Editor's-choice

Escroqueries financières : les précautions à prendre pour se protéger

Les escroqueries financières revêtent différentes formes. Comment s’en protéger ? La Financial Services Commission (FSC) et Hemraj Bootun, Senior Manager d’Agileum, nous en disent plus.

Publicité

Pyramides de Ponzi, ‘pump and dump’ ou encore ‘boiler rooms’. Ce sont les différentes formes d’escroquerie qui existent. Dans le cas d’une pyramide de Ponzi, indique-t-on à la FSC, les escrocs proposent des retours sur investissements importants.

Ils paient les intérêts des premiers clients avec les placements des suivants jusqu’à ce que les nouveaux entrants ne suffisent plus à payer les intérêts des anciens. Dans le cas des ‘pump and dump’, les escrocs achètent à la Bourse les actions d’une entreprise dont le cours est bas. Puis, ils en vantent le potentiel pour inciter des investisseurs à en faire de même. Le prix de l’action grimpe et ils revendent leurs actions en dégageant des plus-values. Pour les escrocs, les ‘boiler rooms’ consistent à vendre des actions d’entreprises fictives ou surévaluées.

« Lorsqu’un individu reçoit des informations sur des investissements, il doit rester prudent et ne doit pas répondre sans s’être fait conseiller. Nous recommandons de n’investir qu’auprès d’opérateurs licenciés dont les listes sont disponibles sur les sites internet de la FSC et de la Banque de Maurice (BoM) », prévient la FSC.

Certains signes doivent alerter les investisseurs, comme des promesses de retours importants sur investissements, des profits garantis, des investissements sans risque et des pressions pour investir rapidement. Lors de retraits aux guichets automatiaues (ATM) ou de paiements par carte bancaires, il est recommandé de cacher le clavier lors des saisies des codes.

Les cyber-attaques

Avec le développement d’Internet, les escroqueries ont lieu plus couramment en ligne. Il s’agit de cyber-attaques sous différentes formes. Selon Hemraj Bootun, Senior Manager d’Agileum, on trouve par exemple le phishing’ et les rançongiciels. Le phishing se réfère aux cas où des escrocs se font passer pour des institutions connues comme des banques pour soudoyer des informations confidentielles comme les mots de passe. Ils s’en servent ensuite pour débiter des comptes bancaires. Les rançongiciels sont des virus qui cryptent les données d’ordinateurs. Afin de récupérer les informations, les fichiers et les données, les victimes sont invitées à verser des rançons.

Hemraj Bootun dira qu’avec des règles élémentaires, les risques sont minimisés. « Sauvegardez vos données sur CD-ROM, clé USB, disque dur externe ou en ligne. Faites régulièrement plusieurs copies des données les plus sensibles. Ayez un antivirus de dernière génération à jour et utilisez-le aussi pour scanner les pièces jointes des emails.

Installez un pare-feu. Procédez régulièrement aux mises à jour des logiciels. Ne communiquez jamais vos données personnelles. Vos mots de passe doivent être longs et composés de chiffres, lettres et caractères spéciaux. Votre mot de passe privé doit être différent de celui de votre travail », conseille l’expert.

Mesures à prendre pour l’utilisation des cartes - SBM : « N’utilisez jamais un guichet endommagé. »

Quand on se présente au guichet automatique, la prudence est de mise. À cet égard, Veeren Manikion, Head of E-business à la SBM, donne les conseils
suivants :

  • Cachez le code PIN en l’entrant sur le guichet et ne jamais utiliser un guichet endommagé.
  • Notifiez la banque de vos plans de voyage avant la date du voyage et fournissez des coordonnées sur lesquelles vous serez accessible à l’étranger.
  • Ayez le numéro de téléphone de la banque/les coordonnées à portée de main et signalez la perte ou le vol de votre carte immédiatement.
  • Conservez toujours vos feuillets de transactions pour les vérifier contre votre relevé de compte ou l’activité du compte via Internet Banking et signalez immédiatement toute transaction suspecte à la banque.

Imrith Ramtohul, d’Aon Hewitt Ltd : « Les Mauriciens sont désormais plus prudents »

Imrith Ramtohul, CFA, Senior Investment Consultant chez Aon Hewitt Ltd, met en garde les Mauriciens contre l’escroquerie financière qui prend actuellement de l’ampleur sur les réseaux sociaux. 

