Avinash Faikoo a perdu son épouse et sa belle-mère en l’espace de huit mois. Les deux femmes, âgées de 34 ans et 53 ans respectivement, ont été emportées par la COVID-19. Elles sont décédées à l’hôpital ENT de Vacoas. C’est le cœur meurtri et rempli de tristesse que l’homme a accepté de se confier au Dimanche/L’Hebdo.
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«Mo pe ale aster. Bye bye. » Cette phrase de son épouse Lovena, Avinash Faikoo ne l’oubliera jamais. Ce sont les dernières paroles qu’elle lui a dites au téléphone alors qu’elle se trouvait à l’hôpital ENT où elle était admise ayant été testée positive à la COVID-19. Elle est décédée du virus le vendredi 12 novembre 2021.
Huit mois plus tôt, c’est sa mère qui a été emportée par la COVID-19. Cette seconde disparition plonge toute la famille dans le choc et la peine. D’autant que Lovena Faikoo devait fêter ses 35 ans ce dimanche. Avinash Faikoo, 35 ans, avait prévu un repas en amoureux pour marquer l’événement.
Je regrette d’avoir transféré mon épouse à l’hôpital ENT.»
Aujourd’hui, il tente de se raccrocher à de bons souvenirs. Mais la dure réalité le rattrape très vite. « Je regrette d’avoir transféré mon épouse à l’hôpital ENT. Ce centre de traitement est un véritable couloir de la mort », dit-il d’une voix triste.
C’est le jeudi 4 novembre 2021 que Lovena Faikoo, 34 ans, s’est sentie mal. Elle a été conduite à l’hôpital Jawaharlal-Nehru de Rose-Belle. Elle a subi un test rapide Antigen qui a révélé qu’elle était positive à la COVID-19. Elle a reçu pour instruction de s’auto-isoler à son domicile.
Une semaine plus tard, soit le jeudi 11 novembre, elle a commencé à éprouver des difficultés à respirer. Avinash Faikoo a contacté le Samu et sa femme a été immédiatement transportée à l’hôpital ENT de Vacoas le jour même dans la journée.
Il se souvient d’un appel téléphonique qu’elle lui a ensuite passé et lors duquel elle lui a confié qu’elle avait été laissée sans soins dans la salle. « Mo madam dir mwa koumsa li ti pe gagn fin », raconte-t-il. C’était avant qu’elle lui dise au revoir.
Il affirme qu’après cet appel, il a tenté à maintes reprises de contacter son épouse pour obtenir plus de renseignements, en vain. Elle a rendu l’âme sur son lit d’hôpital vers 3 h 30. Ce n’est qu’une heure et demie plus tard qu’Avinash Faikoo en a été informé. Le certificat de décès stipule qu’elle est morte des suites de l’asthme et d’une pneumonie liée à la COVID-19. Selon l’époux, elle était diabétique depuis environ deux ans.
L’incinération de Lovena Faikoo a eu lieu au crématorium de Rose-Belle à 15 h 30. Depuis sa soudaine disparition, les interrogations ne cessent de hanter Avinash. « Que s’est-il réellement passé à l’hôpital ENT ? Ma femme a-t-elle reçu les soins médicaux nécessaires ? », se demande-t-il.
Cinq ans de vie commune
Il dit avoir l’impression qu’une partie de lui-même lui a été arrachée. Le couple qui comptait cinq ans de vie commune n’avait pas d’enfants. « On dit souvent que la mort fait partie de la vie. Je savais que mon épouse allait un jour me quitter. Mais je ne me doutais pas qu’elle partirait dans de telles conditions après cinq ans de vie commune. C’est très dur », confie Avinash Faikoo.
Je ne me doutais pas qu’elle partirait dans de telles conditions après cinq ans de vie commune»
Il parle ensuite de sa belle-mère, Chundunee Jokhonah. Cette femme de 53 ans, testée positive à la COVID-19 alors qu’elle était admise à la clinique Muller, est décédée en mars à l’ENT Hospital. « Toute la famille était en quarantaine lorsque ma belle-mère était à l’ENT », fait comprendre le jeune homme.
« Son décès a été comme une douche froide pour la famille », soutient Avinash Faikoo. Le pire, poursuit-il, est qu’ils n’ont pas été autorisés à voir le visage de la défunte une dernière fois avant l’inhumation, en vertu du protocole sanitaire en vigueur.
Dans une déclaration accordée au Dimanche/L’Hebdo peu après le décès de sa mère, Lovena Faikoo avait fait une sortie contre les autorités. Elle réclamait l’installation d’une vitre sur les cercueils afin de permettre aux proches de voir le visage des défunts une dernière fois avant la crémation ou l’inhumation. « Voir le visage de notre mère aurait abrégé nos souffrances », avait-elle dit en mars. Elle ne voulait pas que d’autres subissent le même sort que les membres de sa famille.
Elle avait fait une virulente sortie sur Facebook
Lovena Faikoo sur sa page Facebook en mars après le décès de sa mère était en larmes. Elle avait réclamé aux autorités de permettre à la famille de voir la défunte, en vain. « Ma mère est morte de la COVID-19. Zot pe amenn so lekor kouma enn zanimo. Inn anvlop li dan enn plastik. Je suis en quarantaine. Ni ma sœur, ni mon frère n’est autorisé à regarder le corps de notre mère une dernière fois. Les autorités devaient faire en sorte que les proches puissent voir le visage des défunts avant l’inhumation. Monn anvi get mo mama so dernye moman. Nou dan soufrans. Nou anvi get nou mama… Je vous en supplie », pleurait-elle.
Sa sœur : «Elle était comme une seconde maman pour moi»
Le départ de Lovena Faikoo laisse un grand vide dans la vie des Jokhonah et des Faikoo. La sœur cadette de la victime, âgée de 24 ans, peine à surmonter cette épreuve. « J’étais très proche d’elle. Lovena était comme une seconde maman pour moi. Je ne sais plus quoi faire », confie la jeune femme qui, après avoir perdu sa mère, doit désormais faire le deuil de sa sœur.
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