Emploi : ces candidats qui ont marqué les recruteurs

Emploi

Ils ont la lourde tâche de trouver la perle rare pour les entreprises et de dénicher le job idéal pour les candidats en quête d’un emploi. Ce sont, bien évidemment, les recruteurs. S’ils voient défiler chaque jour des dizaines de candidats, certains d’entre eux retiennent leur attention, tantôt positivement, tantôt négativement.

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… dans le bon sens

Un entretien dans l’ombre des funérailles de son père

Ranjana Bholah, Communications and Marketing Executive chez CareerHub.mu, se souvient d’un jeune homme très prometteur qui est venu à un entretien pour un poste en IT. Il venait d’obtenir son diplôme et n’avait pas beaucoup d’expérience professionnelle dans le domaine. Toutefois, il avait fait quelques petits boulots pendant les vacances. « Au début, il m’avait semblé très stressé et perdu dans ses pensées. Je me suis dit que c’était peut-être son premier entretien et qu’il fallait que je l’aide un peu à se sentir mieux. Je lui ai alors demandé s’il allait bien et avait besoin d’un petit moment pour se reprendre », relate Ranjana Bholah. C’est à ce moment-là que le candidat éclate en sanglots.

« En larmes, il m’apprend que les funérailles de son père va avoir lieu dans l’après-midi. Il est venu à l’entretien malgré tout car il avait besoin d’un job pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille », dit=elle. Touchée par son courage, Ranjana Bholah lui conseille alors de rejoindre ses proches et de repousser l’entretien quand il sera de nouveau d’attaque. « Nous nous sommes rencontrés une semaine plus tard et il a eu le job », avance-t-elle. D’où son conseil aux candidats : « N’hésitez pas à tenir les recruteurs au courant si vous avez un souci et que vous ne pouvez venir à l’entretien. Les employeurs et les recruteurs sont humains. Nous comprenons les aléas de la vie. »

Ils ont su rebondir après la perte de leur emploi

« Grâce à vous, j’ai pu avoir un deuxième enfant ». Ces paroles, Thierry Goder, le directeur d'Alentaris, ne l’oubliera jamais. « C’est un candidat qui s’est retrouvé au chômage car sa compagnie avait fait faillite. J’ai pu lui trouver un emploi après deux mois. Quand je l’ai revu six à sept ans après, il m’a approché pour me dire ces paroles », relate Thierry Goder. Ému, le recruteur est aussi fier du parcours de ce candidat. « Il est devenu manager dans la compagnie où je l’avais placé », indique-t-il. Thierry Goder se rappelle aussi de cet autre candidat qui lui aussi a perdu son emploi.

« Le jour même de son licenciement pour des raisons économiques, il nous a appelé et il est passé nous voir sans rendez-vous. Je l’ai reçu et je me suis engagé à lui trouver un job. J’ai présenté son Curriculum Vitae (CV) à nos clients et il a été embauché une semaine après. Nous avons pu rendre heureux cet homme et sa famille en lui faisant obtenir un nouveau emploi. C’est ce qui fait la beauté de notre métier », fait-il ressortir. À savoir que le candidat en question est toujours en emploi, même s’il a changé d’entreprise depuis.

Celle qui a obtenu un emploi à la vitesse de l’éclair

Avec plus de cinq ans de carrière dans le recrutement, Ravish Pothegadoo, directeur de Talent on Tap, a côtoyé pas mal de candidats dont certains sont très brillants. « Plusieurs d’entre eux nous ont épatés par rapport à leur personnalité, connaissances et talent. Ils s’en sont bien sortis lors des entretiens pour des postes assez difficiles en décrochant l'emploi visé », fait-il ressortir. Toutefois, le cas d’une candidate en particulier l’a marqué. « Nous devions rechercher un profil de Sales Executive avec expérience dans la vente de vins. Cela nous a semblé compliquer à première vue. Mais notre consultante, Winneeleen a pu envoyer une candidate (Ndlr : Elle s’appelle Laëtitia Paul. A voir son témoignage plus loin). Elle est d’ailleurs la seule candidate que nous avons envoyéeki. Or, elle a été retenue le jour même par le client, nous donnant par conséquence, 100 % de succès avec un time-to-fill record d’un jour », souligne Ravish Pothegadoo.

Ce jeune qui a vite gravi les échelons 

Dès le premier contact avec ce candidat, Jessyca Joyekurrun, spécialiste en ressources humaines, a été impressionnée. « C’est un jeune qui vient d’un milieu défavorisé, mais qui se démarque par de brillantes études. Grâce à son assiduité et sa détermination, il a su grimper les échelons jusqu’à arriver au niveau du management. Même s’il a changé d’entreprise aujourd’hui, il est resté dans le même domaine et occupe les fonctions de manager dans une autre compagnie », se réjouit Jessyca Joyekurrun. Et d’ajouter : « C’est un exemple à suivre. Ceux qui bossent dur et qui dépassent leurs limites réussissent toujours dans la vie ».

Le candidat qui a su dépasser son handicap

Axelle Clélie, Senior Recruiter chez Myjob.mu, se rappelle encore de ce candidat rencontré pour un recrutement de masse. « Celui-ci est bègue. Pendant l’entretien téléphonique, cela ne s’était pas trop fait sentir, mais le jour de l’entrevue, en l’accueillant à l’agence, on s’est rendu compte qu’il souffrait d’un trouble de la parole. Ma collègue Aurélie, qui est aussi formatrice, s’en est aussi aperçue et a tenu à le rencontrer pour l’aider à s’exprimer avant qu’il n’entre en salle d’entretien car le stress pouvait lui faire perdre davantage ses moyens », relate-t-elle.

Un exercice qui a porté ses fruits. « Au moment de l’entretien, le candidat s’est merveilleusement bien débrouillé. Il a pris en considération tous les conseils d’Aurélie : technique de respiration, savoir attendre avant de prononcer ses phrases, etc. et les a mis en pratique. Son attitude positive, sa courtoisie et sa détermination ont fait très bonne impression », explique Axelle Clélie. Du coup, Myjob.mu a recommandé le candidat à son client. Celui-ci a été recruté et son employeur est très satisfait de lui. « Cette expérience nous prouve que la persévérance et la détermination d’un candidat font définitivement la différence au niveau de sa carrière », ajoute Axelle Clelie.

… dans le mauvais sens

Le colérique

Convoqué à un entretien, ce candidat s’est vite démarqué, mais pas dans le bon sens.  « Dès son arrivée, il s’est montré sur la défensive. D’ailleurs, il a refusé de remplir un formulaire et a rayé le document qu’on lui avait remis avant l’entrevue », indique Axelle Clélie. Et la situation ne s’est pas arrangée, bien au contraire. « Pendant toute la durée de l’entretien, le candidat est resté fermé aux questions. Il s’est montré désagréable, violent et menaçant dans ses paroles et ses gestes. Il a ensuite quitté la salle en claquant la porte », avance notre interlocutrice.

Le frère  « taperr »

Jessyca Joyekurrun a rencontré non seulement des bons candidats au cours de sa carrière, mais aussi les « pires ». « Outre des candidats qui étaient mal renseignés sur la société prétextant n’avoir pas eu le temps de chercher sur Internet ou n’ayant rien trouvé, il y a ceux qui sont violents et arrogants », indique-t-elle. Mais, dans ce lot de candidats peu loquaces, Jessyca Joyekurrun se souvient d’une candidate, surtout de son frère. « Le frère de cette candidate est venu m'insulter parce que la candidature de sa petite sœur n’avait pas été retenue », relate-t-elle.

Le falsificateur

C’est un candidat qui est venu pour un entretien. « Dès le départ, j’ai senti qu’il y avait quelque chose de pas clair chez cette personne. Il semblait jouer un rôle. Il était comme dans son monde à lui », explique Thierry Goder. Et le directeur d’Alentaris a bien raison. Le candidat a menti sur son CV. « Il avait été licencié pour faute grave. Or, il nous a fait croire qu’il était toujours en poste. De plus, les documents et les références qu’il nous avait remis sont des faux. Nous avons contacté son ancien employeur pour l’informer de la situation et il a été rayé de notre liste de candidats », indique notre interlocuteur.

Ces cas « spéciaux »

La candidate et son « pot de colle » de mère

La candidate qui est venue à un entretien d’embauche est bien sous tous les rapports. Elle a une bonne approche, des compétences techniques, une belle personnalité. Bref, c’est la candidate idéale à l’exception près que, lors de l’entretien, la mère de la candidate n’a pas cessé d’appeler. « Elle nous appelait à chaque fois pour nous demander si sa fille est bien venue à l’entretien car « elle a l'habitude de mentir à propos des endroits où elle se trouve ».

Puis, elle rappelait quelques minutes plus tard pour savoir si sa fille avait fini (Ndlr : l’entretien a duré une heure et 30 minutes). Au final, elle est venue la chercher à nos bureaux », se rappelle Ranjana Bholah. Pour notre interlocutrice, la mère aurait pu gâcher les opportunités de sa fille de décrocher un emploi de par son comportement. « Nous apprécions beaucoup que les parents s’intéressent à ce que font leurs enfants, mais évitez de faire des choses qui pourraient nuire à la réputation ou à l’avenir de vos enfants. Les problèmes personnels se règlent à la maison », recommande Ranjana Bholah.

