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Discussions gouvernement/syndicats - Nando Bodha : «Le métro ne fera pas de perdants»

Les grèves sont mises en veilleuse, le temps des discussions.

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Les syndicats et le gouvernement ont engagé des pourparlers, le jeudi 24 août, au ministère des Infrastructures publiques. Celui-ci assure que « ce projet ne fera pas de perdant ».

Le métro profitera aux compagnies de transport. Propos du ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha. Le système de feeder augmentera les revenus des compagnies à travers une hausse du ratio tarif/kilomètre. Le ministre a exposé tout le système dans le but de rassurer les syndicats du transport, rencontrés hier.

Nando Bodha met l’accent sur les villes de Port-Louis et Beau-Bassin/Rose-Hill. Le système intra-urbain de la capitale nécessitera douze autobus qui circuleront sur des bus lanes dans les rues principales (Desforges, John Kennedy, Pope Hennessy). Idem pour l’axe Ebène-Beau-Bassin/Rose-Hill, où douze autobus seront aussi requis. La United Bus Service assurera le transport intra-urbain de Port-Louis et la Rose-Hill Transport celui de l’axe Ebène- Beau-Bassin/Rose-Hill.

Le pays compte 252 lignes. 39 d’entre elles seront affectées par le métro, soit 200 autobus. Le système de feeder en absorbera une quarantaine qui desserviront les gares de métro chaque cinq minutes. «Les horaires corroboreront avec ceux du métro», dit le ministre. Les autobus seront repartis sur de nouvelles lignes, situées sur de nouvelles routes en construction  : La Vigie-La Marie-Henrietta-Beaux-Songes et entre Rose-Hill et Flic-en-Flac. 25 autobus de la Corporation Nationale de Transport (CNT) seront affectés au nord et au sud de l’île pour y améliorer le service.

La garantie du ministre 

Quatre syndicats participaient à la réunion le jeudi 24 août : la Union of Bus Industry Workers (UBIW), la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP), la National Transport Corporation Workers Power Union (CNTPWU) et la Union Joint Panel. Nando Bodha ne veut pas assumer seul l’institution d’un accord tripartite avec les syndicats.

Il a indiqué qu’il abordera le sujet au Conseil des ministres. Il rencontrera les patrons des compagnies du transport dans 15 jours ; et les représentants des travailleurs d’ici un mois. La date sera communiquée aux syndicats, ce vendredi.

« Les receveurs demeureront malgré l’introduction de la carte de paiement », soutient le ministre. «  Il y aura de nouvelles possibilités d’emploi. Ceux du secteur pourront être engagés dans le métro qui aura besoin de 250 personnes. Un chauffeur de bus pourra conduire le métro après trois mois de formation.  »

Toutefois, la présence d’Adrien Duval, d’Assad Peeroo et de Khushal Lobine, les avocats de l’UJP, n’a pas été appréciée par des syndicalistes dont Ashok Subron et Reaz Chuttoo.

Les opérateurs privés, les grands gagnants

« Un feeder roulera moins pour gagner plus», assurait Nando Bodha lors du point de presse tenu après sa rencontre avec les syndicats du transport. « Les compagnies d’autobus opérant sur le couloir Port-Louis-Curepipe seront réorientées vers des lignes de rabattement qui rapporteront plus par kilomètre, comparées aux routes plus longues. »

La Rose Hill Transport (RHT) se chargera du rabattement dans la région d’Ebène, la United Bus Service (UBS) aura celui de l’intérieur de la capitale. Avec le tarif actuel de Rs 36 sur 27 kilomètres, un passager paie Re 1,50 par kilomètre, alors qu’en voyageant sur quatre kilomètres pour un ticket de Rs 15, les passagers paieront Rs 5 le kilomètre.

Malgré le ton ministériel affirmatif, les opérateurs se montrent prudents. Swaleh Ramjane, directeur de l’UBS, ne veut pas commenter l’augmentation potentielle des revenus en se convertissant en rabatteurs. Sidharth Sharma, patron de RHT, confie que la compagnie a retenu les services d’un consultant sud-africain pour évaluer l’impact du métro léger sur ses lignes.

