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Enquête sur les cas allégués de torture confiée à l’IPCC - Phalraj Servansingh : «Notre objectif est de boucler l’enquête dans 3 mois»

Phalraj Servansingh concède qu’il faut revoir le fonctionnement de l’IPCC.

L’Independent Police Complaints Commission (IPCC) se donne trois mois pour boucler l’enquête sur les cas allégués de torture par des policiers. C’est ce qu’a fait savoir un de ses membres, Phalraj Servansingh. Il était l’un des invités d’Ashna Nuckcheddy et de Jugdish Joypaul dans l’émission Au Cœur de l’Info sur Radio Plus, hier. 

Phalraj Servansingh indique que l’IPCC n’était pas au courant de l’existence des vidéos montrant des actes de torture par des policiers, avant que celles-ci ne circulent sur les réseaux sociaux. Il soutient que c’est le 7 juin dernier, soit il y a une dizaine de jours, que la police a transmis les cas à l’IPCC. « Lorsque l’affaire nous a été référée par le Central CID, nous nous sommes réunis et avons décidé de les considérer comme des ‘special cases’, comme le prévoit la loi », précise-t-il. 

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Il avance qu’une priorité sera accordée au traitement de ces cas. Les six enquêteurs que compte actuellement l’IPCC ont été mis sur le dossier. « Notre objectif est de boucler l’enquête dans trois mois (…). Nous allons faire nos recommandations, que nous allons soumettre au bureau du Directeur des Poursuites Publiques », ajoute-t-il. 

Phalraj Servansingh fait comprendre que l’IPCC ne compte pas poursuivre l’enquête déjà entamée par le CCID. « Nous n’allons pas reprendre à partir des dépositions prises par le CCID. Nous allons recommencer à zéro », fait-il comprendre. Le membre de l’IPCC laisse entendre que les policiers impliqués pourraient être appelés à donner leur version à partir de la semaine prochaine. Autre précision apportée : l’enquête comportera aussi un volet sur l’utilisation de torches électriques, dites « Tasers », par ces policiers. Une arme pourtant interdite à Maurice. 

Phalraj Servansingh a toutefois concédé que l’IPCC n’opère pas dans les meilleures conditions. Ces cas de torture, dit-il, auraient permis de déceler des manquements et des faiblesses dans le cadre légal régissant le fonctionnement de l’IPCC. « Il est clair que nous allons devoir nous restructurer en nous accordant plus de moyens. Nous faisons le maximum avec les moyens dont nous disposons aujourd’hui. Nous devons revoir tout le cadre légal, que nous sommes dans l’obligation de suivre pour le moment », dit-il. 

Tout au long de l’émission, l’avocat Rouben Mooroongapillay a mis en avant les faiblesses de l’IPCC, contestant au passage l’indépendance de cette institution. Il cite, en exemple, les besoins logistiques de l’IPCC. En effet, celle-ci doit se tourner vers le Bureau du Premier ministre pour obtenir un véhicule. Ou encore, le recours de la commission à des services de la police, tels que le Scene of Crime Office, l’IT Unit, des médecins légistes dans le cadre de ses enquêtes, des enquêteurs qui étaient des anciens policiers, entre autres. « Ils disent qu’ils sont indépendants, mais à quel point ? » demande-t-il.

L’avocat estime aussi l’effectif de l’IPCC insuffisant. « Avec six personnes et une dizaine de nouveaux cas par jour, si vous comptez une moyenne de deux heures par plainte et tout le retard accumulé, ce n’est pas évident », souligne l’avocat. Ce dernier préconise que le nombre d’enquêteurs devrait être multiplié par 10, soit 60 enquêteurs. 

Anishta Babooram, ex-membre de la Human Rights Commission, se dit pour sa part sceptique quant à l’aboutissement de l’enquête confiée à l’IPCC. Elle s’est notamment appesantie sur la légalité de l’IPCC de prendre le relais dans cette enquête, déjà entamée par la police, quelque trois ans après les faits. « Le Premier ministre aurait dû envoyer un signal fort. Au lieu de confier le dossier à l’IPCC, c’est une commission d’enquête qui aurait dû être instituée pour faire la lumière sur les circonstances de cette affaire », est-elle d’avis. 

 

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