de la semaine de quatre jours seront plus visibles en termes de réduction des coûts de transport et d’énergie. « Une semaine de quatre jours représente trois jours de repos pour les employés », déclare-t-il.
Cependant, Areff Salauroo souligne que de nombreuses personnes ont constaté que travailler davantage pour un jour de repos supplémentaire n’en valait pas la peine. « Les entreprises devront faire face à des problèmes d’effectif et de coordination du travail. Il faut comprendre qu’il y a une interdépendance au sein des entreprises », explique-t-il.
Selon lui, certains départements pourraient se retrouver en chômage technique en raison d’une mauvaise coordination entre les départements ou même entre deux employés d’un même département. « Il est vrai que cela pourrait aider à réduire le taux d’absentéisme, mais il faut évaluer l’impact psychologique de cette pratique », avance-t-il, en précisant qu’il est essentiel d’obtenir l’accord de l’employeur.
Jane Ragoo, porte-parole de la CTSP : « S’assurer que les salaires ne sont pas réduits »
La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) accueille favorablement la formule de travail de quatre jours par semaine. « Cela permettrait aux travailleurs d’avoir plus de temps pour leurs obligations sociales », déclare Jane Ragoo.
Cependant, elle affirme que le ministère du Travail doit s’assurer que les salaires ne sont pas réduits et que les droits des travailleurs ne sont pas bafoués avec cette nouvelle modalité. « Il est important de souligner que seulement 13 % des employés du secteur privé sont syndiqués, tandis que les autres n’auront pas d’autre choix que de respecter les conditions imposées par leurs employeurs », souligne-t-elle.
Jane Ragoo met en garde contre le risque de « forced labour » si l’employé a déjà rempli ses obligations en quatre jours. « Ainsi, le ministère du Travail doit fournir plus de détails pour éviter que les travailleurs ne soient pénalisés », ajoute-t-elle.
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