• Reaz Chuttoo de la CTSP plaide pour une refonte des comités disciplinaires
• Pradeep Dursun de Business Mauritius : «Les comités disciplinaires sont considérés comme le dernier recours»
Les licenciements survenus entre 2021 et 2022 ainsi que l’aide financière du gouvernement aux personnes qui ont perdu leurs emplois sont diversement commentés. La classe syndicale plaide pour une refonte des comités disciplinaires, tandis que le patronat soutient qu’il faut relativiser.
Au cours de la période de juillet 2021 à juin 2022, pas moins de 7 254 travailleurs licenciés ont bénéficié du Workfare programme. C’est ce qui émane de chiffres qui ont été communiqués par le ministère du Travail. Et c’est un montant de Rs 779 810 827 qui a été versé par le gouvernement, sous le Transition Unemployment Benefit, à ces personnes qui se sont retrouvées sans emploi.
Une situation qui ne manque pas d’interpeller au plus haut point la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP). Selon son dirigeant, Reaz Chuttoo, cela soulève des questions sérieuses sur la gestion des entreprises, mais plus précisément sur le fonctionnement des comités disciplinaires. « Comment est-il possible que 7 000 personnes se retrouvent sans emploi en si peu de temps ? Alors qu’il y a peu d’entreprises qui ont été contraintes à mettre la clef sous le paillasson lors de ces deux dernières années marquées principalement par la pandémie de Covid-19 », déclare-t-il.
Reaz Chuttoo laisse comprendre que les comités disciplinaires sont, dans beaucoup de cas, devenus un mécanisme qui sert les intérêts des employeurs et cela, au détriment des travailleurs.
Reaz Chuttoo tient également à s’exprimer sur le mécanisme du Workfare Programme qui doit selon lui être revu. « Actuellement, ce programme offre aux travailleurs licenciés 90% de leur salaire pendant les trois premiers mois, puis 60% et enfin 30%, ou un minimum de Rs 3 000 », fait-il ressortir. Selon Reaz Chuttoo, cette formule doit être revue. Il propose que pendant les six premiers mois, les travailleurs licenciés bénéficient de 90% de leur salaire, suivi de 60% les six mois suivants. « Cette proposition vise à atténuer les difficultés financières auxquelles sont confrontés les travailleurs licenciés », dit-il.
Par ailleurs, outre le fait que ce dirigeant syndical plaide pour une refonte des comités disciplinaires, il propose que les employeurs contribuent aussi au Workfare programme. « Au lieu que ce soit uniquement le gouvernement qui assure le financement de ce programme, les patrons d’entreprises doivent également y contribuer. Je suis persuadé que si cela devient une réalité, les employeurs vont commencer à réfléchir à deux fois avant d’engager des mesures de licenciement contre leurs employés », assure-t-il.
Le Chief Operating Officer de Business Mauritius, Pradeep Dursun, a, lui, une lecture complètement différente. « Il est impératif de contextualiser ces chiffres pour une compréhension plus précise de la situation. Il est important de noter que le ministère du Travail se base sur les cas qui lui sont rapportés, ce qui peut potentiellement sous-estimer la réalité du marché de l’emploi », déclare-t-il. De plus, selon Pradeep Dursun, il convient de prendre en compte les données de la Mauritius Revenue Authority et de Statistics Mauritius pour déterminer si elles concordent avec celles du ministère du Travail.
« Il est crucial de noter que de nombreux licenciements impliquent des accords de compromis volontaires et des paquets de départ, qui sont tous comptabilisés comme des départs dans les statistiques officielles. Ces départs ne sont pas nécessairement des licenciements forcés, mais plutôt des décisions mutuelles entre les employeurs et les employés », ajoute-t-il.
S’exprimant sur les comités disciplinaires, qui sont souvent critiqués par les syndicats pour leur prétendu préjudice envers les employés, Pradeep Dursun souligne que licencier un employé est devenu une procédure complexe et stricte, avec une assistance accrue pour les employés tout au long du processus.
« Les procès-verbaux des comités disciplinaires sont désormais remis aux employés, ce qui représente un changement significatif par rapport à la pratique antérieure. De plus, des amendements législatifs ont été apportés pour permettre à un employé de contester la décision d’un comité disciplinaire, garantissant ainsi une plus grande transparence et une meilleure protection des droits des travailleurs », dit-il.
Pradeep Dursun fait également ressortir que les comités disciplinaires sont soumis à des procédures rigoureuses et ne sont pas mis en place de manière arbitraire. « Les comités disciplinaires sont considérés comme le dernier recours lorsque d’autres solutions ne peuvent être trouvées ».
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