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Drogue : ces familles broyées par l’addiction

Pour les toxicomanes, la drogue est un enfer. Mais pour leurs proches, c’est un naufrage, une descente aux enfers impuissante face à la destruction d’un être cher. Fils, fille, conjoint, père ou mère, tous sont victimes collatérales de ce fléau qui détruit des vies. Témoins impuissants, ils subissent de plein fouet les effets dévastateurs de la drogue sur leur propre existence.

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Brenda et son époux menaient une vie heureuse avec leurs deux enfants jusqu’au jour où leur fils, Kevin, à peine sorti de l’adolescence, a commencé à se droguer. Cela fait maintenant une dizaine d’années qu’il est sous l’emprise de la drogue. « C’est un cauchemar que nous vivons », confie Brenda.

« En raison du harcèlement moral que j’ai subi et du fait qu’il était souvent violent, j’ai dû prendre des ordonnances de protection contre lui », explique-t-elle. Son cœur de mère est à chaque fois meurtri quand il se retrouve en prison pour avoir enfreint ce règlement, mais aussi pour des délits de drogue. Il en est à son quatrième séjour en prison, son deuxième depuis le début de l’année.

« Ce n’est pas facile ce que nous vivons », révèle Brenda, qui peine à trouver ses mots tant son fils lui en a fait voir de toutes les couleurs. Se reprenant, elle explique que depuis quelque temps, Kevin a commencé à vendre ses effets personnels pour des sommes dérisoires. Parmi, une télévision à écran plat, un Home Cinema, un jeu vidéo et un téléphone portable valant plus de Rs 25 000 acheté à crédit, que ses parents doivent rembourser même s’ils ne sont plus en leur possession. « Sa chambre s’est vidée graduellement. Il ne lui reste que son lit et son armoire endommagée, car il se défoule souvent dessus quand il n’arrive pas à obtenir ce qu’il veut, ou quand il est nerveux », raconte Brenda.

Si la perte de toutes ces choses matérielles l’attriste, ce qui la brise, c’est le harcèlement moral qu’elle subit quand son fils a besoin d’argent. Parfois, cela peut commencer dès son réveil le matin et se poursuivre sur son lieu de travail. « La police a dû intervenir plusieurs fois chez moi pour lui donner des avertissements, mais cela n’a rien changé. »

À quoi cela sert-il de vivre si c’est pour se retrouver dans une telle situation et ne pas pouvoir profiter de la vie…»

Brenda observe que même la prison ne semble pas suffisamment dissuasive pour son fils, qui garde la même attitude à son retour chez ses parents, après avoir purgé sa peine. « Alors qu’on pensait que cela allait l’aider à réfléchir, ce n’est pas le cas. Il semble avoir la possibilité de mener le même train de vie. Et au lieu de s’améliorer, son attitude est pire qu’avant son séjour. » 

Après que Kevin a été incarcéré un peu plus de deux mois, Brenda a dû prendre une ordonnance de restriction une dizaine de jours après son retour à la maison. Finalement, la police l’a cueilli une nouvelle fois au bout de quelques semaines, car son attitude n’avait pas changé d’un iota. « Je commence à croire qu’il fait tout pour nous provoquer afin de retourner en prison. À croire qu’il ne manque de rien là-bas : de la drogue, la possibilité de visionner des films et d’avoir accès à un téléphone portable », déclare-t-elle. Ce qui lui fait dire que la prison est loin d’être une « punition » pour les détenus qui semble avoir tout à leur disposition sans le moindre effort.

Son époux et elle, poursuit Brenda, ont tout fait pour essayer de l’aider. « Nous avons commencé à chercher le soutien d’un psychologue. Puis, cela a été l’hôpital Brown-Séquard où il a été interné cinq fois en 10 ans, mais sans résultat probant. Il en est de même pour les centres de réhabilitation. » 

Entre les bagarres, les menaces verbales et physiques ainsi que le manque de respect envers eux et sa sœur, Brenda avoue qu’elle est à bout de nerfs quand son fils est à la maison. « Je crains qu’il nous agresse ou que son père finisse par le blesser un jour. À plusieurs reprises, ils en sont venus aux mains et le pire aurait pu arriver tellement son père est en colère par son attitude et le fait qu’il refuse d’entendre raison, et par ses provocations », dit-elle.

Même si tout le monde est « plus tranquille » depuis que Kevin n’est pas à la maison, Brenda ne peut s’empêcher d’être triste. « Nous sommes en colère certes, mais c’est tout de même mon fils, je ne peux pas ne pas l’aimer. » Elle ajoute qu’en dépit des discussions entre père et fils, son époux n’est pas ravi qu’il soit incarcéré et s’est « éloigné » d’elle à cause de cela. Brenda souligne cependant que c’est elle qui subit le plus le harcèlement de leur fils et qu’elle a également le devoir de protéger sa fille qui est également affectée par cette situation.

« Quel choix aurais-je pu faire à l’égard d’un enfant qui refuse d’entendre raison et qui passe son temps à nous miner la vie ? » demande-t-elle. Aucun membre de la famille n’est en paix quand il est à la maison. « Nous ne fonctionnons pas normalement quand il est là. La maison est invivable. »

Lasse de cette situation, elle a songé plusieurs fois à mettre fin à ses jours, car elle est découragée par l’enfer qu’elle doit vivre à chaque fois que Kevin est à la maison. « Nous ne savons pas s’il pourra s’en sortir un jour. À quoi cela sert-il de vivre si c’est pour se retrouver dans une telle situation et ne pas pouvoir profiter de la vie », regrette Brenda.

Les mères victimes de la drogue font entendre leurs voix

Les parents des victimes de la drogue témoigneront à visage découvert ce dimanche 23 juin, au collège Lorette de Rose-Hill, lors de la journée de réflexion et de partage organisée par Le Groupe A de Cassis et Solidarité Espoir et Libération (SEL), qui les réunit à Lacaz A. « La drog, souffrans mama », tel est le thème retenu pour cette journée, dans le cadre de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, observée le 26 juin.

Pouba Essoo, une des volontaires, explique que les mamans vont témoigner des atrocités qu’elles endurent depuis que leur enfant est sous l’emprise de la drogue. « Ce n’est pas normal qu’elles restent dans le silence et qu’elles soient stigmatisées par la société, qui les regarde comme des coupables alors qu’elles sont des victimes », dit-elle. C’est ainsi qu’avec plusieurs volontaires, ce projet de témoignages a été élaboré afin qu’elles puissent faire entendre leurs voix.

Les parlementaires de tous les bords politiques ont été invités à être présents afin d’entendre ce qu’elles ont à dire. « Souvent, les politiciens prennent des décisions sans connaître la réalité et adoptent des mesures qui ne correspondent pas aux attentes et aux besoins des familles », ajoute-t-elle.

Cette rencontre vise aussi à créer une solidarité envers elles, mais aussi à plaider en leur faveur. Une série de demandes sera présentée au cours de la rencontre.

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