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Éviction de Soodhun : une décision qui a trop tardé

Showkutally Soodhun

Les frasques de Showkutally Soodhun ont finalement eu raison de lui. Mais, selon les observateurs, cela fait longtemps qu’il n’aurait plus dû faire partie du Conseil des ministres.

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Showkutally Soodhun n’aurait plus dû être ministre du gouvernement bien avant que la vidéo concernant ses propos racistes ne soit diffusée cette semaine. C’est l’opiniopn des observateurs politiques et anciens diplomates approchés par Le Dimanche/L’Hebdo pour commenter la démission de l’ex-no 4 du gouvernement. Outre les propos qu’il a tenus en juillet dernier, la catastrophe diplomatique avec le Qatar et les menaces de mort à l’encontre du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, auraient dû suffire.

« Au-delà de l’exemple de cette semaine, il y a deux événements précis dans lesquels la responsabilité directe du Premier ministre est engagée, explique Milan Meetarbhan, ancien ambassadeur de Maurice à New York. Le premier concerne la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar. » L’ex-diplomate explique qu’il est déjà « inconcevable » que ce soit le ministre du Logement et des Terres qui prenne une telle décision. Même s’il avait été ministre des Affaires étrangères, cela n’aurait jamais été à lui de prendre une telle décision.

« Une décision aussi importante, même un Premier ministre ne l’aurait pas prise sans consulter son Cabinet, poursuit l’ancien diplomate. Or, dans ce cas précis, il semble que le Premier ministre ait découvert la rupture des relations diplomatiques dans la presse ! » Une situation grave qui aurait justifié une mise à pied immédiate du ministre, selon lui.

Pour Milan Meetarbhan, un deuxième incident s’ajoute à la liste : les menaces de mort à l’encontre de Xavier-Luc Duval. « C’est grave que n’importe quel citoyen lambda dise de telles choses en public, mais quand il s’agit d’un vice-Premier ministre à l’encontre d’un leader de l’opposition, qui est un poste constitutionnel, c’est encore plus grave », estime le légiste. La situation demandait une autre forme d’intervention, outre l’enquête de la police, selon lui, car il ne s’agit pas d’une simple affaire de droit commun.

Armoogum Parsuramen, qui a servi comme ministre sous sir Anerood Jugnauth, estime que, dans le passé, de tels dérapages auraient été stoppés net avant que les choses ne s’aggravent. « J’ai travaillé avec sir Anerood et, dans le passé, il n’aurait jamais toléré une telle chose, explique l’ancien ministre. Les dérapages dont on parle ont tous été trop graves pour qu’ils soient tolérés. Soodhun n’a pas honoré sa fonction et le Premier ministre s’est montré indécis. »

Dans l’actuelle polémique, il estime qu’il aurait mieux valu que Pravind Jugnauth prenne une décision à chaud, plutôt que de tergiverser. « Cela fait longtemps d’ailleurs, dès le premier incident, qu’il aurait dû lui adresser une sévère mise en garde par rapport à son comportement », estime notre interlocuteur. Et au deuxième dérapage, c’est la porte qu’on aurait dû montrer à Showkutally Soodhun.

Faisal Jeerooburkhan, de Think Mauritius, trouve également qu’on a donné trop de champ à l’ancien ministre du Logement. « Je crois qu’il doit bien y avoir eu sept ou huit dérapages de sa part, déclare-t-il. Le problème diplomatique avec le Qatar était le plus sérieux et on aurait déjà dû prendre des sanctions et ne pas lui laisser l’occasion de commettre d’autres bêtises. »

Selon lui, le chef du gouvernement a fait preuve d’un « manque de leadership » en laissant passer autant de fautes de la part d’un membre de son Cabinet. « D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il n’a pas réclamé sa démission dès qu’il a pris connaissance de ses propos. Le fait de tarder donne l’impression qu’il a essayé de glisser tout cela sous le tapis », explique-t-il.

  • LDMG

 

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