Avec le ralentissement au niveau des marchés sud-africain et européen, les exportateurs mauriciens opérant dans le textile sont d’avis que les États-Unis apportent cette année de nouvelles opportunités à exploiter.
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Commandes : Inquiétude pour le marché sud-africain
Ahmed Parkar, opérateur dans le textile depuis plus de 30 ans, affirme qu’après les ventes importantes pour le Nouvel An, le marché est actuellement au ralenti. « Les marchés principaux tels que l’Angleterre et l’Afrique du Sud sont en récession », indique-t-il. En particulier, dit-il, avec le problème de « load shedding » en Afrique du Sud. Il s’agit d’une coupure volontaire d’électricité dans une partie du réseau national. « Cette perturbation impacte directement les revenus de nos acheteurs. Du coup, cela se reflète sur nos exportations vers ce pays », explique-t-il. Toutefois, il est d’avis que les commandes vont reprendre à partir du mois d’avril.
Pour sa part, l’industriel François de Grivel fait ressortir que les commandes pour les six premiers mois sont régulières. « Cependant, après le premier semestre, on n’a pas de visibilité complète. On reste quand même optimiste sur l’avenir. D’ailleurs, le secteur a enregistré un record en termes d’exportations pour 2022. Je pense que la tendance va se poursuivre cette année aussi », prévoit notre interlocuteur.
Au niveau des petits opérateurs, les perspectives sont moins bonnes. Ajay Beedassee, directeur de GNP Wear, affirme que les problèmes sur le marché africain affectent déjà ses exportations. « Je suis assez inquiet quant à l’avenir de mon entreprise », déplore-t-il.
Main-d’œuvre : La pénurie perdure
Ahmed Parkar affirme que le manque de main-d’œuvre ne se fait pas sentir uniquement dans le textile, mais dans d’autres secteurs également. « Quand on entre dans des supermarchés ou même dans les restaurants, on voit déjà que les étrangers sont plus nombreux à prendre de l’emploi », fait-il observer. Et d’ajouter que, « dans les cinq ans, il y aura un plus grand nombre d’expatriés si on veut que l’économie se développe et atteigne une croissance importante ». Au niveau de l’importation de la main-d’œuvre étrangère, il avoue que les processus ont été allégés et avancent plus vite.
François de Grivel, de son côté, affirme toutefois que dans certains cas, les demandes sont approuvées dans un délai de six mois. « Nous avons des commandes et il faut des travailleurs pour pouvoir les livrer. Du coup, il faut accélérer davantage les procédures », soutient-il. Et de préciser que le secteur a besoin entre 3 000 et 4 000 travailleurs étrangers actuellement.
Nouvelles opportunités : Cap sur les États-Unis
La baisse de production en Chine, estime Ahmed Parkar, crée des opportunités pour Maurice. « Je pense que le plus gros potentiel cette année est le marché américain. Les États-Unis est un marché énorme en pleine reprise économique. La croissance est assez importante. Les salaires sont élevés, ce qui permet aux Américains de dépenser plus », fait-il comprendre. Du coup, il est d’avis qu’il faut désormais mettre le cap sur les États-Unis. Il avance que si Maurice reçoit un petit pourcentage des exportations de la Chine vers les États-Unis, cela va remplir toutes les capacités des exportateurs mauriciens.
François de Grivel abonde dans le même sens. « Il y a une demande pour les produits mauriciens auprès des acheteurs américains. Je pense qu’au deuxième semestre cette année, les commandes des États-Unis vont augmenter considérablement par rapport aux années précédentes », avance-t-il.
Une projection que fait également Ajay Beedassee. « Maurice doit profiter de la guerre qui perdure entre les États-Unis et la Chine. Ce conflit géopolitique nous apportera de multiples opportunités d’affaires », lance-t-il. Cependant, il souligne que le gouvernement doit accorder son soutien dans cette démarche. « Si nous bénéficions de facilités qui allégeraient notre fardeau, telles que des moratoires sur les prêts, nous pourrons nous concentrer sur le marché américain », fait-il ressortir.
Nouveau défi : Exploiter les marchés africains
L’accès aux matières premières à des prix raisonnables, selon Ahmed Parkar, est toujours un vrai casse-tête pour les opérateurs dans le textile. « Mais je peux dire que la situation s’améliore graduellement », indique-t-il. Toutefois, pour lui, le plus gros défi serait de mettre en place une stratégie bien définie pour les marchés africains. « Il y a des pays africains qui émergent. Il faut voir comment on peut travailler avec l’Economic Development Board pour exploiter ces marchés », soutient-il. Cette démarche, dit-il, permettra au secteur d’exportation de réduire son indépendance sur le marché européen. Un avis que partage François de Grivel. « L’Afrique du Sud est déjà un marché régulier. Mais il y a d’autres pays du continent qui sont des marchés potentiels », conclut-il.
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