On ne présente plus le Dr Michael Atchia au sein de l'Éducation nationale. Son nom est associé à la pédagogie environnementale. Il est un de ces illustres fils du sol. Scientifique de renom, il a laissé son empreinte dans divers sphères de la société mauricienne. Rencontre avec un homme hors du commun.
On se rencontre à sa demeure dans le village de Melrose, dans l'est du pays. La localité est connue pour abriter la nouvelle prison d'État, mais moins bien connu est le jardin botanique – une de ses initiatives – qui longe la route principale. L'atmosphère humide prête aux confidences. Là, sur sa véranda entouré de ses chiens, le Dr Michael Atchia revient sur sa vie. Son épouse Paula se fait discrète, laissant à son mari le soin de faire parler ses souvenirs.
Michael Atchia a été un pionner de la pédagogie environnementale. Il a longtemps milité pour une éducation qui permet le développement holistique de l'enfant en diapason avec la trop grande importance accordée à la compétition purement académique. Pionnier, il l'a été toute sa vie. Il nous ouvre sa collection de coupures de presse, qu'il a soigneusement compilée au fil des années. Des livres pédagogique, il en compte une vingtaine. Il est un des précurseurs du développement durable et de la responsabilité environnementale des entreprises.
Innovateur dans l'âme, il doit sa première percée en 1977, lorsqu'il publie une recherche dans un journal scientifique sur la programmation informatique. « Il m'est arrivé, lors de mes recherches, de découvrir que l'on pouvait créer des graphiques. Le choix m'était offert par mon chargé de cours, publier de ma trouvaille ou de la breveter. Vu le coût exorbitant du brevet, j'ai choisi la publication », dit-il.
Militant écologique
Rentré à Maurice après ses études, il rejoint le mouvement Action civique. Chose impensable de nos jours mais possible dans le temps, le 16 octobre 1981 alors qu'il était enseignant au QEC, il envoie un télégramme au Premier ministre d'alors, sir Seewoosagur Ramgoolam, le sommant de rentrer au pays. (Voir photo)[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"19352","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-33287","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"920","alt":"Coupure de presse du t\u00e9l\u00e9gramme qu"}}]] Coupure de presse du télégramme qu'il avait envoyé à sir Seewoosagur Ramgoolam demandant à ce dernier de rentrer au pays.<
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Ce télégramme sera relayé dans trois quotidiens de l'époque qui le reproduisent à la Une. Le chef du gouvernement rentre au pays. Cependant, aucune sanction disciplinaire ou vendetta n'est organisée contre l'enseignant. Lors d'une rencontre, SSR dira même sur un ton badin à Michael Atchia : « To fer dominer ar mwa ! »
Le pédagogue est aussi un fervent militant anti-nucléaire. Pourtant, Maurice de par son éloignement géographique est à l'abri des guerres nucléaires, on lui lance. « C'est vrai. Mais les retombées d'une catastrophe nucléaire nous affecteront », dit-il. Son militantisme écologique l'amène à prendre des risques, comme le 9 novembre 1981 alors qu'il travaille aux Nations unies. Il déclare au journal allemand Neue Zeit : « L'Allemagne de l’Est (alors communiste) est polluée à tel point que l'eau courante n'est même pas potable. »
Son engagement dans l'éducation le conduira, en 1982, au Zimbabwe fraîchement libéré du colonialisme britannique par Robert Mugabe. Le nouveau président demande à Michael Atchia de revoir son système éducatif. « L'enseignement n'apprenaient aux Zimbabwéens rien de leur histoire, la pédagogie était centrée sur la Grande-Bretagne », raconte le Dr Atchia. C'est ainsi qu'il fait le va-et-vient entre Maurice et le Zimbabwe pendant deux ans. Un beau jour, le ministre de l'Éducation du Zimbabwe lui demande de trouver des enseignants mauriciens. Son île natale fait, à l'époque, face à une crise du chômage. Les 200 postes sont vite remplis.
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Après sa riche carrière dans l'éducation, le Dr Atchia prend sa retraite en 1997. Mais elle sera de courte durée, car quelques temps après, le Diocèse de Port-Louis prend contacte avec lui. Mgr Maurice Piat lui demande de prendre la direction du Bureau de l'éducation catholique (BEC). Le pédagogue ne peut refuser de se mettre au service de l'Église et passera sept ans à la tête du BEC. « La croyance en Dieu n'est pas incompatible avec ma formation de scientifique. Même pas avec l'évolution des espèces Darwinien, Dieu peut être derrière tout », dit-il
Presque 20 ans après son départ à la retraite, le Dr Atchia reste un homme très actif sur le terrain, contribuant régulièrement aux débats sur l'évolution de l'éducation nationale.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !