Elle est Mauricienne et âgée de 61 ans. Mais pour l’Etat, elle n’existe pas ! De plus, elle ne peut prétendre à aucune pension ou autre allocation. Pour la simple raison qu’une autre personne porte le même nom et possède le même numéro de carte d’identité.
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Le parcours de Joyce (prénom fictif), 61 ans, est digne d’un feuilleton. Elle est née en 1956. Trois jours après, elle est abandonnée par ses parents devant la porte de la Cathédrale de Port-Louis. Les religieuses, qui la découvrent, la placent dans un couvent à Rose-Belle. Elle y reste jusqu’à ses six ans avant d’être transférée dans un autre couvent de la paroisse de St-François d’Assise à la rue Edith-Cavell jusqu’à son mariage.
Le 10 février 1979, Joyce quitte pour la première fois le couvent. Elle a 23 ans et elle va épouser civilement un veuf de 30 ans son ainé. Il faut savoir qu’à cette époque, les jeunes filles, ayant atteint leur majorité au couvent, n’ont pas le droit de refuser une demande en mariage ! C’est une façon pour les sœurs de leur trouver un foyer…
Joyce raconte : « Même si je ne connaissais pas mon futur époux, j’ai dit ‘Dieu merci’, il m’a rendue heureuse et nous avons eu deux enfants. » Malgré cette nouvelle tournure de sa vie, des questions continuent à la tarauder. Qui sont ses parents, où sont-ils, que sont-ils devenus ? Elle ne possède que son acte de naissance, remis par les religieuses à son départ du couvent. Il ne contient que le nom de sa mère et fait mention d’une sœur jumelle… Elle fait une demande pour une carte d’identité sans aucun problème.
Ne sachant comment faire pour retrouver ses parents biologiques, Joyce se concentre sur sa vie conjugale. En 2006, son époux décède et elle bénéficie d’une pension de veuve jusqu’a 2012. Puis, sa vie bascule. Elle reçoit une lettre du bureau de la Sécurité Sociale. Elle est informée que sa pension est suspendue du fait qu’une autre personne porte son nom et possède une carte d’identité similaire à la sienne.
Un affidavit de Rs 25 000
Pour l’Etat civil, elle n’existe pas. Tout simplement ! « Je me suis mariée avec cette carte, je porte le nom de mon époux, et nous avons déclaré nos deux enfants à l’Etat civil et on vient me dire que je n’existe pas ?, s’offusque Joyce. Je suis allée à l’Etat civil, j’ai juré un affidavit au coût de Rs 25 000. Qui suis-je alors ? Un fantôme ? »
Cela fait cinq ans que son calvaire dure. La Sécurité sociale persiste à lui dire qu’elle ne sera pas éligible tant que l’Etat civil ne change pas le numéro qui figure sur son acte de naissance et qu’elle ne pourra toucher aucune pension, notamment la pension de ‘vieillesse’. C’est le cercle vicieux ! En effet, dans une lette en date du 21 avril 2017, on l’a informé qu’elle doit faire un nouvel affidavit puisque son ancien acte de naissance porte le même numéro, soit 429 -1956, que celui utilisée par une autre personne. (The said birth certificate pertains to another person who is drawing Retirement Pension. You are thus requested to swear a fresh affidavit without reference to that birth certificate and forward it through the Social Security Office.)
Le plus dur, dit Joyce, c’est qu’elle ne peut même pas se faire une nouvelle carte d’identité et par extension, elle ne perçoit aucune allocation de l’Etat. Du côté du ministère de la Sécurité sociale, on nous laisse entendre que le cas de Joyce est pris en considération afin d’y trouver une solution rapidement.
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