Dr Bhavna Tohooloo-Jhummon, diabétologue : «Le rajeunissement et la hausse du diabète de grossesse sont notés»

diabète

850 femmes ont eu le diabète pendant leur grossesse en 2016.

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Ce chiffre est en hausse, selon les indications du ministère de la Santé. En sus de cela, il y a un rajeunissement des cas, observe le Dr Bhavna Tohooloo-Jhummon, diabétologue et endocrinologue à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo.

Dr Bhavna Tohooloo-Jhummon.

« Il y a plusieurs scénarios après l’accouchement. Une femme qui développe le diabète pendant la grossesse est à risque d’avoir le diabète du type II par la suite. Il y a aussi la possibilité que le diabète disparaisse après l’accouchement »

Le diabète de grossesse ou diabète gestationnel survient au sixième ou septième mois de gestation. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela : les changements hormonaux qui surviennent pendant la grossesse, mais aussi la mauvaise alimentation et la sédentarité et l’âge de la femme au moment de la conception. C’est ce qu’explique le Dr Bhavna Tohooloo-Jhummon, diabétologue et endocrinologue à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo.

« Auparavant, les femmes à partir de 35 ans avaient le plus de risque d’avoir le diabète de grossesse. Mais actuellement nous constatons qu’il y a un rajeunissement des cas. Une femme dans la vingtaine peut désormais avoir le diabète gestationnel », note-t-elle.

Elle ajoute qu’une jeune femme qui espère fonder une famille n’est pas à l’abri du diabète de type II, si elle ne prend pas les précautions nécessaires. L’alimentation et le poids sont à prendre en considération, avant de concevoir, du fait que la grossesse va lui faire prendre encore quelques kilos.

Si dans de nombreux cas, ce type de diabète peut disparaître après l’accouchement, 50 % des femmes qui ont eu le diabète gestationnel développent le diabète de type II au bout de cinq à dix ans, après leur accouchement.

« Il y a plusieurs scénarios après l’accouchement. Une femme qui développe le diabète pendant la grossesse est à risque d’avoir le diabète du type II par la suite. Il y a aussi la possibilité que le diabète disparaisse après l’accouchement. Mais, par la suite, elle est potentiellement à risque pour développer à nouveau le diabète gestationnel, lors d’une prochaine grossesse », explique-t-elle. Afin d’éviter ce scénario, une bonne hygiène de vie est primordiale.

Une des conséquences du diabète pendant la grossesse est le risque d’accoucher d’un bébé de plus de 4 kg. Cela peut entraîner plusieurs complications tant pour la maman que pour le bébé. « Une femme qui porte un gros bébé aura des difficultés à accoucher par voie basse. Le bébé risque de subir des traumas avec les instruments pendant l’accouchement. Une césarienne peut s’avérer nécessaire », fait-elle ressortir.

À la naissance, le bébé peut avoir des complications respiratoires, développer une hypoglycémie, après avoir été exposé à un environnement sucré dans le ventre de sa maman. Il peut également développer la jaunisse. L’enfant en grandissant peut devenir obèse ou développer le diabète du type II assez tôt.

Selon le Dr Tohooloo-Jhummon, 6 à 10 % des femmes sont touchées par le diabète gestationnel. La cause majeure est la consommation d’aliments riches en glucides. La diabétologue observe également que nombreuses sont les femmes qui consomment des boissons gazeuses, des fritures, des fast foods et des aliments sucrés.

Seule une modification de leur alimentation leur permettra de stabiliser leur taux de sucre. Cela est fait avec le soutien d’une nutritionniste qui leur explique comment avoir un repas équilibré sans trop bouleverser leurs habitudes.


Éduquer et sensibiliser le public sur le diabète

La prévalence du diabète à Maurice est inquiétante, selon le ministère de la Santé. Plusieurs actions sont mises en œuvre, afin d’éduquer et sensibiliser la population sur ce problème de santé publique.

Selon la dernière étude sur les maladies non transmissibles à Maurice, dont le rapport a été publié en 2015, la prévalence du diabète s’est « stabilisée », en comparaison avec les données enregistrées en 2009.

Mais le ministère de la Santé ne compte pas dormir sur ses lauriers et il multiplie les campagnes d’éducation et de sensibilisation à l’intention du public. Objectif : l’inciter à adopter un mode de vie sain, afin de prévenir les maladies non transmissibles (MNT). C'est ce qu'explique le Chief Health Promotion and Research Coordinator Sudhir Kowlessur.
Plusieurs activités sont menées par cette unité du ministère de la Santé à travers l’île, dans le cadre du National Service Framework for Diabetes. « C’est un plan de dix ans avec quatorze provisions », dit-il. Il comprend le recensement du nombre de personnes atteintes du diabète de Type I et II, les traitements médicaux dont ils ont besoin, le diabète gestationnel et la gestion des complications.

Ces provisions comprennent aussi des recherches par cette unité, selon les recommandations de diverses agences dont l’Organisation mondiale de la santé. Des actions sont menées au sein de la communauté, sur les lieux de travail et dans les collèges.

Les derniers relevés sur les MNT indiquent que la prévalence du diabète était de 22,8 % chez les 25 à 74 ans et que la prévalence de prédiabétiques était de 19,4 %.


Planification

Avant de procréer, il est conseillé de bien vérifier son poids et de s’assurer d’être en bonne santé. Les femmes qui envisagent de fonder une famille peuvent visiter le centre de santé le plus proche de leur domicile, afin de faire un bilan de santé. Cela est recommandé à celles qui ont des antécédents familiaux ou qui ont des frères ou des sœurs qui ont développé le diabète assez tôt.

Les personnes qui sont en surpoids sont à risque. Les personnes qui ont déjà eu le diabète de grossesse précédemment ou qui ont accouché d’un gros bébé le sont aussi. Il est conseillé aux femmes qui ont eu un diabète gestationnel de faire un suivi médical après l’accouchement. Le risque de complications et de malformation est élevé pour le bébé, si la maman est diabétique.


Bonne préparation

Le diabète de grossesse n’est pas une contre-indication pour l’allaitement maternel. C’est mieux d’allaiter son bébé, car cela permet de réduire le poids. C’est bénéfique tant pour la maman que pour le bébé. Le poids du bébé sera mieux stabilisé à travers l’allaitement maternel, car c’est un aliment complet. Le lait maternel va l’aider à combattre les infections et à mieux développer son système immunitaire.

Les femmes qui sont atteintes du diabète de type I doivent impérativement préparer leur grossesse, afin de minimiser les risques de complications. Elles doivent avant tout suivre des traitements pour qu’avant la gestation leur taux de glycémie ou le taux de sucre dans le sang soit correct. Un suivi médical est aussi recommandé.

  • LDMG

 

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