La BOM tire la sonnette d’alarme sur les fraudes concernant les cartes bancaires et d’autre part, la FSC met en garde les Mauriciens contre des placements dans les métaux rares. Votre commentaire ?
Pour les fraudes bancaires, il est important de ne pas partager les informations bancaires, notamment en ligne. Les cartes de débit/crédit devraient être utilisées dans des points de vente réputés. Attention aussi aux fausses loteries qui exigent le partage des informations bancaires ! Quant à l’investissement dans les métaux, il faut être prudent lorsque des retours élevés sont promis. Le prix des métaux peut monter et descendre. D’ailleurs, nous avons vu à quel point le prix de l’or était irrégulier récemment.

Dans quelle mesure les Mauriciens sont-ils à risque ?
Non seulement les Mauriciens mais tous les pays sont confrontés à ces risques. Entre 2008 et 2009, il y a eu environ 160 cas de  Ponzi Schemes à l’échelle mondiale impliquant une somme totale de 40 milliards de dollars. Se faire piéger ou pas ? Tout dépend principalement de l’éducation financière de la personne.

Depuis l’affaire Ponzi Scheme et d’autres cas d’arnaques financières, les Mauriciens sont-ils prudents quand il s’agit d’investir leur argent ?
Oui, les Mauriciens sont désormais plus prudents dans leurs investissements. La demande pour les bons du trésor de l’État  (qui est théoriquement sans risque) était très élevée malgré les faibles rendements. Les Mauriciens investissent davantage dans des actions des sociétés  importantes cotées et bien connues. Par ailleurs, de nombreux Mauriciens hésitent à investir dans des sociétés nouvellement cotées, notamment celles qui ont des opérations à l’étranger et qui paient des dividendes élevés en devises étrangères.

N’empêche que certains se font toujours avoir… Pourquoi ?
C’est probablement dû aux taux d’intérêt bas offerts à Maurice et à l’étranger. Certains sont alors tentés d’investir dans des produits à haut rendement présentant un risque plus élevé. D’autres essaient parfois de s’enrichir rapidement. J’attire votre attention sur ce proverbe. «If something sounds too good to be true, it probably is.»

Y a-t-il de nouveaux types d’arnaques qui prennent de l’ampleur ?
En fait, il existe actuellement un nouveau type d’escroquerie financière sur les réseaux sociaux.  Les gens sont initialement invités à transférer des frais en ligne. On leur demande ensuite d’aimer des pages sur des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. En contrepartie, on leur promet de recevoir des paiements réguliers en fonction du nombre de ‘likes’. Malheureusement, ils ne les reçoivent jamais ! Il y a eu un cas similaire à Noida (Inde) en début d’année. Les Mauriciens devraient se méfier de ces pratiques sur les réseaux sociaux.

Quelles sont les mesures à prendre justement ?
Soyez sceptique envers des produits exotiques et obscurs ! Il faut chercher des conseils professionnels (conseiller en placement, banquier, comptable) en cas de doute. Il ne faut pas investir dans des produits qui offrent des rendements incroyablement élevés et s’assurer que le produit de placement a obtenu l’approbation réglementaire.


Fraudes et Ponzi : plus de Rs 1 milliard envolées

Depuis ces trois dernières décennies, le développement économique a permis à de nombreuses familles de s’enrichir. Dans la majorité des cas, grâce au travail honnête et à une bonne gestion de leur patrimoine, elles ont pu acquérir une certaine somme d’argent pour financer les études de leurs enfants, construire leurs maisons et s’assurer une retraite tranquille. Cependant, certains se sont laissé berner par des pseudos plans d’investissements avec des rendements bien supérieurs à ceux qui sont offerts par des institutions bien établies. En fait, plusieurs d’entre elles n’étaient que des Ponzi Scheme portant sur plus de Rs 1 milliard au cours de ces récentes années. Nous revenons sur certains des cas exposés.  

Whitedot International Consultancy

En 2013, le nombre de victimes de cette société non réglementée a été plus de 1 400 pour un montant de plus de Rs 700 millions. L’astuce était simple. Depuis 2011, il s’agissait de promettre un retour sur investissement allant jusqu’à 85 %, voire 100 % du placement sur un an. Au début, les premiers petits investisseurs recevaient des sommes conséquentes par mois ou par semestre. Une bonne majorité réinvestissait les dividendes en pensant obtenir encore plus.

Au fil des mois, l’argent récolté par l’ex-Profame Gnius Company grossissait avec de nouveaux capitaux. A partir d’un certain moment, des centaines d’investisseurs n’obtenaient plus rien. L’affaire éclate lorsqu’ils se tournent vers la police et la Banque de Maurice.

C’est ainsi qu’on découvre qu’il s’agissait d’un plan d’investissement selon la pyramide de Ponzi. Les promoteurs avaient entre-temps acquis près d’une quarantaine de véhicules, entre autres, et le reste de l’argent s’était envolé. Au final, les voitures, une dizaine de motocyclettes, un coffre de dépôt à la banque, deux portions de terre et les comptes de 56 suspects sont saisis.   