Hidden Company, dites-vous !

C’est le genre de situations qu’un recruteur peut difficilement oublier. « C’est une candidate qui s’est présentée à un entretien pour un poste de télé-agent dans un centre d’appels. Nous avions masqué le nom de notre société sur le Job Board. Celle-ci apparaissait sous « Hidden Company ». Dès son arrivée, elle m’a demandé si elle était bien à la société « Hidden ». Je vous laisse deviner le résultat de l’entretien », souligne Ravish Pothegadoo.

Ces candidats qui ont su faire la différence

Une belle personnalité, une forte détermination, une soif d’apprendre, d’évoluer et de partager. Ces qualités font que certains candidats se démarquent des autres. Témoignage de trois d’entre eux.

Gilles Odillard ou la force de la détermination 

Gilles Odillard, un habitant de Roche-Brunes âgé de 60 ans, ne passe pas inaperçu lors des entretiens. D’ailleurs, les recruteurs sont impressionnés par son envie de rester actif non pas par besoin, mais par passion et volonté de transmettre ses connaissances à la nouvelle génération. Il faut dire que ce père de trois enfants compte plus de 30 ans d’expérience dans la comptabilité. Il a évolué dans plusieurs firmes et a même travaillé en freelance. Gilles Odillard se démarque aussi par sa persévérance. Quand il a perdu son emploi il y a huit ans (Ndlr : l’entreprise où il travaillait a fermé ses portes), il ne s’est pas découragé même s’il a eu des difficultés à obtenir un emploi surtout qu’il avait plus de 50 ans. « J’ai pu obtenir des petits contrats. Je m’adapte en fonction de la situation », soutient-il. Aujourd’hui, il est en quête d’un nouvel emploi. « Je veux continuer à partager ma connaissance, mon expérience et apporter le petit plus aux autres. On y gagne toujours en retour », fait-il ressortir. Une détermination qui s’avère payante car Gilles Odillard est en présence de deux propositions d’emploi. D’où son conseil : « Quel que ce soit votre âge ou votre domaine d’activité, ne baissez jamais le bras. Continuez à avancer et à frapper aux portes. Une d’entre elles finira toujours par s’ouvrir ».

Safiyah Dauhoo, la touche-à-tout

En effectuant un stage chez CareerHub.mu, Safiyah Dauhoo, une habitante de Terre-Rouge âgée de 24 ans, ne s’attendait pas à obtenir un emploi à plein temps. Devant sa personnalité, sa motivation et sa soif d’évoluer, la direction de l’entreprise n’a pas voulu se séparer d’elle. « C’est l’université où j’étudiais qui a envoyé mon nom à plusieurs entreprises afin que je puisse effectuer un stage de trois mois en vue de compléter ses études en ressources humaines. Et c’est ainsi que je me suis retrouvée chez CareerHub.mu. Cela fait presque deux ans que je travaille chez eux », souligne-t-elle. Devenue Recruitement Officer, Safiyah Dauhoo joue, toutefois, la carte de la polyvalence. Elle maîtrise le marketing, sait gérer le portefeuille des clients et s’investit même dans l’organisation des évènements. « Je me sens chez moi ici. J’évolue au sein d’une équipe jeune et dynamique qui me forme en continu. Ce qui me permet de m’épanouir professionnellement ». Pour un premier job, Safiyah Dauhoo, qui a été graduée le mois dernier, ne pouvait mieux rêver !

Laëtitia Paul : « J’ai réalisé l’objectif que je m’étais fixé »

Coup d’essai, coup de maître ! Laëtitia Paul, une habitante d’Albion, âgée de 24 ans, a réussi haut la main l’entretien pour devenir représentante commerciale réalisant du coup l’objectif qu’elle s’est fixé il y a quelques années. Aujourd’hui, cela fait un mois qu’elle assume ses nouvelles responsabilités chez Eastern Trading. « L’environnement est bon. Je me sens à l’aise et tout se passe très bien. C’est parfait ! » souligne Laëtitia Paul, qui insiste que pour progresser dans la vie, il ne jamais brûler les étapes. Il faut dire que cette habitante d’Albion a impressionné les recruteurs de par son profil et sa personnalité. « Tout s’est fait rapidement. J’apprécie aussi le fait que le recruteur ait fait le suivi du début à la fin tout en apportant son soutien », ajoute Laëtitia Paul qui possède un degré par correspondance ainsi qu’un diplôme à l’école hôtelière.

 

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