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Enquête : trafic d’équipements de navigation électroniques

Trafic d’équipements Un bateau abandonné dans le port après le passage des pilleurs.

Des pilleurs de bateaux écument Port-Louis. Spécialisés en outils de navigation électroniques, ils sévissent avec impunité à bord de navires abandonnés. Certains de ces équipements valent parfois des dizaines de milliers de roupies.

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Les propriétaires de ces bateaux ne peuvent porter plainte contre ces bandits car ils ont abandonné ou perdu techniquement leurs droits de propriété pour diverses raisons : non-paiement de surestarie ou saisie judiciaire.

Sollicitées, les autorités portuaires  confirment que des équipements de navigation sont souvent volés à bord des bateaux abandonnés dans le port. Elles nient, toutefois, que des professionnels opérant dans la zone portuaire sont impliqués.

Les marins travaillant dans la zone portuaire font main basse sur les appareils se trouvant sur les navires abandonnés, ou semi-abandonnés, qui sont à l’ancre à Port-Louis. Les équipements qui sont volés sont bien souvent des soudeuses, des flinders bars, des câbles électriques et du matériel GPS, entre autres. Selon des recoupements, les vols se déroulent en pleine journée et une fois la nuit tombée ces navires, sont bien souvent laissés à l’abandon.

Équipage rapatrié

Ces bateaux de pêche sont laissés entre les mains des autorités portuaires conformément aux lois maritimes, par l’entremise du capitaine qui est bien souvent de la même nationalité que le propriétaire. À Maurice, le personnel naviguant d’un bateau en difficultés financières peut bénéficier de l’aide  de l’Apostolat de la mer et des ambassades, et autres consulats, pour leur rapatriement.

Actuellement, quatre bateaux de pêche étrangers (dont  trois taïwanais) sont abandonnés et une dizaine d’autres bateaux de pêche mauriciens et malgaches semi-abandonnés sont à l’ancre dans le port.

Système de troc

« Les lois maritimes n’autorisent pas l’abandon des bateaux de pêche en détresse, en pleine mer. C’est la raison pour laquelle, une fois que le bateau jette l’ancre à Port-Louis, le capitaine du navire et la direction de la compagnie se concertent avant d’abandonner le bateau dans le port », explique Jean Barbeau, le capitaine du port.

Dans une déclaration, sous le couvert de l’anonymat, au Défi Quotidien, des responsables de la zone portuaire confirment l’état de la situation.

Ces équipements électroniques valent des dizaines de milliers de roupies.

« C’est du vol ! Mais dans un autre sens, c’est prendre sans demander, du fait qu’en mer, les marins ont tendance à s’échanger les pièces. Autrement dit ils fot du troc, ce qui est courant en haute mer. Ils ont tendance à appliquer les mêmes principes partout où ils vont », disent ces responsables du port.

Ces derniers soulignent que ces bateaux de pêche « constituent un danger pour le port car une incendie peut éclater à tout moment, les navires peuvent être utilisés comme poubelle, ou encore, être transformés en tanière pour bandits de toutes sortes. Tout bateau de pêche laissé à l’abandon, ou dans un état de semi-abandon engendre des problèmes à l’autorité portuaire. Le propriétaire d’un bateau se doit d’embaucher un vigile pour surveiller son bien et  régler les frais de surestaries », précisent-ils.


Les navires laissés à l’abandon sont sabordés

Les bateaux de pêche abandonnés ne restent pas éternellement à l’ancre dans la zone portuaire. Après une certaine période de non-réclamation et malgré les multiples préavis émis, les officiers de la Mauritius Ports Authority (MPA), avec le concours des éléments de la National Coast Guard (NCG) les amènent en haute mer pour leur sabordage.

L’épave est utilisée comme habitat pour les poissons et autres animaux marins. L’année dernière, quatre navires abandonnés ont été coulés au large de Flic-en-Flac et de Trou-aux-Biches. La prochaine opération de sabordage aura lieu dans les semaines à venir, avant le début de la saison cyclonique.

Des employés de la MPA dans le collimateur

Le pillage d’équipements de bateaux de pêche est l’œuvre de  gardiens, de marins mais pourrait aussi bénéficier de la participation d’employés de la Mauritius Ports Authority (MPA). Une source affirme, sous le couvert de l’anonymat,  que « des hauts gradés » seraient également impliqués. Ils contraindraient, selon la source, des employés d’un  rang inférieur à faire le sale boulot. « Tout y passe ! Boussoles, GPS, pendules …»

Sollicité au téléphone, le capitaine Jean Barbeau, capitaine du port, dément l’axe gardien-marins-employés de la MPA. « Notre rôle est de venir en aide aux propriétaires de ces navires. Comment peut-on se permettre de faire irruption dans un navire qui n’est même pas le nôtre en vue de piller les biens qui s’y trouvent ! Savez-vous qu’il y a des marins qui vivent dans ces navires bien qu’ils aient été abandonnés  ? Selon les lois maritimes, aucun navire ne doit être laissé sans membre d’équipage », intervient le capitaine Barbeau.

 

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