« Nous n’avons pas estimé l’impact, déclare le CEO de RHT. Nous avons sollicité une compagnie étrangère pour faire les analyses nécessaires et soumettre un rapport chiffré. Sans ce rapport, il sera difficile d’estimer l’impact du métro sur nos opérations. »

Le consultant sud-africain soumettra son rapport en octobre prochain. « Cela nous permettra de planifier l’exploitation de ces lignes de manière viable », dit-il.

Koshik Reesaul, commissaire de la National Transport Authority (NTA), souligne que les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît. « Il faudra attendre les horaires de l’opérateur du métro pour planifier la réorganisation des routes. C’est en fonction de cela que l’on pourra revoir la structure des tarifs.» Selon le commissaire, il faut avoir les détails des heures d’arrivée des trains à chaque gare pour prévoir les navettes et dans quels intervalles. Le travail de consultation avec les opérateurs vient de démarrer.

Alan Ganoo : « On déracine les habitants de La Butte »

Le président du Mouvement patriotique déplore le manque de dialogue entre les autorités et les familles directement concernées par le projet Metro Express. Allusion faite au relogement et à la compensation de ces familles dans le sillage de l’arrivée du nouveau mode de transport en commun.

Face à la presse le jeudi 24 août, Alan Ganoo a parlé des conséquences de l’action gouvernementale : « Quand le gouvernement déracine des habitants de leur quartier, cela ne fait pas honneur à la démocratie, » dit-il.

Pour le député de la circonscription no. 14, Savanne/Rivière-Noire, les propriétaires de maisons dans la région de La Butte sont désormais devenus des squatters. Il estime que la Land Acquisition Act doit être revue. « Cette loi donne trop de pouvoirs au gouvernement. »

Autres sujets abordés : le meurtre de la Sud-Africaine Lara Rijs et le souhait du Premier ministre de déposer devant la Commission d’enquête sur la drogue, suite aux allégations de Peroomal Veeren.

Réaction des syndicalistes

  • Ashok Subron, de la UBIW : « Nous maintenons une assemblée pour le 28 septembre. Nous verrons ce que dira le ministre, nous n’écartons pas la possibilité d’une action syndicale. Nando Bodha n’a pas consulté les travailleurs. Nous n’hésiterons pas à nous battre, comme nous l’avions fait dans le passé. »
  • Kaviraj Bokhoree, représentant légal de la NTCPWU : « Chapeau au ministre. Il s’est engagé à rencontrer les travailleurs d’ici deux semaines. Nous avons soumis nos propositions : les travailleurs de la CNT devront être régis par le Pay Research Bureau (PRB). Pourquoi ne pas suspendre le projet en attendant de consulter les travailleurs et conclure un accord ? La menace de grève du transport reste en vigueur. Il fallait consulter les travailleurs avant d’initier ce projet. »
  • Gessika Frivet, de l’UJP: « Le ministre n’a pas mandat pour signer un accord avec nous. Il devra soumettre ses propositions par écrit et nous rencontrera d’ici un mois. Le combat se poursuit, nous exhortons les travailleurs à rester mobilisés. Nous n’attendrons pas indéfiniment ces propositions. Notre menace de grève est maintenue. »
  • Khushal Lobine, représentant légal de l’UJP : « Nous avons assisté l’UJP dans ses démarches. Nous avons soumis un mémoire et avons réclamé des chiffres et des rapports techniques. Nous voulons une copie de l’accord conclu avec l’Inde et le contrat de Larsen Toubro. Nous voulons un accord, un document légal du gouvernement. Une grève générale a été mise en veilleuse, nous souhaitons un accord au plus tôt. »
  • Reaz Chuttoo, de la CTSP : « Nous avons mis l’accent sur la réforme dans le secteur. Nous voulons un plan global de ces réformes. Je déplore la présence d’avocats étroitement liés au Parti travailliste et au Parti mauricien social-démocrate (PMSD) qui tentent de capitaliser sur le malheur des travailleurs. Nous ne voulons pas de ces opportunistes aux prochaines réunions. »
 

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