Sunkai

Les victimes de Sunkai Company, fondée en 2012, se chiffrent à plus de 150 pour une somme d’environ Rs 750 millions. Cette compagnie, non-autorisée à opérer comme courtier en placement, a utilisé le subterfuge du Ponzi. Les documents qu’elle présentait aux éventuels investisseurs étaient élaborés de façon correcte et professionnelle.

Ce qui a attiré davantage les clients, c’était un retour sur investissements bien plus élevé que ce que proposaient les banques ou les compagnies d’assurance. En fin de compte, une portion de terrain, trois appartements, 18 comptes bancaires, trois véhicules et près de 400 chèques d’une somme totale de Rs 128 millions ont été saisis.

Westminister Financial Ltd

En avril 2015, la Financial Services Commission (FSC) révoque la licence de conseiller en placement de Westminister. Les raisons sont multiples : fausses informations pour acquérir la licence ; détournement de fonds des clients ; manquement au respect du Code de la prévention du blanchiment d’argent et financement du terrorisme, entre autres.

La compagnie avait proposé des rendements mensuels très alléchants à leurs clients en pratiquant un Ponzi. Aux investisseurs, elle affirmait que les placements étaient investis dans une firme d’investissement étrangère qui les plaçait dans des produits de base.

L’affaire éclate en début de 2013 quand les employés ne reçoivent plus leurs salaires. Cela alerte les investisseurs. Lors d’une enquête menée par la FSC, il s’avère que la compagnie avait encaissé l’argent de certains clients et n’était pas en position de verser les dividendes et les capitaux des autres. Au moins 80 victimes avaient investi Rs 144 millions dans ce plan. 

Je T’aime Marketing Ltd

Cinq cas de fraudes ont été portés contre Je T’aime Marketing et Emidore Trading Company portant sur une somme de Rs 4 millions. Trois suspects avaient été arrêtés puis relâchés sous caution. Une montant de Rs 1,4 million a pu être récupéré. La principale inculpation contre la directrice de Je T’aime Marketing portait sur l’émission de chèques sans provision pour l’achat d’immobilier. Elle répondait aussi d’accusations de pratiquer un Ponzi.


Ce que prévoient les lois

Le secteur financier est encadré par plusieurs lois développées au fil des années avec l’essor qu’il a pris au sein de l’économie. La définition d’arnaque financière étant large, la nature du délit relève de plusieurs lois. Notamment : Financial Services Act, Captive Insurance Act, Insurance Act, Private Pension Schemes Act, Private Pension Schemes Act, Protected Cell Companies Act,  Securities Act, Trusts Act, Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, Prevention of Corruption Act, entre autres.

L’arsenal légal est suffisamment costaud mais la mise en vigueur des lois reste à désirer. Les délits et les peines encourues touchent les opérateurs et les professionnels ainsi que les dirigeants des instances publiques. En vertu de la Financial Services Act, quelqu’un trouvé coupable de délit peut écoper d’une amende ne dépassant pas Rs 500 000 et d’une peine d’emprisonnement maximal de dix ans.

En cas d’inculpation, l’Insurance Act prévoit une contravention de dépassant pas Rs 500 000 et une détention maximale de deux ans. D’autres peines peuvent aller jusqu’à des amendes de moins Rs 1 million avec une réclusion de moins de cinq ans.

Les dernières alertes de la FSC

La Financial Services Commission (FSC) émet régulièrement des alertes contre des escrocs allégués. Voici les plus récentes :

  • Le 30 juin 2017, la FSC met en garde contre des placements dans des terres rares ou métaux de terres rares. Ces investissements ne sont pas réglementés à Maurice.
  • Le 25 mai 2017, la FSC met en garde contre VTB Trade qui serait enregistrée au Royaume-Uni et qui serait licenciée auprès de la FSC. Cette firme ne détient pas de licence à Maurice.
  • Le 21 septembre 2017, la FSC met en garde contre UKM Ltd qui serait enregistrée à Maurice et qui serait licenciée auprès de la FSC. Cette firme n’est pas enregistrée et ne détient pas de licence à Maurice.
  • Le 12 août 2016, la FSC met en garde contre Algo Banque Ltd qui serait enregistrée à Maurice et qui serait licenciée auprès de la FSC. Cette firme n’est pas enregistrée et ne détient pas de licence à Maurice.
  • Le 14 juin 2016, la FSC met en garde contre la Commercial Exchange Bank qui serait licenciée auprès de la FSC. Cette firme ne détient pas de licence à Maurice.
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !