
Le virus ne disparaît pas, mais il change de statut. Selon le virologue Shameem Jaumdally, la COVID-19 est désormais une maladie endémique, comparable à la grippe. Le Dr Fazil Khodabocus et lui se veulent rassurants : malgré l’émergence du variant NB.1.8.1, la situation reste stable. Mais la vigilance reste de mise pour les plus vulnérables.
Publicité
Une page se tourne sur l’ère pandémique. Ce constat du Dr Shameem Jaumdally, virologue, confirme ce que beaucoup pressentaient : l’humanité a franchi un seuil critique dans sa cohabitation avec la COVID-19. « Le monde est désormais entré dans une phase d’endémicité de la COVID-19 », indique-t-il
Qu’est-ce que cela signifie ? Que la COVID-19, qui était auparavant une pandémie (une épidémie mondiale et imprévisible avec de grandes vagues de cas), est désormais considérée comme une maladie constamment présente dans la population, mais avec une propagation plus stable et prévisible, similaire à d’autres maladies comme la grippe saisonnière.
Le Dr Shameem Jaumdally est ainsi d’avis que la situation ne devrait pas susciter d’inquiétudes excessives pour la majorité de la population.
Trois critères pour surveiller l’évolution virale
Cependant, une vigilance accrue reste impérative pour les personnes âgées ou celles présentant des comorbidités telles que le cancer ou les pathologies cardiovasculaires. « Elles sont plus susceptibles de développer des formes sévères de la maladie, ce qui peut être fatal dans leur cas », avertit-il.
Le Dr Jaumdally indique que trois critères permettent de suivre l’évolution de la COVID-19. Le premier est l’émergence de sous-variants. « C’est un processus naturel tant que le virus circule et que des personnes continuent à être infectées », dit-il.
Le virologue précise que si ces sous-variants sont souvent plus transmissibles que leurs prédécesseurs, c’est en raison d’une immunité populationnelle affaiblie lors de leur apparition. Toutefois, souligne-t-il, « en ce qui concerne le taux de transmission, il n’y a pas de grande différence entre les variants émergents ».
Le deuxième critère est la virulence. Sur ce point, le virologue se veut rassurant : « Rien n’indique que les nouveaux sous-variants sont plus sévères. Tout est stable. » Cette stabilité s’expliquerait par l’immunité collective acquise depuis l’éclatement de la pandémie. « La majorité des personnes dans le monde a été infectée au moins une fois et a reçu une voire plusieurs doses de vaccin. Cette mémoire immunitaire nous protège des symptômes graves, même en cas d’infection par un sous-variant », dit-il.
Selon le Dr Jaumdally, cette immunité collective pourrait durer « au moins une décennie ». Cette durabilité dépend toutefois du maintien de systèmes immunitaires solides chez les individus. De plus, l’exposition continue au virus, dans un contexte endémique, contribuerait à consolider cette mémoire immunologique. Un mécanisme naturel de renforcement se met ainsi en place.
Craintes suscitées par le variant NB.1.8.1
Pour ce qui est des craintes suscitées par le variant NB.1.8.1, le virologue les attribue à des expériences personnelles douloureuses. « Ceux qui ont été directement touchés par la maladie ou qui ont perdu un proche resteront marqués. Ils auront toujours des appréhensions quand de nouveaux variants seront évoqués. »
Néanmoins, la réalité scientifique se veut rassurante, selon le virologue : « Tous les paramètres sont stabilisés ; que ce soit en termes de transmissibilité, de virulence ou d’immunité. » Il écarte catégoriquement un retour au chaos de 2020. Un tel scénario ne serait envisageable, selon lui, qu’avec l’émergence d’un virus entièrement différent, issu d’un réservoir animal.
Pour étayer son analyse, le Dr Jaumdally établit un parallèle révélateur avec l’influenza. « Il y a actuellement plus de personnes hospitalisées ou décédées à cause de l’influenza que de la COVID-19. C’est un autre indicateur que nous sommes bel et bien dans une phase endémique. »
Le Dr Fazil Khodabocus, directeur par intérim (p. i.) des services de santé, abonde dans son sens. Il précise que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe le variant NB.1.8.1 sous la catégorie « sous surveillance ». « Cela signifie que dans les pays où il circule, il ne s’est pas montré plus sévère que d’autres variants comme le LP.8.1 », explique-t-il.
À Maurice, aucun cas de ce variant n’a été détecté pour l’instant. Cependant, les résultats du séquençage d’une quarantaine d’échantillons sont attendus avec attention. Le Dr Khodabocus rappelle cette réalité incontournable : « Par nature, les virus mutent continuellement. » Du coup, dit-il, la probabilité d’en détecter à Maurice est bien réelle, surtout en l’absence de restrictions de voyage.
Il insiste cependant sur la nécessité de rester vigilant. « Ce n’est pas parce qu’il n’est pas plus sévère qu’il faut baisser la garde. À Maurice, de nombreuses personnes souffrent de comorbidités qui affaiblissent leur immunité. Elles sont donc à risque », prévient-il. Il conseille à toute personne présentant des symptômes ou un état de santé dégradé de consulter rapidement un médecin. Un diagnostic et un traitement appropriés restent essentiels.
Surveillance des infections respiratoires
Le directeur p. i. des services de santé indique que parallèlement, les infections respiratoires font l’objet d’un « monitoring » rigoureux. Une augmentation notable du nombre de cas a été récemment observée. Les chiffres sont passés de 3 726 à 4 065 en une semaine. « Plusieurs virus circulent actuellement : adénovirus, rhinovirus... », énumère le spécialiste. « C’est la saison de la grippe. Il faut donc rester prudent et ne pas banaliser les symptômes. »
En ce qui concerne la vaccination contre la COVID-19, le Dr Khodabocus précise qu’aucune nouvelle campagne n’a été officiellement décidée. Mais il recommande fortement aux personnes vulnérables de se faire vacciner contre la grippe. « Une double infection par la grippe et la COVID-19 peut entraîner des complications plus graves en raison de la baisse de l’immunité », fait-il remarquer.
Son message est clair : « La COVID-19 est là pour rester, pour un temps indéfini. » Une réalité qui s’apparente à l’évolution du virus AH1N1, devenu une grippe saisonnière ordinaire. Il rappelle qu’environ 80 % de la population a été vaccinée contre la COVID-19.
Cette couverture contribue à maintenir une immunité collective certaine, bien qu’elle s’amenuise avec le temps. « Donc, peu importe le variant qui circule, il ne faut pas banaliser la COVID-19. Le respect des gestes barrières demeure notre meilleure protection », dit-il.
Dr Anne Ancia, représentante de l’OMS à Maurice : «Pas lieu de s’inquiéter du variant NB.1.8.1 pour le moment»
La représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice, le Dr Anne Ancia, se veut rassurante concernant le variant NB.1.8.1, nouvelle souche virale de la COVID-19. « Je ne pense pas qu’il faille s’inquiéter outre mesure du variant NB.1.8.1, car la majorité de la population mauricienne a acquis une immunité collective contre la COVID-19 », affirme-t-elle. Elle indique que l’organisation onusienne scrute minutieusement l’impact potentiel du variant NB.1.8.1 sur la morbidité et la mortalité mondiales. « Il est encore trop tôt pour se prononcer », souligne-t-elle. « L’OMS n’a pas encore lancé d’alerte pour le moment, même si nous sommes en saison hivernale et que le risque d’infections respiratoires aiguës dues à divers virus est plus élevé. »
Le Dr Ancia tient à souligner que ce n’est pas uniquement la vaccination qui protège la population, mais aussi le fait qu’un pourcentage important de Mauriciens a été infecté au moins une fois par le virus. « Cela nous a permis d’acquérir un haut niveau d’immunité, ce qui a renforcé notre système de défense », dit-elle.
Elle réitère les directives inchangées de l’OMS concernant les populations à risque. Les personnes immunodéficientes et celles présentant des fragilités de santé doivent se faire vacciner au moins une fois par an.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !